Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
entre en gare, si nous partons tout de suite, nous aurons droit aux embouteillages. Je préfère donc laisser le plus gros des voyageurs partir en premier.
— Puisqu’il le faut, pesta le photographe tandis qu’il s’installait à l’avant. Prends ma veste, tu auras plus chaud, ajouta-t-il en la retirant pour la donner à Clio.
— Garde-la ou alors tu vas tomber malade !
— Tu sais que tu es une tête de mule, Kelly ? Ce n’est pas moi qui tremble comme une feuille !
Devant l’air buté de sa collègue, Morgan défit sa ceinture de sécurité et se tordit pour passer à l’arrière malgré le regard rempli de menace de la jeune femme. Après un petit combat qui se déroula sous les yeux médusés de leur chauffeur, Morgan réussit à envelopper Clio dans sa veste, ce qui la fit ressembler à un paquet cadeau.
— Ça vous arrive souvent ? questionna Romain, hilare, face à l’expression boudeuse de Clio.
— Plus que vous ne pouvez l’imaginer ! dit Morgan, fier de sa victoire.
— Dites, Romain… Enfin si ça ne vous ennuie pas que je vous appelle comme ça… Sauriez-vous s’il y a un chenil dans le coin pour y déposer ce cador ?
Romain ne put s’empêcher de rire de plus belle.
À présent parfaitement remise de ses émotions, Clio put l’observer à loisir. Plutôt grand et rond, il avait les cheveux d’un blond cendré, coupés courts ; ses yeux étaient gris, animés d'une lueur chaleureuse. Son visage lunaire soulignait une certaine douceur dans son expression.
— Je suis désolée, je n’ai jamais supporté le froid.
— Alors nous allons nous rendre tout de suite à l’hôtel, déclara Romain. Ah enfin ! On peut y aller !
Lorsqu’il démarra, les deux journalistes se serrèrent l’un contre l’autre en se demandant si ce tas de ferrailles ne risquait pas d’exploser. Romain ne voulut pas les déranger au sujet de l’affaire qu’ils couvraient : il leur en parlerait avec Anthony, demain, au journal.
Le trajet fut des plus rapides. Une fois la voiture arrêtée devant l’hôtel, Romain les aida à sortir leurs effets personnels du coffre et leur annonça qu’il viendrait les prendre le lendemain matin vers dix heures. Après avoir échangé les politesses d’usage, Clio et Morgan se rendirent dans leurs chambres respectives.
Une fois seule, Clio s'allongea sur son lit, épuisée ; le froid l’avait vidée de toutes ses forces. Paupières closes, elle se laissa aller à la somnolence, lorsque le bruit de son sac glissant par terre la réveilla. Elle soupira et se leva pour le remettre sur le canapé… quand celui-ci se mit à bouger ! Elle ne put retenir un cri strident.
De l'autre côté de la porte de la chambre, Morgan s’apprêtait à frapper pour demander à Clio si elle n’avait pas son téléphone. Quand il entendit le hurlement, il ouvrit et se précipita à l'intérieur.
— Que se passe-t-il ?
— Le sac ! Je crois qu’il y a un rat à intérieur !
S’approchant avec précaution, Morgan donna un léger coup de pied à l'objet en question et un son étouffé s’en éleva. Dégoûté, il souleva le sac pour le déposer sur la table et il y plongea la main. Poussant un cri de douleur, il la retira aussitôt. Avec rapidité et agilité, Hermès sauta hors de sa cachette et alla se mettre à bonne distance de Morgan.
— Saleté de bestiole ! dit-il en sortant de sa poche un mouchoir avec lequel il se fabriqua un pansement de secours. J’espère qu’il est vacciné !
— Oui, répondit Clio. Je suis vraiment désolée Morgan ; je l’avais laissé à la maison et il a dû se glisser dans mon bagage sans que je m’en aperçoive.
— Ce n’est pas grave, ne t’en fais pas ! grommela Morgan. Repose-toi bien !
Un dernier coup d'œil meurtrier vers la boule de poils et il sortit de la chambre. Clio patienta quelques instants, le temps d’entendre la porte se refermer. Elle se tourna alors vers Hermès :
— Sors tout de suite de là !
— Pas la peine d’utiliser ce ton-là avec moi, Célèbre, sourit Hermès en sautant sur le lit. Bon sang ! J’ai un de ces mal de dos !
— Tu n’avais qu’à rester à Paris comme je te l’avais ordonné ! répliqua sèchement Clio.
— Janus m’aurait écorché vif si je ne t’avais pas accompagnée. Il se peut que cette bête soit une créature de notre monde…
— De notre monde ? demanda Clio, intriguée, tout en s’asseyant à ses côtés.
— Il pourrait s’agir de
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