Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
Vom Netzwerk:
Jeannette dut se mettre à table au milieu d’une marmaille tapageuse, de chiens, de chats et de volaille. La bonne femme ne la laissait pas souffler :
    – Encore une tranche de jambon ! Goûte ce rôti ! Reprends du vin ! Ainsi tu veux rencontrer notre capitaine ? Eh bien, je t’en souhaite ! Laxart, de la bière ou du vin ? Il est pas à toucher avec des pincettes. Les gosses, allez jouer dehors et faites sortir la volaille ! L’autre jour, il a engueulé mon homme parce qu’il avait mis un fer de travers. Tu parles ! Il vidait sa bile. Laxart, entame ce pot de rillettes ! D’où sors-tu ce beau cheval, Jeannette ? Tu l’as volé à Vergy ? Je plaisante... Tu vas casser quelques noix de notre récolte. Moi et mon mari...
    Henri, le charron, était dans son appentis en train de terminer une roue de charrette placée sur un lit de braise. Il était aussi taciturne que sa femme était bavarde ; elle devait le bousculer pour qu’il consente à dire « oui » ou « non », mais, dans sa partie, c’était le meilleur forgeron et charron à des lieues à la ronde.
    – Tu resteras le temps qu’il faudra, Jeannette. Tu es ici comme chez toi.
    Elle lui montra sa chambre qui jouxtait celle des enfants et donnait sur un petit courtil enfoui sous la neige. Le brasero était chargé de margotin et de brindilles ; il suffisait de battre le briquet.
    – Assieds-toi là et raconte, dit Mme Le Royer. Tu peux m’appeler Catherine. Paraît que tu entends des voix venues du ciel ?
    – Laissez-la, dit Laxart. Jeannette doit se reposer. Vous aurez tout le temps demain et les autres jours.
     
    Il neigeotait, le lendemain, lorsque Laxart conduisit Jeannette à la citadelle, à cheval, vêtue de sa robe de Lorraine, cadeau de René d’Anjou.
    – Tu me laisseras parler le premier, dit Laxart. Après, tu te débrouilleras. Mais gare ! avec ce butor, chaque mot a son importance. Une parole de travers et c’est la grande colère. C’est un officier qui se prend pour un royeteau.
    Ils trouvèrent le capitaine acagnardé dans la salle d’armes, au coin d’une cheminée où il faisait griller des tranches de viande. Plié en deux, le visage illuminé par le feu, il taillait avec un couteau à saigner les porcs son pain et son fromage. C’est à peine s’il leur jeta un regard.
    – Capitaine, dit Laxart en tenant son bonnet sur son ventre, j’espère que nous ne vous dérangeons pas.
    Un grognement lui répondit. Laxart continua :
    – Hum... Je suis Durand Laxart, de Burey. Nous nous sommes rencontrés l’année passée, un jour de foire, et...
    – Possible... Me souviens pas... Qu’est-ce que tu me veux ? Qui est cette garce ? Ta fille ?
    – Ma nièce, messire. Elle vient de Domrémy. C’est la fille de maître Jacques, doyen de la paroisse, responsable du château des Bourlemont dans l’île de la Meuse.
    – Oui, et alors ?
    L’entretien débutait mal et ne promettait pas de mieux se poursuivre. Malgré la chaleur qui régnait dans la salle, Jeannette sentait se figer en elle des blocs de glace. L’endroit était sinistre : des murs et des voûtes noirs de suie, tout un arsenal d’armes diverses alignées sur des râteliers... Un gros chien au pelage fauve grognait en montrant ses crocs ; son maître le fit taire d’un coup de botte.
    – Ta gueule, Sultan. J’ai dit : et alors ?
    Des graviers dans la gorge, Laxart raconta l’épisode de l’assaut mené par la bande de d’Orly au château de l’île, la résistance de Jeannette.
    – Et alors, dit Baudricourt, tu viens chercher ta médaille, petite ?
    – Elle va vous expliquer ce qu’elle attend de vous. Je précise que nous revenons de chez Charles de Lorraine qui avait entendu parler d’elle et qui souhaitait la rencontrer. Il lui a offert un cheval, de l’argent et...
    Baudricourt montra le banc, dans l’angle opposé, de la pointe de son couteau dont il retourna les tranches de viande qui commençaient à embaumer.
    – Eh bien, dit-il, je t’écoute, mais sois brève.
    Jeannette reprit son souffle pour lancer :
    – Je viens vers vous de par le Ciel, saint Michel, sainte Catherine, sainte Marguerite. Ce sont mes voix qui...
    Il frappa son genou de sa main libre, s’écria d’une voix qui fit se dresser Sultan, menaçant :
    – Qu’est-ce que c’est que ces balivernes ? Des voix ? Quelles voix ?
    Jeannette prit la mouche.
    – Cessez de m’interrompre ! dit-elle d’une voix ferme. Ce que j’ai à vous dire est grave.
    Il se renfrogna puis

Weitere Kostenlose Bücher