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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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fit plus calme. Il soupira :
    – Jeanne, il faut me comprendre : je me méfie de toutes les femmes. Elles sont si changeantes... Aujourd’hui au ciel et demain au diable ! Varium et mutabile...
    Il essuya son visage en sueur avec le fond de son étole et laissa Jeanne partir avec sa bénédiction.
     
    – Il te reste beaucoup à apprendre avant d’entreprendre ce voyage, dit Colet de Vienne. Bertrand de Poulengy va t’enseigner les rudiments de l’équitation.
    Elle eût préféré que ce fût Josef Birkenwald , mais il patrouillait en compagnie de Robert de Sarrebruck dans le sud de la province.
    – Dis-toi bien, Jeanne, expliqua Bertrand, qu’aucun cheval ne ressemble tout à fait à un autre. Leurs caractères et leurs réactions sont imprévisibles, comme chez les femmes. Tu crois tout connaître de cet art qu’est l’équitation parce que tu as monté un bidet de campagne, mais tu ne sais rien. Regarde ce petit canasson à double croupe, fortement ensellé, bonasse avec sa grosse tête, son ventre rond, ses jarrets clos. Tu lui donnerais le bon Dieu sans confession et tu aurais tort. Il est vicieux comme cinq cents diables ! Ça se voit rien qu’à la façon qu’il a de te regarder. À la foire aux chevaux de Saint-Dizier, tu n’en tirerais pas quinze francs d’un connaisseur. En revanche, tu peux monter celui-ci.
    Ils le menèrent dans une prairie des bords de la Meuse. Jeanne le prit en main avec délicatesse, apprit à le commander par des coups de sifflet, des claquements de langue et des paroles aimables. Il se révélait maniable, puissant, facile à diriger de la bouche.
    – Ma foi, dit Poulengy, tu ne t’y prends pas trop mal. Mais attention, pas d’imprudence et pas de fantaisie ! Parle-lui à l’oreille, dis-lui que tu l’aimes, qu’il est le plus beau. Ça lui fera un plaisir fou. Évite les galops pour le moment. On ne sait pas ce qui pourrait lui passer par la tête. Il pourrait t’amener d’une traite jusqu’à Neufchâteau ! C’est un destrier, un cheval de bataille.
    Il ajouta, avec un sourire !
    – Il s’appelle Almanzor. Il est à toi. Cadeau de Baudricourt.
    Fière comme Artaban, radieuse, Jeanne passa une partie de l’après-midi à promener sa monture dans la ville, à la lancer au trot, puis à lui faire piquer un petit galop à travers un taillis, avec des voltes facétieuses pour éviter les basses branches. Almanzor, après quelques réticences, répondait merveilleusement à la main et aux genoux. Lorsque la cavalière lui caressait l’encolure en murmurant son nom, il dressait l’oreille et elle sentait entre ses cuisses, sous la robe couleur de gros sel, un frisson de plaisir.
     
    Sur les instances de Colet de Vienne et non sans avoir hésité, Jeanne décida de sacrifier sa chevelure : elle était opulente, sombre, avec des reflets d’ambre sous le soleil. Zabelle en était très fière et prenait plaisir à la peigner.
    Elle confia le soin du sacrifice à Catherine Le Royer. La brave femme eut un sursaut : une si belle chevelure ! Et pourquoi, Seigneur ?
    – Parce que, lui dit Jeanne, quand on part pour la guerre, il faut avoir l’apparence d’un soldat. S’il vous plaît, faites-moi la coupe à l’écuelle, qu’on voie les oreilles et la nuque.
    Lorsqu’elle entendit les premiers crissements des ciseaux, elle ne put retenir ses larmes. Catherine y mêla les siennes, promettant qu’elle garderait cette chevelure dans un coffret, comme une relique.
    – Il faudra aussi, ajouta Jeanne en se regardant dans le miroir, me procurer des habits, sans la moindre fanfreluche. J’ai essayé ceux de Laxart – trop étriqués – et ceux de Poulengy – trop grands.
    – J’en fais mon affaire, dit Catherine. Je connais des bourgeoises dont les fils ont ta taille. Je serais étonnée qu’elles refusent de te faire ce cadeau puisque c’est pour Dieu et le dauphin.
    Jeanne fit son choix dans le monceau de frusques qu’elle trouva sur son lit : une véritable garde-robe ! Il fallut durant des heures essayer, tailler, retailler, coudre, essayer de nouveau chemises, pourpoints, chausses, jusqu’aux souliers et aux houseaux qui allaient remplacer les coquets escarpignons de l’oncle. Elle prit beaucoup de plaisir à revêtir un gippon tenu par une vingtaine d’aiguillettes et un chaperon à franges.
    Conviés à admirer la tenue de Jeanne, Colet de Vienne et Bertrand de Poulengy firent effectuer quelques retouches puis conduisirent leur protégée à

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