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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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jusqu’ici, si vous avez pu rencontrer mon gendre, c’est que j’ai prêté la main au destin. Sans doute l’ignorez-vous, mais, depuis des semaines, je vous fais surveiller et protéger par mes gens. Si je vous révélais le nom de certains d’entre eux, vous en seriez fort étonnée...
    Elle la prit par la main et l’amena au-dehors. Une lune ronde et claire baignait le jardin où des crapauds sautillaient autour des flaques de pluie. Elles poussèrent jusqu’à une grosse tour : celle du Coudray qui avait jadis servi de prison aux Templiers.
    – Jeanne, dit Madame Yolande, vous avez passé triomphalement toutes vos épreuves. La première était ce voyage que vous avez accompli, m’a-t-on dit, sans faillir et en évitant les mauvaises rencontres. La seconde était cette entrevue avec le roi, et il semble que, là encore, vous ayez pleinement réussi : il suffisait de voir l’air resplendissant de ce pauvre Charles. Ce qui reste à accomplir de votre mission sera plus ardu et dangereux. Vous n’avez qu’une idée sommaire de la guerre, mais je sais que vous avez le don du commandement et du bon sens. Je continuerai à vous aider car je crois en vous. L’histoire que vous êtes en train d’écrire est en bon chemin. Encore faut-il en faire une légende. Le bon peuple aime à croire aux miracles. Nous allons lui en préparer, il vous faudra jouer le jeu. Y êtes-vous prête ?
    Jeanne prit un air renfrogné pour répondre :
    – Il appartient à Dieu seul d’accomplir des miracles, mais si ceux auxquels vous pensez peuvent m’aider dans ma mission, je suis prête à vous obéir.
    En retournant au Grand Logis, Jeanne se heurta presque à Colet de Vienne, qui lui dit d’une voix haletante :
    – Tu te souviens de ce garde qui t’a interpellée tout à l’heure ? Tu lui as annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir. Il vient de se noyer dans la Vienne...
     
    Le lendemain matin, lorsque Jeanne mit le nez à sa fenêtre, il y avait foule devant l’auberge des Deux-Colombes. À peine l’avait-on aperçue, des exclamations éclataient. On voulait la voir, l’entendre, la toucher. Elle alla réveiller Colet, protesta qu’elle n’aimait pas la foule, annonça qu’elle quitterait cet endroit.
    – Les nouvelles vont vite, dit-il, et il est difficile de les arrêter. Que tu le veuilles ou non, tu es devenue célèbre.
    – Je veux quitter cette auberge, échapper à ces curieux. Pourquoi le dauphin ne me logerait-il pas au château ?
    – Je crois qu’il y songe. Patiente un peu.
    Ce n’est pas au château que le dauphin fit conduire Jeanne mais dans un hôtel particulier du Grand-Carroi, chez une dame Reynier de La Barre qui vivait du produit de ses vignobles. Elle y passa deux jours comme dans un cocon, vêtue des habits de son sexe que la dame fit ajuster à sa taille. Elle constata qu’une chapelle se dressait dans le jardin : elle y passa des heures chaque jour, observa un jeûne sévère et sentit se creuser en elle une vacance de sentiments qui ressemblait au bonheur.
     
    C’est Madame Yolande elle-même qui vint chercher la Pucelle pour la ramener au château. La cloche que l’on appelait la Marie-Javelle sonnait dix heures lorsqu’elles franchirent la porte ouvrant sur la tour de l’Horloge où la reine de Sicile la laissa seule.
    – Une nouvelle épreuve vous attend, dit-elle. Il semble que vous ayez convaincu mon gendre, mais il reste beaucoup de sceptiques qui auraient préféré que vous restiez garder vos moutons. Mon enfant, vous dérangez beaucoup de monde, notamment ceux qui ne souhaitent pas voir les Anglais et les Bourguignons échouer devant Orléans. Vous allez avoir affaire aux gens du Conseil. Ils vont vous interroger et ne vous feront pas de cadeau. Alors, il faudra garder votre calme, leur répondre courtoisement.
    L’aréopage se disposa en demi-cercle autour d’elle qui avait pris place sur un tabouret, et l’interrogatoire débuta après un long silence. Jeanne répondit sans se troubler ni s’irriter, persuadée qu’en ces instants, peut-être, se jouait sa mission. Ses réponses fusaient, droites et claires comme l’eau de la fontaine aux Rains, aux questions qu’ils posèrent sur ses origines, sa vie à Domrémy, sa foi, ses projets.
    Les clercs se retirèrent pour se concerter, la laissant seule au milieu de cette grande salle froide et silencieuse.
    – J’ignore, dit Madame Yolande en revenant la chercher, si vous avez persuadé ce jury, mais je

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