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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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l’Élysée.
    22 janvier
    Petit déjeuner avec Jean Poperen. Il me confirme que Mitterrand a donné mission à Pierre Bérégovoy de conduire une campagne politique, en marge de celle du PS, ou plutôt parallèle à celle-ci. Il ne veut sans doute pas que Laurent Fabius, en difficulté, se sente lâché par lui. La seule solution est donc de demander à Bérégovoy de reconquérir, si cela est encore possible, les électeurs déçus du Parti socialiste qui trouveraient dans l’action du Premier ministre, dans sa manière ferme de diriger le gouvernement, de quoi les convaincre de rester à gauche.
    « Bérégovoy, me dit Poperen, a pris cette proposition de Mitterrand comme un honneur. Il est confiant. »
    À partir de maintenant, Bérégovoy recevra donc tous les mardis un petit noyau formé de quelques ministres et de ses conseillers politiques pour déterminer des angles d’attaque contre les adversaires politiques du PS : le RPR, l’UDF, certes, mais aussi ceux dont la courbe menace clairement, depuis peu, les socialistes : les écologistes.
    28 janvier
    Les sondages placent aujourd’hui le PS en dessous de 20 %. L’un d’eux (CSA) le met même à 17,5 %, soit deux points de plus que les écologistes.
    Brice Lalonde se crêpe le chignon avec Laurent Fabius, hier, sur France 2 : « Ton univers s’écroule, lui dit-il, tu le vois bien ! »
    Que serait Lalonde sans les socialistes ? Pas grand-chose. Qu’est-il aujourd’hui ? Un important rival potentiel à gauche.
     
    Bernard Tapie sera candidat à Marseille. Bien sûr, mais où ? Il pense à la circonscription dont Guy Hermier (PC) est le député. Il y bénéficierait, paraît-il, d’une avance de cinq points. Mais, s’il estcandidat, dans ces circonstances, partout ailleurs en France les communistes risquent de ne pas se désister au second tour pour les socialistes qui seront arrivés avant eux au premier. Le sort de Tapie peut-il mériter cela ?
     
    Jérôme Jaffré me dit qu’à partir de maintenant, il semble que les écologistes aient fait le plein des voix venues des « déçus » de la gauche. Désormais, ils sembleraient commencer à engranger des voix venues de la droite où la guerre des chefs ne séduit pas tout le monde. Dans ce cas, la progression des Verts est assurée, avec le danger, pour les socialistes, de les voir s’envoler, eux, au-dessus des 20 %.
    10 février
    Pour un long reportage commandé par Arte sur la campagne qui commence, je retrouve aujourd’hui Jacques Chirac en Bourgogne. Il commence en effet sa tournée à Nuits-Saint-Georges. Robert Poujade, député-maire de Dijon, accompagné par le candidat RPR local, l’accueille sur le petit aéroport où l’avion de Chirac s’est posé parmi les vignes.
    Jacques Chirac débarque, ravi, après une tournée à Marseille et à Gap. Il demande à Poujade s’il sent, dans la région, un fort courant en faveur du RPR. Franchement, Poujade ne sent rien. Il mesure très fort, en revanche, le rejet des socialistes, rejet qui ne se traduit pas forcément par un enthousiasme débordant pour le RPR.
    De fait, lorsqu’on est ici, en Bourgogne, mieux vaut appartenir à l’opposition qu’à la majorité : Hoover a brutalement fermé ses portes, il y a quelques jours, aux employés bourguignons pour se délocaliser en Écosse. Philips licencie à tour de bras dans la région, et je ne sais quelle autre boîte remercie 300 salariés.
    Chirac en profite pour foncer tête baissée contre l’actuel pouvoir, responsable du chômage qui monte.
    J’ajoute que la loi Évin 1 sur l’alcool et le tabac, dans cette région qui vit du vin, ne contribue pas à rendre le PS sympathique aux petits exploitants qui écoutent Chirac et applaudissent quand celui-ci rappelle qu’il n’a pas voté la loi portant le nom du ministre socialiste.
    Dans la salle où il répond maintenant aux questions, je note qu’il appelle les intervenants : « Cher Monsieur », et pas « Cher compagnon », comme on le fait dans les assemblées gaullistes.
    Les paysans mettent en cause la paperasserie des eurocrates – les technocrates de Bruxelles. Chirac en profite pour se lancer dans un petit couplet antitechnocratique. Florilège :
    « Nous avions notre réglementation, puis les technocrates de Bruxelles, en bras de chemise dans leurs bureaux climatisés, se sont intéressés à la viticulture.
    « Nous sommes, poursuit-il, les seuls à subir ces contraintes. Si encore tous les

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