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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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je reprendrai le chemin de Domrémy.
    – Il me plaît de te voir devenue raisonnable. Tes visions, tes voix, je peux te dire à présent que je n’y ai jamais cru vraiment. Je t’aime tant, ma Jeannette, que je n’ai pas voulu te contrarier et renoncer à t’aider. Tu peux commencer à préparer tes bagages pour le retour. Je viendrai d’ici quelques jours pour te ramener à ton père...

Orléans-Chinon, 1428
    Il n’avait pas été facile de faire admettre au régent Bedford que l’offensive vers le sud de la Loire devait avoir comme premier objectif Orléans. Il était plutôt d’avis que l’on fonçât sur La Rochelle en passant la Loire à Angers : c’est dans cette première ville que débarquaient les contingents écossais du dauphin. Le Conseil avait fini par le décider, en lui faisant valoir que, lorsqu’on pouvait entrer par la grande porte, il était ridicule de s’engager dans un soupirail.
    Qui allait commander cette expédition ? Le Conseil de régence voulait la lui confier. Il se récusa : d’autres charges le retenaient à Paris et il ne voulait pas risquer sa vie dans cette aventure, ce qui aurait eu des conséquences dramatiques.
    On avança les noms de Talbot, de Scales, de Gloucester. Ce fut Salisbury. Bedford envoya des émissaires l’arracher à ses terres de New Sarum.
    Thomas de Montagu, comte de Salisbury, connaissait bien la France. Quatre ans auparavant, ce jeune seigneur s’était mesuré, à Verneuil, aux Écossais du dauphin Charles et avait tiré quelque orgueil de sa victoire avant de revenir planter ses choux dans son domaine du Wiltshire, sur les rives de l’Avon.
    À la mi-juin, il débarquait à Calais avec quelques compagnies de yeomen pour participer à la réalisation du grand projet : achever la conquête de la France, ni plus ni moins. Ils ne pourrait disposer que de six mille hommes car, en plus de cette conquête, il fallait maintenir des garnisons importantes dans les territoires occupés, et notamment dans la Normandie rebelle.
    Avant de se porter sous les murs d’Orléans, Salisbury se fit la main sur quelques places fortes, enleva Chartres, Nogent-le-Roi, Châteaudun et Mehun-sur-Yèvre, résidence favorite du dauphin. Il dirigea ensuite son armée sur Orléans par un beau mois de septembre qui sentait les fruits mûrs. Il s’attarda à cueillir au passage quelques villes aimables : Marchenoir, Jargeau, Beaugency, Cléry... Autant de noms qu’il se plaisait à égrener comme une litanie.
    Devant Orléans il s’arrêta, interloqué.
    Il savait qu’il s’agissait d’une ville importante, bien remparée, et qu’il ne suffirait pas d’une démonstration de force pour lui faire baisser les ponts. Il chercha les faubourgs et ne trouva que des ruines calcinées : les bourgeois les avaient détruits afin que l’assiégeant ne pût s’y établir.
    – Par saint Georges ! jura-t-il. Voilà qui n’arrange pas nos affaires. Nous avons les meilleurs soldats d’Angleterre et nous allons devoir en faire des terrassiers ! Il va falloir édifier des bastilles pour encercler cette ville. Il nous faudra des mois pour y parvenir, en laissant des brèches dont profitera l’ennemi. Il faudrait cinquante mille hommes et des lieues de boulevards pour qu’aucun secours ne puisse pénétrer dans cette cité.
    Il harangua son armée rassemblée devant les Tourelles, un châtelet de vastes dimensions campé sur la rive opposée et qui donnait sur le pont dont les habitants avaient fait sauter quelques arches.
    Salisbury... Visage d’ange blond et coeur de fauve. Il s’était attaché à ses hommes et savait s’en faire respecter. Pourtant, ce qu’il leur annonça leur déplut : ils allaient, au lieu de combattre, devoir creuser et bâtir, ce qui supposait un siège de longue durée. Pour comble de déception, il neigeait et pleuvait dru, ce qui gênait le ravitaillement. Salisbury ne s’émut guère des murmures qui montaient de la troupe : il connaissait trop bien ses yeomen et sa piétaille pour savoir qu’ils se plieraient aux ordres.
    Tous se mirent au travail, face aux remparts d’où les gens d’Orléans les regardaient oeuvrer avec un sentiment de détresse. Ces bons bourgeois n’avaient à opposer à l’ennemi qu’une milice de boutiquiers et d’artisans qui complétait les effectifs modestes de la garnison. On avait demandé du secours au dauphin, mais il tardait à paraître. Les notables manifestaient quelque inquiétude quant aux

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