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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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suis alors que tu me cours après comme un avare à qui on aurait volé son trésor ? Ma petite, dis-toi bien que nous venons de te sauver la vie.
    Elle cacha sa nudité, se releva et, appuyée des deux mains au rebord de la table, bougonna :
    – Vous m’avez peut-être sauvé la vie, messire, et je vous en remercie, mais je ne puis vous pardonner d’avoir dénudé et touché mon corps. Aucun homme ne l’a jamais fait et je tuerai celui qui s’y risquera.
    Les deux hommes échangèrent un regard amusé, jurèrent de ne plus recommencer.
    – Quant à toi, ajouta le capitaine, il faudra renoncer à me harceler, sinon je ne réponds plus de mes actes. Inutile de te demander si tu tiens toujours à ton idée ?
    – Comme je tiens à ma vie ! Je suis plus que jamais décidée à m’attacher à vous comme une tique tant que vous n’aurez pas satisfait à ma volonté qui est celle de mes frères du Paradis. J’attends de vous que vous m’équipiez, m’armiez et me confiez une petite escorte pour me conduire auprès du dauphin, à Chinon. Il y va de votre salut. Donnez-moi votre accord !
    Baudricourt se gratta la barbe en signe de perplexité.
    – Peut-être que oui, peut-être que non... Tu auras ma réponse demain, à quatre heures de relevée.
     
    À l’heure dite, elle heurtait à l’huis. Baudricourt se trouvait dans le logis central, seul, en train d’écrire son courrier du jour, une chandelle posée devant lui car la nuit était proche et le temps sombre. Il se leva en la voyant paraître, l’aida à se défaire de sa cape.
    – Tu as repris des couleurs, dit-il d’un ton jovial. Hier, tu nous as fait peur, avec ton visage blanc comme celui de la Sainte Vierge. On n’a pas idée de jeûner avec ce temps de chien !
    – Qui vous a dit que j’avais jeûné ?
    – Toi-même en refusant le pain et le vin qu’on t’offrait. Risquer sottement ta vie, jeune et belle comme tu l’es, c’est de la folie !
    – Passez outre, capitaine ! Nous avons à parler sérieusement.
    – Je suis ton homme.
    Baudricourt envoya l’un de ses gardes chercher une cruche de vin chaud, du pain et des noix. Il paraissait soucieux, nerveux, évitait de regarder sa visiteuse en face. Il dit en s’attablant, le dos à la cheminée :
    – J’ai réfléchi à ta demande et j’ai songé que je n’ai rien à gagner dans cette affaire. Je reste fidèle au dauphin, soit, mais je ne puis dégarnir ma garnison pour te permettre de satisfaire tes folies. Le mieux est que tu renonces à ce projet. Toi et moi, nous avons mieux à faire que nous engager dans cette aventure insensée.
    – Et quoi donc, je vous prie ?
    – Ce que font un homme encore jeune comme moi et une drôlesse jolie comme toi quand ils se plaisent.
    – Qui a dit que vous me plaisez ?
    Il cassa une noix entre le pouce et l’index, la lui tendit.
    – Tu me cours après depuis que tu as débarqué à Vaucouleurs. Mes sergents et mes hommes sont persuadés que tu es amoureuse de moi ! Ils en rigolent dans mon dos. Je ne les détrompe pas parce que ça me flatte. Depuis que j’ai vu tes seins, hier, j’en ai des vertiges. Alors je me suis dit que, si tu voulais bien...
    Jeannette se redressa lentement ; il la retint par le poignet, la serra contre lui, chercha ses lèvres. Elle l’écarta violemment.
    – Vous vous méprenez, Baudricourt ! Je suis pucelle et le resterai jusqu’à la fin de mes jours. Je n’ai rien non plus à gagner dans cette affaire, sinon la satisfaction d’obéir à mes voix. Elles me disent que vous aussi devez obéir.
    – Et mes voix à moi me disent d’avoir à me méfier. Alors, donnant, donnant : tu me cèdes et je consens à t’aider dans ton projet.
    – C’est non.
    – Eh bien, va au diable !
     
    En sortant de la citadelle, la mort dans l’âme, elle croisa un cavalier portant les armes de Lorraine qui s’arrêta pour la saluer. Ce signe d’attention lui procura un peu de réconfort.
    Laxart l’attendait chez le charron. Il revenait de Domrémy.
    – Ton père m’a parlé du mariage qu’il a projeté avec le procureur de Toul. Il commence à perdre patience. Si ta réponse ne lui est pas parvenue dans la semaine qui suit, il viendra te chercher.
    Jeannette s’assit au coin de la cheminée, la tête dans ses mains.
    – Je crois que je vais finir par céder, soupira-t-elle. Je ne peux rien obtenir de Baudricourt. Ce rustre a même tenté de me violer. J’attends un dernier conseil de mes voix. Si rien ne se produit,

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