Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
se soucier d’entretenir leur souvenir, plus personne pour dire leur nom maintenant qu’ils n’étaient plus.
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Comment Standing Bear devint une personne
1879 : Le 11 janvier, la guerre des Boers éclate en Afrique du Sud. Le 17 février, à Saint-Pétersbourg en Russie, des nihilistes tentent d’assassiner le tsar Alexandre II. Le 21 octobre, Edison fait la démonstration de la première ampoule à incandescence. Publication de Progress and Poverty, d’Henry George (43) . Première représentation de La Maison de poupée, d’Henrik Ibsen.
Vous nous avez chassés de l’Est, et je vis ici depuis deux mille ans au moins. (…) Mes amis, si vous m’arrachiez de cette terre, je ne le supporterais pas. Je veux reposer ici, vieillir ici. (…) Je n’ai jamais eu l’intention de donner ne serait-ce qu’une parcelle de cette terre au Grand Père. Même s’il m’offrait un million de dollars en échange, je refuserais. (…)
Quand on veut abattre le bétail, on le rassemble dans un corral, et alors on le tue. C’est ce qu’on a fait avec nous. (…) Mes enfants ont été exterminés ; mon frère a été tué.
Standing Bear, de la tribu des Poncas
Les soldats sont arrivés à l’entrée du village et nous ont fait traverser la Niobrara River de force, exactement comme si nous étions un troupeau de chevaux. Ils nous ont poussés jusqu’à la Platte. Ils nous ont poussés devant eux exactement comme si nous étions un troupeau. J’ai dit : « S’il le faut, j’irai là-bas. Que les soldats s’en aillent, nos femmes ont peur d’eux. » Ainsi, je suis arrivé au pays où il fait chaud [le Territoire Indien]. La terre là-bas était mauvaise, et nos frères sont morts les uns après les autres, alors nous avons dit : « Qui donc aura pitié de nous ? » Et nos bêtes sont mortes. Oh, comme il faisait chaud ! « Ce pays en vérité est malsain, et nous risquons d’y mourir. Nous espérons que le Grand Père nous ramènera chez nous. » Voilà ce que nous avons dit. Cent de nos frères ont péri là-bas.
White Eagle, de la tribu des Poncas
En 1804, Lewis et Clark arrivèrent au confluent de la Niobrara River et du Missouri, où ils rencontrèrent les Poncas, une tribu d’indiens amicaux. Ces survivants d’une terrible épidémie de variole introduite par l’homme blanc n’étaient alors plus que deux ou trois cents. Un demi-siècle plus tard, leur tribu vigoureuse comptait un millier de membres et son désir d’échanges amicaux et commerciaux avec les Blancs était intact. Contrairement à la plupart des Indiens des Plaines, les Poncas cultivaient le maïs et des légumes potagers. Leur prospérité et leurs immenses troupeaux de chevaux attisaient la convoitise des Sioux, dont ils devaient fréquemment repousser les attaques.
En 1858, l’année où les représentants du gouvernement parcouraient les territoires de l’Ouest afin d’établir des frontières entre les différentes tribus, les Poncas abandonnèrent certaines de leurs terres en échange de la garantie d’être protégés, eux et leurs biens, et de pouvoir rester dans la vallée de la Niobrara. Mais dix ans plus tard, au cours de négociations avec les Sioux, les terres ponças furent, à la suite d’une erreur bureaucratique, incluses par traité dans le territoire attribué aux Sioux.
Les Poncas eurent beau protester à maintes reprises auprès du gouvernement, rien ne fut fait. Des bandes de jeunes Sioux indisciplinés menacèrent de les chasser d’un territoire qu’ils considéraient à présent comme le leur et exigèrent des chevaux comme tribut. « Pendant les sept années qui suivirent le traité, devait expliquer plus tard Peter Le Claire, un membre de la tribu, les Poncas durent faire comme les Pères Pèlerins de la Nouvelle-Angleterre : (…) cultiver leurs champs la houe dans une main et le fusil dans l’autre. »
Enfin, le Congrès reconnut que les États-Unis étaient tenus en vertu du traité de « protéger » les Poncas. Mais au lieu de rendre ses terres à la tribu, il lui attribua une petite somme d’argent « afin de l’indemniser pour les pertes entraînées par les vols et les meurtres commis par les Sioux ». Puis, en 1876, après la défaite de Custer, il décida d’inclure les Poncas dans la liste des tribus du Nord devant être exilées dans le Territoire Indien. Bien entendu, ils n’avaient rien à voir avec la bataille de la Little Bighorn, pas plus qu’ils
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