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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Marécaux
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me trouve même fatigué et amaigri. Pour la première fois, un fonctionnaire de ce corps fait preuve d’un peu de sollicitude. Les temps changent.
    Je monte sans plus tarder dans une voiture banalisée. La destination ? Notre maison de Wirwignes, où les enquêteurs veulent procéder à une nouvelle perquisition. Un trajet à tombeau ouvert, sans crainte des flashs des radars qui pourtant crépitent.
    *
    Durant le parcours, mes accompagnateurs m’ont demandé si je possédais une veste kaki parce qu’ils doivent la saisir ainsi que d’autres vêtements. Avec assurance, je leur ai expliqué que je n’étais pas chasseur et que le kaki n’était vraiment pas ma couleur favorite. Pourquoi cette question ? Croit-il encore les déclarations de Myriam Badaoui sur la « veste kaki » ? Je me perds en conjectures quand nous débouchons dans le jardin de la maison de Wirwignes. Là, bien que grelottant, je sors pour fumer une cigarette autorisée. Un instant de liberté surveillée dont je profite à plein, goûtant le bonheur de pouvoir me promener autour de la villa, d’arpenter le parc, suivi d’un policier d’humeur plus bavarde qu’à l’accoutumée. Enhardi, je me hasarde à quelques réflexions personnelles :
    — Pensez-vous, lui dis-je, qu’avec la profession confortable qui est la mienne, j’aurais eu besoin de monter un réseau de pédophilie en commercialisant des cassettes pornographiques ?
    — Certainement pas, me rétorque-t-il. Vous n’organisiez pas le réseau, vous en étiez le client !
    Écœuré, incapable d’ajouter un mot tant l’accusation m’abasourdit, je réintègre le véhicule pour me réchauffer. Un quart d’heure plus tard, je vois arriver Odile dans une voiture de police. Elle a une triste mine, mais je suis follement heureux de la voir. Nous nous embrassons, nous prenons dans les bras et je l’assure, fou d’espoir, que notre cauchemar sera bientôt terminé.
    *
    Tous les accès ayant été fermés et les scellés posés sur ordre du juge, un serrurier a été réquisitionné. Je le connais, c’est Francis Dulot, un ami avec qui je travaillais auparavant. En constatant sa présence, je réalise qu’il n’est venu à l’esprit de personne de demander les clefs déposées au greffe de la maison d’arrêt !
    Francis ne parvenant pas à crocheter les portes d’accès à la maison, Odile, presque goguenarde, conseille d’emprunter la trappe à fuel. Une proposition aussitôt mise à exécution et, comme par miracle, la porte d’entrée s’ouvre. À propos, quelle est l’utilité des scellés dans ce cas ?
    Nous montons directement au deuxième étage, dans la salle de jeux. Le motif ? Un des enfants Delay prétend avoir reconnu sur des photos prises par la police des jouets appartenant à ses frères, à savoir un train à piles grand format, un petit flipper, un bateau Playmobil et un gros camion de couleur jaune. Certes, la pièce est remplie de jouets de « garçons »… mais ceux-ci appartiennent à mes fils Thomas et Sébastien. Je réagis avec véhémence, hurlant au scandale lorsqu’un agent de la police scientifique procède à un relevé d’empreintes, ne comprenant pas que l’on persiste à croire à notre culpabilité. Ma colère retombée, je me réjouis finalement de cette démarche, le juge, après les contradictions de la veille, obtenant ainsi un nouvel élément à décharge. Mais comme, évidemment, aucune empreinte n’est trouvée, ils font grise mine.
    Le spectacle continue. Nous passons désormais au premier étage et la troupe commence par investir notre chambre, à la recherche de vêtements. Qui ne sont plus là puisque nos familles ont vidé les armoires et récupéré du linge pour nous en apporter en détention. Ivres de colère, les policiers se jettent sur les valises restantes et vident deux cartons d’habits anciens oubliés pour en retirer un vieux costume vert et une jupe noire d’Odile. Ils fouillent ensuite les armoires des autres pièces, emportant mon costume de mariage découvert dans un coin. Enfin un des inspecteurs de police trouve en lui assez de dignité pour stopper net le ridicule de ce genre d’investigation.
    Nous descendons à la cuisine où Odile, serviable et sans doute persuadée de la fin du calvaire, propose de faire un café à tout le monde. Au fond de nous, nous sommes contents de ce qui arrive. Car même si une perquisition n’est pas facile à admettre, avec tous les éléments à

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