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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Marécaux
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ses parents à moins d’un kilomètre du lieu où les « crimes » ont été commis. Comprenne qui peut.
    À mon arrivée, les trois prévenus sont déjà présents et je n’en connais aucun. En revanche les visages de leurs conseils me sont familiers : il y a là maître Pascale Pouille pour Myriam Badaoui, maître Fabienne Roy-Nansion pour David Delplanque et maître Bachira Hamani pour Aurélie Grenon.
    Je connais fort bien Pascale Pouille pour avoir travaillé avec elle dans le cadre de mon activité professionnelle. Nous avions même eu le temps de tisser des liens d’amitié… enfin je le croyais ! Odile et moi sommes en effet allés prendre l’apéritif chez elle à l’époque où elle habitait à Wierre-aux-Bois, une commune limitrophe de Samer, et ensuite à Hardelot. Je suis par ailleurs intervenu en sa faveur quand elle a connu quelques problèmes lors de la construction de sa maison et son époux, ophtalmologiste, a fréquemment été consulté par ma famille.
    Fabienne Roy-Nansion, je l’ai rencontrée à la faculté de droit de Lille et nous nous sommes retrouvés en 1992, au tribunal de Boulogne-sur-Mer. Une amitié sincère… à l’époque ! Il était même prévu de lui faire essayer notre voiture en vue d’un achat identique et son mari motard était intervenu pour Odile qui avait brûlé un feu rouge.
    Quant à Bachira Hamani, c’est au tribunal de Boulogne-sur-Mer que nous avons lié connaissance jusqu’à ce qu’une réelle complicité naisse entre nous. Plutôt sympathique, j’appréciais sa grande simplicité. À tel point que lorsqu’un jour nous avons eu un dossier nous opposant, je me rappelle avoir annulé des frais à la charge de ses clients. Conséquence, elle me doit une invitation à déjeuner que j’attends toujours.
    *
    Voir ces trois avocates dans le camp adverse constitue pour moi un incroyable choc. La naïveté, qui me faisait croire en leur amitié et aux valeurs d’entraide, se retourne contre moi. La présence de Pascale Pouille me touche en plein cœur : j’avais résolu pour elle des vices de forme dans la construction de sa maison et ne lui avais pas fait payer puisqu’il s’agissait d’une « amie ». Quelle désillusion.
    Bref, je m’assieds à la place qui m’est assignée, non loin de Myriam Badaoui et devant mon avocat. Personne ne relève mon regard, sauf Bachira Hamani qui esquisse un fin sourire pour me faire comprendre que tout va bien se passer.
    *
    Le juge invite chacun de mes accusateurs à raconter les faits. Myriam Badaoui, épouse Delay, commence, affirmant que les actes se sont déroulés en l’an 2000 mais que « je l’ai rencontrée pour la première fois en 1998 », étant venu procéder cette année-là à une saisie-vente. À l’en croire, au cours de cet acte, j’aurais, durant une conversation avec son mari, marchandé le droit de violer ses enfants contre l’annulation de la confiscation de leurs biens ! Toujours d’après sa description, j’étais vêtu d’un « pantalon gris, d’une chemise bleue et d’une veste kaki ».
    Je l’écoute dérouler sa fable en relevant une à une ses erreurs comme les multiples imprécisions. D’abord, je ne suis jamais allé chez elle. Pas plus en 1998 qu’en 2000. Pourquoi en suis-je aussi sûr ? Parce que si j’avais procédé à une saisie, comme elle le prétend, j’aurais l’original de l’acte inscrit au répertoire des minutes de l’Étude ainsi qu’un double. Or je ne possède aucune trace d’un tel acte, élément évidemment vérifiable par la police. Quand elle précise que j’étais, en 1998, accompagné d’un inspecteur de police, son assertion tombe à plat puisque j’exécute toutes mes saisies-ventes en solitaire, peu friand des ouvertures de portes tapageuses, ce que tous mes clients savent. Ma méthode étant on ne peut plus souple, je souhaite en effet toujours rencontrer les personnes poursuivies pour leur expliquer ce qui arrive et les aider à trouver un accord de règlement. Par ailleurs, je fais valoir que si un officier de police judiciaire m’accompagnait, ses nom, prénom et qualité auraient été indiqués dans l’acte et j’aurais été obligé de faire une déclaration au centre des impôts pour le règlement de sa vacation. Bref, pour résumer, toutes ses allégations sont fausses, mensongères et fabriquées. Mis à part peut-être une chose : je porte effectivement des chemises bleues ! Suis-je le seul dans la

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