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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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vous le savez, Rocard serait désigné candidat par le Parti. Ce sera la même chose dans un an. Même si Jacques Delors est très bien, Michel apparaîtra plus à gauche pour les socialistes.” »
    Bref, si j’ai bien compris, il a convaincu Mitterrand que si celui-ci voulait faire accepter la nomination de Fabius comme premier secrétaire, il fallait que Rocard soit en quelque sorte le candidat virtuel du Parti.
    « François Mitterrand m’a donné raison, résume-t-il, et il m’a chargé d’un message verbal, dans ce sens, pour Michel Rocard. »
    Rocard était alors en Polynésie. Il est rentré le dimanche 5 au soir, s’est immédiatement rendu au bureau de Pierre Mauroy, avenue Bosquet, là où nous nous trouvons en ce moment.
    Mauroy reprend son récit :
    « Je lui ai dit avec un peu d’émotion : “Peut-être est-ce ce soir que nous allons ensemble décider que tu seras président de la République.” »
    Mitterrand poussant à la fois Laurent Fabius au secrétariat duParti et acceptant, pour ce faire, que Rocard soit le candidat socialiste à la prochaine présidentielle ? J’avoue que je suis sceptique. Mitterrand échange, j’en jurerais, Laurent Fabius premier secrétaire tout de suite contre Michel Rocard candidat après-demain – c’est-à-dire, dans son esprit, un autre jour, peut-être jamais.
    Enfin, un deal est un deal  !
    Pierre Mauroy revient maintenant sur le scrutin à la représentation proportionnelle que, contrairement à Fabius et à Rocard, il croit nécessaire pour le pays :
    « On en reparlera, du système majoritaire, quand, après les régionales, on s’apercevra que les quatre formations politiques les plus importantes réunissent moins de 50 % des voix ! Que les écolos ne sont pas représentés, que les petits partis ont disparu ! Le mal vient de ce que, dans la crise actuelle du politique, on laisse dans l’ombre ceux qui ont les faveurs de l’opinion ! »
    L’un d’entre nous – je ne me rappelle pas qui – interroge : « Et le Front national ?
    – Tant qu’on ne le fera parler que de l’immigration, répond Mauroy, le Front national sera valorisé. Il faut qu’on lui demande aussi de parler de l’école, de l’Europe, et on verra si ses représentants élus tiennent le choc ! »
    Sur quel programme de gouvernement la gauche pourrait-elle se réunir et convaincre ?
    « On peut trouver un programme honorable, juge-t-il, sur la base de l’Europe. Mais si les socialistes le veulent, ils peuvent aussi choisir d’être dans l’opposition. Le socialisme n’a plus de mystique, il a besoin d’éthique collective. Ça demande du temps... »
    Le plus important, il le garde pour la fin : « Je veux, dit-il, accompagner Mitterrand jusqu’à la fin de ce septennat. C’est moi qui suis allé le chercher en 1971, je tiens à ce que ces vingt ans se terminent bien. Je ferai tout pour pérenniser le socialisme. » Puis il lâche, songeur : « Au fond, mon gouvernement aura été le dernier gouvernement socialiste du XX e  siècle. »
    9 janvier
    Formidable lapsus de Mitterrand lors de sa réception de début d’année avec les corps constitués : il parle de « fin du sexe » au lieude « fin du siècle » ! Ça ne s’invente pas... Éclats de rire, vite réprimés, d’Édith Cresson. Regard noir du Président sur sa Premier ministre.
    Sans oublier un autre lapsus, celui de Laurent Fabius arrivant au comité directeur qui devait le nommer premier secrétaire : « C’est avec un certain Rocard », commence-t-il. Il voulait dire : « Un certain regard. »
    13 janvier
    Une nouvelle fois, communication ratée de Mitterrand sur Maastricht. Il a fait aujourd’hui une intervention attendue au Palais des Congrès, où Élisabeth Guigou a réuni « les Rencontres nationales pour l’Europe ». Foule très nombreuse, enthousiasme désordonné, prises de parole corporatistes. D’un côté, il affirme « ne mêler en rien la délibération nationale sur le traité de Maastricht avec aucun des problèmes propres à la politique intérieure française ». Là-dessus il ajoute : « Je considérerais un refus de Maastricht comme un drame national ! »
    Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il se retirera s’il n’a pas la majorité à un éventuel référendum sur l’Europe ?
    Une fois de plus, ce projet de référendum ne se referme-t-il pas sur Mitterrand ? Lorsqu’il avait envisagé le référendum sur la

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