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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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qu’il n’avait aucune envie de recommencer la collaboration insupportable de 1956 12 . Mitterrand et Gaston Defferre, il me semble à juste titre, ont répondu à ceux qui leur demandaient de poser à PMF des conditions disciplinaires draconiennes : « Il y a des choses qu’on ne demande pas à Pierre Mendès France ! »
    La guerre de François Mitterrand et de Pierre Mendès France, la guerre entre le capitaine de la gauche et son « juste », n’aura pas lieu.
    16 mars

    Réunion cité Malesherbes, du comité exécutif de la Fédération de la gauche.
    Les membres du Comité sortent à 13 h 30, affamés et souriants. Apparemment, personne n’a perdu : ni les mollétistes, ni les amis de Mitterrand. La rencontre portait sur les problèmes de structures de la Fédération, et sur son avenir. On avait prêté à Guy Mollet la volonté de vendre cher la peau de la SFIO et d’obtenir la majorité des places au Comité exécutif, mais finalement, c’est lui-même, d’entré de jeu qui a dit qu’il se sentait l’âme d’un fédérateur et qu’il ne voulait pas de satellisation de la Fédération de la gauche par la SFIO. Du coup, Mitterrand s’est senti en position d’arbitre et la situation s’est vite dénouée.
    Il n’y aura qu’un groupe parlementaire unique de la Fédération de la gauche. Les radicaux auraient émis à un moment de la réunion l’idée de l’existence de trois sous-groupes, le comité directeur en a écarté l’idée.
    Le communiqué adopté à la fin va plus loin : Mitterrand propose la création d’une délégation permanente de la gauche réunissant les représentants de tous les groupes de gauche, communistes, fédérés et PSU à l’Assemblée nationale. Cela me paraît aller un peu vite, quand on se reporte au rythme – poussif – des pourparlers unitaires. Si les communistes l’acceptent, c’est qu’ils ont vraiment envie de participer au mouvement !
    17 mars

    Waldeck Rochet est reçu en grande pompe à Aubervilliers après son élection acquise dès le premier tour. Il en profite pour dire qu’il accepte la proposition de délégation permanente de la gauche à l’Assemblée nationale. C’est vraiment quelque chose de nouveau. Mitterrand lui-même se demandait s’il n’avait pas été trop loin trop vite.
    3 avril

    Rentrée parlementaire. Il est facile de voir qu’il y a beaucoup de nouveaux élus, des novices qui se perdent dans les couloirs et les étages du Palais-Bourbon. Ils font leur entrée au Parlement, neconnaissent pas encore les commodités qu’offre le Palais-Bourbon avec coiffeur, kiosque à journaux, buvette, restaurant, et surtout cette merveilleuse bibliothèque où, m’a dit un des responsables bibliothécaires, très peu de députés depuis des dizaines d’années viennent étudier. Ils hésitent, entrent par une porte à tambour, sortent pas une autre, tombent nez à nez avec la presse qu’ils n’attendaient pas.
    Sans dire que je connais très bien les lieux, je suis plus familière qu’eux de ces grandes salles, des canapés recouverts de velours rouge dans la salle des Pas-Perdus, car j’ai eu le flair, étant étudiante à Sciences Po il y a quelques années, de faire un stage au Parlement avec la bénédiction de Jacques Kayser et pour le compte de l’Institut français de presse dont il est le président. Cela me donne une longueur d’avance, appréciable, sur la meute des nouveaux députés.
    À vrai dire, ces nouveaux élus, même ceux de gauche qui savent qu’ils ne seront pas ministres, sont épanouis à l’idée d’être au Parlement. Ils ont l’impression que c’est ici que tout se passe, que la vie politique est là. Et de fait, ils ont raison : malgré la toute puissance de l’exécutif dans les institutions de la V e République, il n’y a pas d’autre endroit où l’on peut sentir l’air du temps, l’air politique du temps.
    18 avril

    Premier débat politique à l’Assemblée nationale 13 . Mitterrand, appuyé par les 200 élus de la gauche, porte l’estocade au Premier ministre, tout juste renommé après son élection dans le Cantal. Mitterrand est en grande forme, et il ne se prive pas d’enfoncer Pompidou plus bas que terre. Celui-ci l’écoute, à la limite de l’exaspération. La majorité n’a pas l’habitude d’être ainsi traitée.
    Le rapport de forces, depuis mars, est réellement modifié. Jusqu’où, je ne le sais pas.
    20 avril

    En réalité, je suis encore bien

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