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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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en renfort.
    – Notre chance, dit maître Boucher, c’est que nous avons encore du blé dans nos greniers pour quelques semaines et qu’il nous est relativement facile de nous approvisionner, ce qui n’est pas le cas de l’ennemi. De plus, Salisbury risque d’être pris à revers par l’armée de secours du dauphin.
    – Rien n’est moins sûr ! bougonna le Bâtard. Le trésor de Charles est vide et il n’a pas d’armée digne de ce nom. J’ai le sentiment que nous ne devrons compter que sur nous.
    Si quelqu’un connaît bien le dauphin, c’est Dunois : ils ont été élevés ensemble, ont partagé une amitié sans nuages ; durant des années, ils ont sucé le lait aigre de l’exil, de la guerre, de la misère. Le Bâtard avait seize ans quand il a mis l’épée au côté pour aller défendre son cousin Charles contre les Bourguignons de Jean sans Peur qui avaient massacré son père rue Barbette. Le destin de la puissante maison d’Orléans est aujourd’hui entre les mains de ce fils illégitime du duc Louis. Il a hérité les goûts de son père pour la guerre et la séduction de sa mère, Mariette d’Enghien. À l’âge de dix-huit ans, il s’est battu comme un loup, à Baugé, avec les Écossais de Stuart contre les Anglais de Clarence et a été fait chevalier sur le champ de bataille. Peu après, il a épousé l’une des filles de Louvet, le ministre du dauphin, et l’a suivie dans l’exil de son beau-père. Peu après, tout feu tout flamme, il a retrouvé l’armée anglaise devant Montargis et a recouvré sa grâce auprès du cousin Charles. Lorsqu’il s’est présenté devant Orléans, il était d’une beauté sereine et virile, portant sur son écu le blason de la famille qu’il défend, avec la barre de bâtardise, et dans son coeur la volonté de lui redonner son lustre perdu.
     
    Dunois n’avait pas été long à faire le bilan de la situation.
    La ville développait une lieue de remparts épais de six pieds et hauts de trente ; elle était flanquée de cinq portes fortifiées, de trente-quatre tours ; la garnison n’était forte que de cinq cents hommes environ, mais les habitants, artisans et gens de métier n’hésiteraient pas à s’armer pour défendre leur patrimoine.
    Dunois s’intéressait tout particulièrement à l’artillerie. Accompagné de ses officiers, il inspecta chaque bouche à feu et en vérifia le fonctionnement. La ville en possédait une centaine : bombardes, couleuvrines, veuglaires, ribaudequins... De quoi faire un fameux feu d’artifice et brûler la barbe des Godons. Les munitions ne manquaient pas non plus : chaque nuit, des fardiers pénétraient dans la cité chargés de moellons extraits des carrières de Montmaillard, dont les maçons faisaient des boulets. Femmes et enfants étaient requis pour la collecte du soufre et du salpêtre destinés à fabriquer la poudre à canon, des flèches et de grands boucliers.
    On avait confié au Bâtard le commandement général des opérations. Il avait battu le rappel de ses anciens compagnons, de ses alliés, et avait vu se présenter le maréchal de Boussac, Saint-Sévère, ainsi que des chefs de bande comme La Hire, Poton de Xaintrailles et Florent d’Illiers, dont l’audace et le courage étaient à toute épreuve. Il avait fallu trouver à loger et nourrir cette ribaudaille ardente et turbulente ; les bourgeois s’en étaient chargés, mais en prenant la précaution de fermer à clé leur cave, leur cellier, et de veiller sur leurs femmes et leurs filles.
     
    Pour fêter l’édification de leurs premières bastilles, les Anglais s’en étaient donné à coeur joie.
    Le dimanche 17 octobre – ces gueux ne respectaient pas le jour du Seigneur ! –, ils avaient arrosé la ville d’une centaine de boulets de gros calibre. La pièce maîtresse de leur artillerie, le Passe-volant , installée rive gauche, à la bastille Jean-le-Blanc, crachait comme des noyaux de prune des boulets de près de cent livres. Ce premier bombardement n’avait fait qu’une victime : une pauvre vieille qui, de sa fenêtre, jouissait du spectacle.
    Un matin, Dunois reçut une délégation de meuniers venant lui demander de l’aide : les Anglais avaient entrepris d’abattre à coups de bombardes les moulins flottant sur le fleuve.
    – Qu’à cela ne tienne, leur dit le Bâtard, nous allons vous procurer les chevaux nécessaires à moudre votre blé en restant à l’abri.
    Les soucis s’accumulaient : des

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