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Berlin 36

Berlin 36

Titel: Berlin 36 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alexandre Najjar
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stade, tout le monde m’a critiqué, renchérit Hitler en secouant la tête. A présent, on convient que l’idée était bonne !
     
    Une demi-heure plus tard, Brückner arrivait avec le film du match, récupéré à l’aéroport.
    — Visionnons-le tout de suite, proposa le Führer en invitant ses convives à gagner la salle de projection.
    Le film commença. Dans l’arène du Yankee Stadium, l’ambiance était électrique ; sur le ring, le combat faisait rage. Complètement subjugué par le match, Hitler oublia ses invités et, s’approchant de l’écran, se mit à le suivre avec enthousiasme, en frappant sa paume avec son poing chaque fois que Schmeling assenait un coup à son adversaire. Goebbels, lui, avait le regard ailleurs : il observait la nuque d’Anny Ondra, où cascadaient quelques boucles, ses oreilles délicates, sa peau diaphane.
    — Schmeling ? dit soudain le Führer. Avez-vous lu ce que j’ai écrit dans Mein Kampf à propos de la boxe ? La boxe est le sport viril par excellence. Voilà pourquoi j’ai demandé que cette discipline soit introduite dans nos programmes scolaires…
    Le boxeur n’avait pas lu Mein Kampf . Mais il aquiesça quand même.
    —  Herr Doktor , reprit Hitler, je voudrais que vous projetiez des extraits de ce film dans tout le Reich, que vous en fassiez un documentaire en y ajoutant des extraits tirés de l’entraînement et de l’accueil triomphal en Allemagne. C’est clair ?
    — Oui, mein Führer . On l’intitulera Une victoire allemande , et on le projettera dans toutes les salles de cinéma du pays !
    C’est à ce moment précis que le général Göring arriva, avec trois heures de retard, en soufflant comme un boeuf. Il avait l’air d’un clown avec son uniforme blanc constellé de décorations, ses doigts bagués, son ventre énorme, son nez crochu, ses cheveux gominés et son obséquiosité ostentatoire à l’adresse du Führer. S’approchant du champion, il lui glissa d’une voix enjouée :
    — Ton oeil gauche a l’air bien amoché, Schmeling. Mais ne t’en fais pas : pour la chasse, on n’a besoin que d’un seul oeil pour bien viser sa cible !
    Il éclata de rire, tout content de sa boutade. Puis il se pencha vers Hitler et lui chuchota quelques mots à l’oreille. Le Führer hocha la tête et, à contrecoeur, annonça à ses invités qu’il était dans l’obligation de se retirer. Il s’approcha d’Anny Ondra, lui baisa galamment la main et lui déclara d’une voix mielleuse :
    — Faites en sorte, ma gracieuse dame, que votre mari remporte toujours ses combats, de sorte qu’on ait l’occasion de vous revoir très souvent !
    La comédienne rougit. Un rictus déforma le visage de Goebbels.

21
    Où l’on écoute avec affliction
 les divagations du baron de Coubertin
    — Claire Lagarde, du quotidien L’Auto , se présenta la journaliste en exhibant sa carte.
    Pierre de Coubertin se leva, la salua d’une poignée de main chaleureuse et l’invita à s’asseoir. Claire sortit un calepin et un stylo de son sac, tout émue de rencontrer celui qu’on considérait comme le « patriarche de l’olympisme ». Pour inaugurer en beauté ses articles sur les Jeux, elle avait jugé bon d’aller interviewer le baron à Genève, quitte à retarder d’un jour son arrivée à Berlin. C’était la première fois que la Française visitait la Suisse. Fidèle à son histoire et à ses traditions, ce pays était paisible – l’endroit idéal pour les retraités – et offrait des paysages splendides qui reposent l’âme et les yeux. Les gens y vivaient à leur rythme, sans se presser, insensibles aux turbulences qui secouaient le reste de l’Europe. « La Suisse ressemble à une montre arrêtée », l’avait prévenue sa mère. Pour paradoxale et expéditive qu’elle fût, la formule n’était pas tout à fait inexacte.
    — Je vous attendais, mademoiselle Lagarde. En quoi puis-je vous être utile ?
    — J’ai juste quelques questions à vous poser à propos des jeux Olympiques si vous n’y voyez pas d’inconvénient…
    — Faites, soupira-t-il en se rasseyant.
    Visiblement intimidée, la journaliste toussa, la main devant sa bouche.
    — Pourquoi Berlin ? commença-t-elle. De nombreuses voix s’élèvent pour contester ce choix…
    — En 1928, les athlètes allemands ont brillé aux Jeux d’Amsterdam et, au printemps 1931, l’Allemagne a réintégré le mouvement olympique. En 1933, lorsque les

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