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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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participer à l’expédition. Elle confia cette intention au duc d’Alençon, qui sursauta.
    – Aurais-tu observé des désordres en cours de route ? Il faut me le dire. Je sévirai.
    Elle eut un mouvement d’impatience.
    – Tu sais bien ce dont je veux parler. Ces hommes que nous menons au combat sont pour la plupart des brigands mal repentis. À la première occasion, ils pilleront et se livreront à tous les excès imaginables. Moi, j’ai décidé d’en faire des soldats du Christ.
    Jean se prit la tête à deux mains en se demandant si la Pucelle avait tous ses esprits.
    – Cesse de rêver, Jeanne ! Ces brigands ne partent pas pour une croisade.
    – Vous avez dit le mot : c’est bien à une croisade que je pensais.
    Elle le pria de réunir avant le souper tous ses capitaines. Elle avait deux mots à leur dire.
    Elle leur en dit davantage au cours de cette réunion qui se déroulait dans les écuries abandonnées du manoir. Lorsqu’elle vit quelques-uns d’entre eux s’allonger dans la paille et boire au goulot de la gourde le vin volé aux gens du village, elle sauta sur le cul d’une charrette et s’écria :
    – En nom Dieu, levez-vous ! Je ferai renvoyer le premier qui me manquera de respect !
    Une voix rauque monta de l’assemblée. Étienne de Vignolles, qu’on appelait La Hire, écarta un groupe de soudards et s’avança en claudiquant, suite à une blessure, dans le tintement des clochettes qui ornaient son pourpoint.
    – Elle se prend pour qui, cette Pucelle, nom de Dieu ? s’écria-t-il. Elle n’a jamais tenu une épée de sa vie et elle veut nous mener à la bataille !
    Jeanne ne se laissa pas démonter par cette diatribe. Elle répondit d’une voix assez forte, afin que chacun l’entendît :
    – Toi, La Hire, prince des Écorcheurs, je te connais bien ! Tu es venu ferrailler en Lorraine et en Barrois, tantôt bourguignon, tantôt français, mais toujours prêt à te vendre au plus offrant. Si tu boites, ce n’est pas à la suite d’une bataille mais parce qu’une cheminée d’auberge est tombée sur ta jambe !
    Sous les éclats de rire qui montaient de l’assistance, La Hire, furibond, porta la main à la poignée de sa dague. Gilles s’interposa.
    – Chez nous, poursuivit Jeanne, on attache les clarines au cou des moutons et des vaches. Tu as dû en tuer, de ces pauvres bêtes, boucher, pour en orner ton pourpoint. Ton costume de baladin ne fait rire que les enfants. Toute l’armée se moque de toi.
    – Par la Mort-Dieu, rugit le brigand, cette garce me provoque ! Gilles, écarte-toi !
    Jeanne pointa le doigt vers La Hire en criant plus fort que lui :
    – Je t’interdis et j’interdis à tous de jurer le nom de Dieu, du Christ, de la Vierge et des saints !
    – Et sur quoi veux-tu que nous jurions ? lança une voix.
    – Je l’ignore. Tiens, tu pourrais jurer sur ton bâton, sur ton âne ou sur le diable. Le résultat sera le même et tu garderas ta place en Paradis.
    Elle laissa déferler autour d’elle des rires et des vivats avant de poursuire :
    – À dater de ce jour, vous êtes les soldats du Christ, des croisés. Vous renoncerez à jurer et à vous vautrer dans le péché. Demain, avant que nous reprenions la route, je veux que vous et vos hommes vous soyez passés par la communion et la confession.
    – Cela risque de retarder notre départ, dit Gilles.
    – Qu’importe ! Dieu n’est pas pressé.
    Comme les capitaines se retournaient pour partir, elle leur fit signe de rester.
    – J’ai autre chose à vous dire et qui ne vous fera peut-être pas plaisir : vous allez chasser de l’armée ces ribaudes qui vous accompagnent en croupe ou dans les chariots. Notre armée n’est pas un bordel ambulant. Si j’en vois une demain, je la fais jeter dans le fleuve !
    Il y eut des murmures. On entendit la voix rauque de Poton de Xaintrailles lancer, avec un lourd accent de Guyenne :
    – Jeanne, tu exagères ! Nous ne pouvons nous passer de ces garces. Il en est ainsi depuis toujours et il en sera toujours ainsi. La femme est le repos du guerrier. Alors, laisse-nous nos ribaudes.
    – Là où nous allons, répondit Jeanne, tu n’en auras pas besoin. Si tu t’obstines à garder la tienne, ce sera comme si tu avais un Godon attaché dans ton dos. Maintenant retirez-vous, mes amis, et faites de la manière qui vous plaira vos adieux à ces catins.
    Ils se retirèrent avec des regards de chien battu et des grognements.
    – Eh bien, dit Jean d’Alençon, tu

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