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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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brutalement ?
    — Je suppose que les soldats d’Ahuizotl frappent toujours
brutalement.
    — Quoi ?
    — J’ai d’abord cru que les quatre gardes du palais venaient pour
moi, à cause de ce que j’ai fait à Chimali. Mais ils m’ont écarté et ont fondu
sur Gourmand de Sang. Il avait son macquauitl, comme toujours, aussi il ne
s’est pas rendu sans combattre et trois des quatre soldats sont partis en
saignant abondamment. Malheureusement, il a été transpercé par un coup de
lance. »
    Tout s’éclairait. Ahuizotl m’avait promis de faire exécuter un
quelconque individu à ma place. Son choix était certainement déjà fait quand il
m’en avait parlé. Il avait jadis déclaré que Gourmand de Sang était trop vieux
pour jouer un autre rôle que celui de nourrice dans mes expéditions
commerciales et il avait aussi dit que tout le monde devrait savoir que ses
menaces n’étaient jamais vaines. Je faisais partie de ce « tout le
monde ». Je m’étais félicité d’avoir échappé au châtiment et j’avais fêté
l’événement en folâtrant avec Zyanya au moment même où s’accomplissait ce qui
n’avait pas pour unique but de m’horrifier et de me peiner, mais aussi de
m’ôter toutes les illusions que j’aurais pu entretenir sur mon propre compte,
afin de me mettre en garde de ne jamais aller à rencontre de la volonté de
l’implacable despote qu’était Ahuizotl.
    « Il vous lègue sa maison et tous ses biens, mon garçon »,
dit une voix. C’était le prêtre qui venait d’apparaître sur le seuil et qui
s’adressait à Cozcatl.
    « J’ai enregistré son testament et je me porte garant de son
exécution. »
    Je le bousculai et courus vers la pièce du fond. Les murs, qu’on
n’avait pas eu le temps de chauler, étaient éclaboussés de sang et la paillasse
de mon vieil ami en était complètement inondée ; pourtant je ne voyais
aucune blessure. Il n’avait que son pagne et il était étendu sur le ventre. Les
yeux fermés, il tourna vers moi sa tête grisonnante.
    Je me jetai à terre près de lui, sans me soucier du sang répandu et je
lui dis d’une voix pressante : « Maître quachic, c’est votre élève
Perdu dans le Brouillard. »
    Il ouvrit lentement les yeux, puis en referma rapidement un dans un
clin d’œil accompagné d’un pauvre sourire. Je vis alors sur lui les stigmates
de la mort : son regard si perçant avait pris une couleur de cendre et son
nez charnu avait maintenant l’épaisseur d’une lame de couteau.
    « Je suis désolé, sanglotai-je.
    — Il ne faut pas, me répondit-il avec beaucoup de difficulté. Je
meurs en combattant. Il existe des fins bien pires et elles m’ont été
épargnées. Je vous souhaite… une aussi belle mort. Adieu, jeune Mixtli.
    — Attendez ! criai-je, comme s’il était possible de retarder
la mort. C’est Ahuizotl qui l’a voulu parce que j’ai vaincu Chimali. Pourtant
vous n’avez rien à voir dans cette histoire ; vous n’avez même pas pris
parti. Pourquoi donc l’Orateur Vénéré s’est-il vengé sur vous ?
    — Parce que c’est moi, parvint-il à articuler, qui vous ai appris
à tous les deux à tuer. » Il sourit encore et ses yeux se refermèrent.
« J’ai été un bon maître, n’est-ce pas ? »
    Ce furent ses dernières paroles et, pour lui, il ne pouvait y avoir de
plus belle oraison. Je me refusais à croire qu’il ne parlerait plus ; je
pensais que c’était sa position qui l’empêchait de respirer et qu’il
retrouverait son souffle si je l’installais plus confortablement. Je
l’empoignai désespérément pour le retourner et il se vida de ses entrailles.
     
    ***
     
    Tout en pleurant la mort de Gourmand de Sang et en ruminant ma colère,
je me consolais un peu de ce qu’Ahuizotl ne saurait jamais que c’était moi qui
avais le dessus, car je l’avais privé de sa fille. Je m’efforçai donc de
ravaler ma bile, d’oublier le passé en pensant à un avenir où il n’y aurait
plus de sang versé, plus de chagrins, plus de rancunes et plus de dangers. Avec
Zyanya, je consacrai toute mon énergie à la construction de notre maison. Le
terrain que nous avions choisi nous avait été offert par l’Orateur Vénéré comme
cadeau de mariage. J’avais accepté alors ce présent et j’aurais été bien
maladroit de le refuser après le différend qui nous avait opposés, mais en
réalité, je n’avais pas besoin qu’on me fasse des cadeaux.
    Les anciens pochteca

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