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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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l’escorte composée depuis des jours.
    – Ce n’est pas demain matin que nous partirons, dit-il, mais ce soir. Baudricourt en est d’accord. Pour notre sécurité, nous voyagerons de nuit et nous nous reposerons dans la journée. Je ne veux pas que nous risquions de tomber sur une horde d’écorcheurs, d’Anglais ou de Bourguignons. Le pays en est infesté...
     
    Toute la population de Vaucouleurs s’était massée devant la grande porte de la citadelle, Catherine Le Royer au premier rang avec ses enfants. Elle stationnait là depuis le milieu de l’après-midi, sous un crachin glacé.
    L’escorte confiée par Baudricourt à la Pucelle se composait de deux volontaires, Jean de Metz et Bertrand de Poulengy, de deux servants, Julien et Jean de Honnecourt, d’un archer de la garnison, Richard. Colet de Vienne, qui connaissait le trajet mieux que quiconque, guiderait les voyageurs.
    – Dieu soit avec toi ! dit Baudricourt en embrassant sa protégée. Tu me pardonneras de m’être montré brutal et grossier.
    Il lui avait offert, en plus du cheval et de la selle, une bonne épée, une dague et des éperons d’argent. Alors qu’elle s’apprêtait à enfourcher Almanzor, il ajouta :
    – Va, ma fille, et advienne que pourra. J’ai la certitude que tu réussiras dans ta mission.
    La foule silencieuse agitait des branchettes de houx comme pour l’entrée du Christ à Jérusalem. Des femmes à genoux priaient et pleuraient. Durant des jours, elles avaient vu la Pucelle traverser la ville à cheval ou à pied, s’arrêtant pour leur parler, leur dire que rien n’était perdu, que l’espoir résidait en Dieu et qu’il fallait Lui faire confiance. Elles l’avaient aidée à revêtir des vêtements d’homme et en tiraient de la fierté.
     
    La petite troupe s’enfonça dans la pénombre en direction de l’occident, accompagnée sur un quart de lieue par les gens de Vaucouleurs. La forêt absorba le cortège, et le long voyage commença à la nuit tombée.
    Dans l’aube glacée de février, au lever du jour, on arriva aux abords du village de Saint-Urbain qui se groupait autour de l’église et du monastère. Colet de Vienne envoya Richard en éclaireur : la place était libre. On pansa les chevaux avant de les mettre à la pâture sous les hauts murs de brique qui limitaient le domaine des moines. Accueillis avec chaleur par l’abbé, les voyageurs allèrent se reposer dans des cellules donnant sur le bief du ruisseau qui faisait tourner un moulin.
    Alors que la nuit tombait, Colet donna le signal du départ. Tous étaient debout depuis des heures et lestés d’un solide repas. Les chevaux sellés, la ration d’avoine distribuée, il dit à ses compagnons de route :
    – Il nous reste plus de cent lieues à faire 1 . C’est dire qu’il ne faudra pas s’attarder à contempler les étoiles, d’autant qu’avec ce temps de chien et ce ciel bas... Nous devrions être, demain, dans les parages de Vouthon.
    – Ma mère est native de cette paroisse, dit Jeanne. Nous y avons encore de la famille.
    – Nous ne pourrons nous y arrêter. Tu devras renoncer aux effusions. Nous risquons des indiscrétions dangereuses pour la suite du voyage.
    Ce ne fut pas tous les matins qu’ils trouvèrent, comme à Saint-Urbain, le gîte et le couvert. Ils passèrent la plupart des journées consacrées au sommeil en pleine forêt, parfois dans des huttes de bûcherons et de charbonniers. Richard cherchait un emplacement favorable et, après une inspection minutieuse des environs, on campait, emmitouflés dans des couvertures et sous des abris de branchages, après avoir rompu le pain et taillé dans le jambon et le fromage.
    Les hommes prenaient la garde à tour de rôle. Un jour, sur le coup de midi, Jean de Metz éveilla Colet, lui désigna la crête d’une colline où se profilaient des silhouettes d’hommes et de chevaux.
    – Des routiers bourguignons, dit Colet. Ils sont faciles à reconnaître. Une chance que nous ne soyons pas tombés sur eux en cours de route !
    À l’issue d’une longue étape de nuit, ils trouvèrent asile dans une grange abandonnée et s’effondrèrent sur un tas de vieux foin, Jeanne restant habillée, comme ses compagnons, entre Poulengy et Jean de Metz. Elle ne se méfiait pas d’eux ; en revanche, elle avait à se garder de Richard ; elle n’aimait pas ses regards malsains, ses sous-entendus salaces. Un jour, elle dut se défendre : écartant sa couverture, il avait glissé la

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