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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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les semaines qui viennent et proposer lui-même que Fabius lui succède au premier secrétariat du Parti. Si Jospin ne le souhaite pas, si Rocard s’y oppose, alors il laissera la place à Michel Delebarre.
    C’est dire que, par lassitude ou par faiblesse, il choisit maintenant de se ranger aux vœux de Mitterrand : il a combattu Fabius en 1988, il est prêt aujourd’hui à lui laisser la place. Il devrait le faire savoir dans quelques jours.
    S’il hésitait, son traditionnel séjour à Latche, autour de la Saint-Sylvestre, l’aurait conforté dans sa décision : Mauroy ne me le dit pas, mais je suis pourtant convaincue, à la façon dont il me parle de Mitterrand, qu’il n’en est plus, avec lui, à la période du désamour. Et donc que Mitterrand, auquel il ne pouvait pas ne pas parler d’un éventuel départ, lui a donné raison.
    2 janvier
    Mitterrand remonte de quatre points, selon le baromètre Figaro -Sofres. Édith, elle, continue sa dégringolade. Quousque tandem ...
    6 janvier
    Le plan que Mauroy m’avait révélé a été immédiatement mis en œuvre. Il réunira en janvier un comité directeur 2 . Apparemment, aujourd’hui, c’est Fabius qui tient la corde. Jospin a décidé de laisser faire.
    Fabius, lui, aurait cette fois passé un accord avec Michel Rocard : leur ennemi commun, c’est-à-dire leur ciment, c’est Jacques Delors dont ils craignent tous deux que Mitterrand ne l’appelle à Matignon et qu’à partir de là, loin de s’essouffler, il ne finisse par s’imposer comme candidat à la présidentielle de 1995. J’ajoute que leur commune opposition, à l’automne dernier, à la représentation proportionnelle les a rapprochés.
    Le changement de Premier ministre est-il à l’ordre du jour ? Mauroy m’avait laissé entendre en effet que l’élection d’un nouveau premier secrétaire coïnciderait avec la démission d’Édith Cresson. Apparemment, ce n’est pas le cas.
    En attendant, la démission de Mauroy n’est plus un mystère pour personne. D’autant que sa mère, Adrienne Mauroy, qui était restée complètement discrète tout le temps que son fils était Premier ministre, qui n’avait jamais fait parler d’elle, vient d’accorder une interview au Parisien  : « Je le sais depuis longtemps. Il me l’a annoncé la semaine dernière. Il m’a dit qu’il en avait assez. Il est fatigué. »
    Oui, il est fatigué, Pierre Mauroy. Fatigué des socialistes. Les « éléphants » du PS, tous anciens énarques, ont eu raison de ce fils d’instituteur, petit-fils de bûcheron, qui se disait lui aussi élève de l’ENA en précisant en souriant qu’il s’agissait de... l’école nationale d’apprentissage !
    Trop de bagarres, trop d’ambitions, trop de rivalités !
    8 janvier
    Petit déjeuner avec Mauroy et quelques journalistes. Notes griffonnées sur le moment et parachevées ensuite dans ma voiture.
    « Depuis quand ai-je vraiment pris ma décision ? À vrai dire,depuis l’été dernier, avoue Pierre Mauroy. Depuis que j’ai commencé à parler de congrès et qu’on m’a tout de suite fait remarquer que ce ne devait pas être un congrès ordinaire. Une convention, peut-être, tout au plus ; ou alors un congrès extraordinaire.
    « Ce qui m’a énervé, poursuit-il, ce sont les rumeurs qui ont commencé à courir quarante-huit heures avant le congrès de décembre, rumeurs confirmées par les amis de Jospin qui accréditaient l’idée que Michel Rocard devait prendre ma place. Alors, à la tribune du congrès, j’ai interpellé les partisans de Fabius et ceux de Jospin : “Dites donc, leur ai-je dit, la famille mitterrandiste, c’est vous, pas moi ! Lorsque vous serez dans le trou pour des années, après vous être divisés et exterminés, vous aurez tout le loisir de vous réinventer une mythologie mitterrandiste, mais vous aurez perdu le pouvoir !” »
    Quand a-t-il parlé de tout cela avec Mitterrand ?
    « Avec lui, vous savez, la conversation est incessante. Il ne m’a jamais demandé de démissionner. Nous continuons de passer une heure par semaine à parler, à vagabonder. Je lui ai dit : “Je vais m’en aller, je vais proposer Fabius ; mais je ne suis toujours pas sûr que les autres le veuillent.”
    « “Pour que les autres le veuillent, et notamment pour que Michel Rocard l’accepte, ai-je dit à Mitterrand, il faut que nous avancions sur son cas... Aujourd’hui, s’il y avait une élection présidentielle,

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