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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Marécaux
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région ?
    *
    Ensuite intervient Aurélie Grenon. Alors qu’elle avait affirmé dans un premier temps que je serais venu de nombreuses fois « violer » les enfants, elle se ravise brusquement devant le magistrat et réduit ma présence à deux rencontres abusives, en l’an 1998 ! Vêtu d’un costume sombre, je l’aurais visitée, à l’en croire, accompagné de mon épouse.
    En mon for intérieur, je souris. Elle vient de se couper et de contredire Myriam Badaoui. Percevant la faille, mon avocat pose la main sur mon épaule pour me conforter. En fait, je ne suis bien sûr jamais venu chez elle et le descriptif de mes costumes s’avère on ne peut plus fantaisiste. Il faut savoir, et de nombreuses personnes peuvent le prouver, que j’en porte seulement lors de grandes occasions comme des mariages ou des réunions officielles, me passant volontiers de ce genre d’accoutrement dans ma profession. Autre incohérence à relever, ma femme m’aurait accompagné alors qu’elle ignore où se trouve le quartier de la « Tour du Renard » (3) lieu où se sont déroulés les crimes.
    Je souligne à mon avocat l’incohérence vestimentaire, qu’il invoque à haute voix. Et là, presque aussitôt, Aurélie Grenon tourne casaque et se désavoue spectaculairement : je ne portais pas un costume, effectivement, mais un pantalon en toile et une veste ! Sa volte-face me confirme ses affabulations, mais les autres s’en rendent-ils compte ? Comme je n’ai pas plus de pantalon ni de veste en toile – ce que les policiers peuvent vérifier à nouveau à mon domicile –, j’exprime ma surprise. Alors, je la vois rougir de sa gaffe. Je pense avoir marqué un point mais ces incohérences ne paraissent pas gêner le juge. L’imbroglio est total !
    Vient ensuite le tour de David Delplanque. En compagnie de sa concubine Aurélie, il prétend ne m’avoir vu qu’une seule fois, en 1998. En revanche, il affirme m’avoir régulièrement croisé dans les escaliers de l’immeuble en allant chercher son courrier, ou avant de partir au travail.
    Une remarque ici s’impose : la ville d’Outreau se trouve dans le canton de Samer où j’exerce un monopole en matière de signification d’actes pénaux. Or c’est mon clerc qui signifie les actes. Dès lors, comme je ne me rendais à la Tour du Renard que le mercredi, dans un quartier comportant environ douze immeubles collectifs, la probabilité de rencontrer David Delplanque s’approche du zéro.
    Là encore, ses propos virent au fiasco et me disculpent.
    *
    Toutes ces déclarations sont tellement rocambolesques que maître Delarue s’empresse de confondre mes accusateurs. Il parvient même à faire sortir Myriam Badaoui de ses gonds. De mon côté, j’exulte devant une telle démonstration de mauvaise foi et me rassérène : un magistrat ne peut continuer à me croire coupable et me maintenir en détention. Devant les preuves évidentes que cette histoire a été montée de toutes pièces et repose sur des accusateurs dérangés, il ne peut que me déclarer innocent.
    La confrontation a duré plus de trois heures et mon avocat se réjouit de notre prestation comme des incohérences flagrantes des propos tenus par mes accusateurs. Face au silence du juge, les gendarmes me remettent les menottes mais je savoure mon plaisir, attendant simplement le dernier acte, à savoir la confrontation avec Odile l’après-midi même. Qui se déroule de la même manière.
    *
    Fin de la journée. Le rituel du fourgon cellulaire reprend. Je retrouve rapidement la maison d’arrêt et, dès mon retour en cellule, me montre toujours aussi évasif. Enfin, je vais pouvoir passer une nuit correcte en prison.

Chapitre 10

Questions à domicile
ou
Les nouvelles perquisitions
    7 heures, un surveillant vient me réveiller. Les yeux mi-clos, l’esprit dans le brouillard du sommeil, mon cœur s’accélère : il vient me délivrer ? Très vite, je retombe dans la réalité : je serai seulement extrait à 7 h 45. Que se passe-t-il ? Je l’ignore mais je reste confiant. Après tout, l’éprouvante confrontation n’a-t-elle pas viré en ma faveur ?
    Je me lève, me prépare et un gardien vient me cueillir. Direction la fouille, puis la cage où je suis enfermé durant presque deux heures, au milieu de la crasse et des mauvaises odeurs. Quand on m’en extrait, je reconnais l’un des deux officiers de police judiciaire présent lors de ma garde à vue. Courtois, il me salue, et

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