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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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deux frères de Jeanne qui, venus la rejoindre à Chinon, avaient demandé et obtenu de faire partie de sa maison et comptaient bien profiter de la fortune de leur cadette.
    – Jeanne, ajouta Madame Yolande, je me suis promis de veiller à ce que, dans votre mission, la légende et l’histoire se mêlent. Vous n’êtes pas un personnage ordinaire. Il faut conserver autour de vous cette auréole de mystère qui vous rend si attachante et que le peuple apprécie tant. Alors, voilà ce que je propose...
    Elle allait prendre la route d’Orléans sous la bannière du Seigneur, mais il lui faudrait aussi une épée qui soit un symbole. Celle dont Baudricourt lui avait fait présent était tout juste bonne, dit-elle, à faire du petit bois.
    L’autel de l’église de Sainte-Catherine-de-Fierbois, où Jeanne avait fait halte au cours de sa dernière étape, passait pour abriter la tombe d’un guerrier des anciens temps, inhumé avec son épée à laquelle la légende prêtait des vertus magiques. Madame Yolande avait eu cette révélation par des moines de passage dans la localité, qu’elle avait rencontrés à l’abbaye de Saint-Mexant, à Chinon.
    – Cette épée, dit-elle, il nous la faut. Je vais faire courir le bruit que vous avez eu une illumination, qu’une de vos voix vous a révélé la présence de cette arme. Je l’enverrai chercher par un armurier de Tours, que je connais et qui la remettra en état. Ce sera un miracle de plus qu’on vous attribuera et qui permettra de conforter votre position. Personne, pas même le dauphin, n’en sera informé. Ce sera notre secret.
    – On ne fabrique pas les miracles comme des meubles ! protesta Jeanne. Je refuse de me prêter à cette supercherie.
    – Vous avez tort, mon enfant. Cette supercherie ne peut que plaire à Dieu. Parlez-en ce soir à vos frères du Paradis : je suis persuadée qu’ils seront d’accord. S’ils se taisent, ce sera le signe qu’ils consentent.
    Jeanne passa une partie de la nuit en prière. Les voix se turent et Jeanne, quelques jours plus tard, alors que l’armée de la Loire était sur le point de se mettre en campagne, reçut des mains de Madame Yolande l’épée de gloire. Quand on la questionnait sur la présence de cette arme dans sa panoplie, elle répondait qu’une vision lui avait révélé sa présence à Fierbois.
    C’était une très vieille épée, un peu rouillée malgré les soins de l’armurier de Tours ; elle portait en haut de sa fusée cinq étoiles et cinq croix. Des bourgeoises se proposèrent de lui faire tailler un fourreau de broderie ; elle préféra une simple gaine de cuir.
    Pierre et Jean, ses frères, la déçoivent. Ils passent d’une auberge à une autre, proclamant qu’ils sont les frères de la Pucelle, racontant sur sa vie à Domrémy maints détails qu’ils enjolivent, déclarant qu’ils l’ont toujours soutenue dans sa mission, se parant d’un titre de lieutenant qui n’existe que dans leur imagination. Parfois le guet les recueille ivres dans la rue et doit employer la force pour les ramener au château. Ils viennent de temps à autre lui réclamer de l’argent qu’elle n’ose leur refuser après leur avoir fait la leçon. Lorsque sa bourse est vide, ils protestent ; elle doit exiger qu’on lui verse une solde confortable ; on ne peut la lui refuser ; à sa place, ils auraient déjà fait fortune !
    – Avec l’argent que tu aurais déjà dû amasser, lui dit Jean, tu pourrais revenir à Domrémy et acheter le château des Bourlemont.
    – Mon château à moi, répondit-elle, n’est pas de ce monde, et ce n’est pas avec des écus qu’on peut l’acheter.
    Ils se demandèrent de quel château elle parlait.
     
    Jeanne était arrivée à Chinon dans les premiers jours de mars ; le départ de l’armée en direction de Tours eut lieu à la mi-avril. C’était la fin d’un temps de longue patience. Elle avait déjà sa maison militaire ; elle eut son armée.
    Elle élut domicile à Tours dans la demeure d’un notable, Jean Dupuy, conseiller privé de Madame Yolande, qui la confia aux bons soins de son épouse, dame Éléonore de Paule, dont on disait qu’elle avait naguère joui des faveurs du dauphin. La foule l’attendait en agitant des palmes et de petits drapeaux aux fleurs de lys.
    – Vous ne pouvez partir pour Orléans dans cette simple tenue de voyage, dit la reine de Sicile. Il vous faut une armure et une bannière, sinon ça ne ferait pas sérieux.
    L’armurier

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