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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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de Sicile. Tu ne tarderas pas à recevoir sa visite.
     
    Jeanne s’ennuie. Dans ce donjon du Coudray où le dauphin a demandé qu’on l’installât en attendant que l’on eût pris une décision à son sujet, les heures lui paraissent interminables. Le jour, entre ses prières, elle écoute chanter le coucou et, la nuit, dans ses insomnies, le rossignol. La diane sonnée par un merle interrompt un sommeil tardif.
    Elle déteste cette grosse tour ronde qui cache un dédale de souterrains où jadis, lui a-t-on raconté, avaient été enfermés des Templiers dont on peut lire, gravés sur les murailles, les noms et des dessins. Ce donjon, l’un des trois bâtiments que comporte la citadelle, est séparé des autres par un fossé et des maçonneries.
    Jeanne n’est pas captive mais rigoureusement surveillée par un gardien particulier, Guillaume Bellier, et son épouse, Anne de Maillé. Des servantes lui ont été affectées et veillent à ce qu’elle ne manque de rien.
    Madame Yolande vient chaque jour ou presque lui donner des nouvelles, la plupart du temps pour lui avouer qu’elle n’a rien de nouveau à lui apprendre. Il lui arrive, alors qu’elle observe le jardin de sa fenêtre, de voir le dauphin se promener en compagnie de l’un de ses conseillers : La Trémoille, Regnault, Gerson... Il s’interrompt pour respirer une rose, contempler du haut du chemin de ronde la Vienne brumeuse, les lourdes collines gorgées de pluie, les toitures scintillantes de la cité. Parfois, lorsqu’il lève les yeux vers la salle haute du donjon et qu’il aperçoit la Pucelle, il lui fait un signe de la main et lui adresse un sourire.
    Pour satisfaire leur curiosité, des gens de la cour viennent lui rendre visite. Ils la trouvent souvent en prière ou en train d’aider Anne de Maillé à filer la laine.
    Un jour, alors qu’elle s’exerçait à manier l’épée avec son page, Louis de Coutes, que le dauphin lui avait affecté, Madame Yolande lui fit signe d’interrompre ce jeu et de remonter avec elle dans sa chambre.
    – Pendant que nous étions à Poitiers, dit-elle, deux moines envoyés par le dauphin se sont rendus à Domrémy, à Vaucouleurs et à Neufchâteau pour enquêter sur votre compte. Ils sont de retour, je viens de l’apprendre, et ont remis à mon gendre un rapport des plus favorables. Voilà qui va faire lever ses derniers doutes. Il savait déjà que vous n’êtes pas une sorcière puisque vous êtes pucelle, ce dont j’ai témoigné. Aujourd’hui, il vient d’apprendre que vous êtes exempte de péché. Ce rapport pèsera lourd dans sa décision. Elle ne saurait tarder.
     
    Les certitudes du dauphin quant à la confiance qu’il témoignait à la Pucelle furent ébranlées par la lettre qu’il reçut de l’évêque d’Embrun, Jacques Gélu. Avec une véhémence de moine prêcheur, ce clerc dénonçait ce qu’il considérait comme une imposture. Comment le dauphin avait-il pu se laisser berner par cette garce « sortie du fumier » et envisager de lui confier une armée ? Il trouvait un écho dans l’opinion de La Trémoille qui, jugeant que l’on avait assez tergiversé, insistait pour que le dauphin renvoyât cette garce à ses moutons et que l’on se préparât à abandonner Orléans à son sort.
    Regnault, en revanche, hésitait à trancher. Il était trop tôt pour baisser les bras. Tant qu’il restait un espoir, aussi minime soit-il, de sauver cette ville, on ne pouvait le rejeter. Il ne croyait pas que Jeanne en fût capable, mais il se refusait à ignorer l’espoir qu’elle avait suscité.
     
    Avec sa rudesse habituelle, Madame Yolande écarta Guillaume Bellier qui veillait à ce que nul ne vînt importuner la Pucelle quand elle était en oraison. Elle s’écria d’une voix rauque :
    – Jeanne, j’ai une grande nouvelle à vous communiquer. Votre départ est imminent ! Monseigneur le dauphin a décidé de vous confier une armée et veut veiller en personne à la composition de votre maison militaire à laquelle j’ai moi-même mis la main.
    Elle aurait pour intendant Jean d’Aulon, une créature à la dévotion de la reine de Sicile ; il était pauvre mais discret, courageux et fidèle. Ses deux pages seraient Louis de Coutes et son frère Raymond, ses deux écuyers ceux qui l’avaient accompagnée à Chinon : Bertrand de Poulengy et Jean de Metz, dont elle n’avait qu’à se louer. Elle aurait pour hérauts Ambleville et Guyenne. Il fallait compter encore avec les

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