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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Marécaux
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ce 7 janvier ne diffère guère des autres jours. Je pleure abondamment.
    *
    Comme je fonds en larmes, le lendemain, devant le psychiatre. Après avoir appris de l’infirmerie les résultats de la prise de sang effectuée à mon arrivée – tous négatifs, je n’ai ni le sida, ni la syphilis, ni l’hépatite A ou B –, j’ai été convoqué par cette épouse du psychologue à qui j’expose mes problèmes. Avertie de mon histoire grâce aux informations télévisées, elle me paraît si correcte que je lui fais d’emblée confiance et, par besoin de parler, lui expose l’affaire : l’arrestation, les perquisitions, la séparation avec mon épouse, l’enlèvement de mes enfants… En percevant ma dépression, en découvrant mes flots de larmes, elle me propose un internement en psychiatrie à Clermont. Mais, bien qu’il me ferait sans doute du bien, je décline l’offre, refusant un séjour chez les « fous ». En revanche, elle me déconseille de poursuivre ma grève de la faim, m’expliquant qu’elle risquerait de me conduire à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, réputé pour sa dureté. Comme elle me prescrit du Stilnox®, du Prozac®, du Lexomil®, moi qui suis par nature opposé aux médicaments, je m’empresse, vu mon état d’anxiété, de les accepter.
    Mardi après-midi : convocation chez le médecin généraliste qui tente de me dissuader de continuer mon mouvement ; tous les arguments y passent : je vais me rendre malade, détruire ma santé – et notamment mes reins –, puis, élevant la voix, il me traite de gamin irresponsable et assène que si je persiste, il me fera mettre sous perfusion. La mise en garde m’indiffère totalement. Alors il baisse les bras et me donne rendez-vous au vendredi en affirmant qu’il n’attend de moi qu’une chose : « qu’enfin je me réalimente ». Le tout proféré sur un ton sans appel, mais surtout sans psychologie, plus proche de la menace que du conseil ou de la sollicitude.
    *
    Au moins, les médicaments produisent leur effet : j’ai quasiment dormi d’une seule traite. Mieux, au réveil je me sens fort, plus que jamais déterminé dans mon entreprise de protestation. Bien qu’étant taraudé par la faim et victime de terribles maux de tête, avachi devant la télévision, je reprends mes « drogues » jusqu’au parloir de 15 heures. Où j’informe Damien de ma grève de la faim. Je vois qu’il me comprend puisque, à défaut de mots, ses larmes coulent. Des larmes qui reprennent lorsqu’il me délivre de mauvaises nouvelles de maman. Si j’ai, au moins, la consolation de savoir qu’elle voit mes enfants le jour même, rien ne fait diminuer la colère qui gronde en moi et renforce ma résolution.
    Avant de rentrer en cellule, je fais un détour chez le coiffeur, où je me fais tailler la barbe et raser les cheveux. Un geste symbolique comme pour affermir ma détermination à continuer ma grève de la faim. Mais lorsque je me regarde dans la glace, je découvre une vraie mine de bagnard !

Chapitre 13

Un juge sans compassion
ou
L’indifférence face au décès de ma mère
    À l’aube du cinquième jour de grève de la faim, je pourrais manger du lion. Dévorer tous ceux qui oublient la présomption d’innocence. Déchiqueter tous ceux qui accusent faussement et propulsent dans l’horreur. Dépecer tous ceux qui avancent avec des idées préconçues dans une enquête sans jamais se remettre en cause malgré la somme d’éléments en notre faveur, à Odile et à moi. En refusant de m’alimenter, je lance autant un S.O.S. que je tire un signal d’alarme, je mets en garde autant que j’invite ceux qui se trompent, se fourvoient même, à le reconnaître enfin. Mais peuvent-ils seulement admettre qu’ils font fausse route ? Faudra-t-il qu’ils aillent dans le mur et moi dans la tombe pour reconnaître leurs erreurs ?
    *
    Vers 10 heures, un surveillant m’informe que je serai extrait vers 11 h 30 pour être conduit devant le juge d’instruction en vue d’un interrogatoire sur mon curriculum vitae. La journée commence bien ! Je me lève vers 11 heures et, cette fois, je reçois la notification de l’arrêt de la cour d’appel ayant rejeté la demande de mise en liberté. Décidément, rien ne m’est épargné. Quelle autre mauvaise nouvelle va me tomber dessus ?
    Palpation, confiscation du briquet, menottes, les formalités coutumières annoncent le départ – musclé – au tribunal de

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