Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997
Valéry Giscard d’Estaing. Le spectacle qu’ils offrent est navrant de ce côté-là aussi. Et François Bayrou a dit cela, et Juppé, et Sarkozy lui répondent que... Les Français devraient éclater de rire devant le spectacle que leur offrent les politiques.
Au-delà des protestations, admonestations et autres indignations, le problème se résume à cette seule interrogation : VGE, que les Français, selon les sondages, ne veulent pas voir élu à la Présidence, peut-il ne posséder qu’un pouvoir de nuisance, celui de ne pas faire élire Chirac ?
22 octobre
Rocard, paraît-il, n’a qu’une crainte : celle d’être battu à Conflans-Sainte-Honorine en mars prochain. Comment aborder l’élection présidentielle après un tel échec ? Quant à la perspective d’une élection présidentielle anticipée, elle ne le rassure pas non plus : il est, en ce moment, loin dans les sondages, et affirme qu’il préférerait avoir du temps.
Au Conseil des ministres, Mitterrand insiste sur la bonne santé... de la France. Il m’étonnera toujours !
Et puis voilà que Marie-Noëlle Lienemann estime, dans je ne sais quelle interview, que « le PS a fait son temps » ! Cela ressemble à un sauve-qui-peut. Pas bien élégant ! D’autant que beaucoup de ceuxqui ont été hissés au pouvoir par Mitterrand et qui lui doivent leur carrière n’hésitent pas à décliner, à leur façon, le jugement de Lienemann.
À l’exception de Lionel Jospin qui déclare aujourd’hui sur une radio : « Le PS n’a pas d’autres ressources que de se souder au gouvernement, même si beaucoup de socialistes – et je suis de ceux-là – pensent qu’il faut tirer toutes les leçons du passé, et faire des propositions nouvelles pour la période qui vient. »
26 octobre
Anniversaire de Mitterrand dans une atmosphère politique incertaine.
Les socialistes se conduisent de plus en plus comme si Mitterrand était leur principal adversaire ! Évolution inattendue d’un système qui lui doit tout.
Après Marie-Noëlle Lienemann, c’est Alain Richard qui s’est élevé avec force, au Parlement, contre un amendement budgétaire. C’est suffisant pour que l’on crie que le gouvernement est en péril.
Quelques étapes du chemin de croix de Pierre Bérégovoy avec le PS :
11 août : Laurent Fabius demande au gouvernement d’en faire plus sur la Yougoslavie. Il se fait agonir d’injures par Pierre Bérégovoy et Roland Dumas.
9 septembre : le projet de loi anticorruption, adopté par le Conseil des ministres, est condamné par le bureau politique du PS qui refuse l’interdiction faite aux entreprises de financer les campagnes électorales.
2 octobre : Soisson revient au gouvernement après en avoir été chassé six mois auparavant par Édith Cresson. Pierre Bérégovoy a-t-il été contraint de le prendre dans son équipe ? Le PS affirme que Mitterrand ne le lui a même pas demandé.
13 octobre : le gouvernement est furieux : les députés socialistes ont refusé le contrôle du patrimoine des élus.
22 et 23 octobre : protestation des élus socialistes qui se disent de plus en plus mal compris par le gouvernement...
27 octobre
Une fois de plus, motion de censure repoussée. L’abstention des communistes a fait la décision. Quelles négociations ont permis cet accord ? Je n’en sais rien, mais la une de L’Humanité est révélatrice : « Les députés communistes, y lit-on, n’ont pas voté une censure qui aboutirait à arrêter la discussion, à arrêter la possibilité d’obtenir des améliorations et à renforcer la pression de la droite. »
Pour en avoir obtenu autant des communistes en ce moment, chapeau, Bérégovoy ! Lequel a fait un remarquable discours sur le budget, à sa manière sérieuse mais talentueuse.
Béré, chef de campagne ? Ou bien Fabius ? À quelques années de distance, le combat Premier ministre/premier secrétaire du Parti rebondit : après Fabius/Jospin en 1986, Bérégovoy/Fabius en 1993.
Dans Libé , ce matin, cette formule signée Rocard : « Le mitterrandisme, c’est un certain mépris des citoyens, un rapport parfois douteux avec l’argent, une idée très clanique de la politique. »
Il me semble que Michel Rocard devrait une fois pour toutes résoudre son problème et déterminer une fois pour toutes les distances qu’il compte prendre avec Mitterrand. Aujourd’hui, en distillant ces phrases assassines, il
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