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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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capable ! dit-il dans un grand rire.
    Ce Conseil, elle s’en méfiait : elle y était rarement convoquée et ce mépris la mettait hors d’elle. Jeanne, tenue à l’écart des décisions importantes... Jeanne qui, par sa seule présence, venait de renverser la situation et de faire renaître l’espoir dans la population et dans la troupe...
     
    Le lendemain matin, alors qu’elle dormait encore, un branle-bas secoua la demeure de maître Boucher. Jeanne s’éveilla en sursaut et constata que la ville était sens dessus dessous : un corps de milice venait de franchir la porte de Bourgogne sous la conduite de La Hire pour attaquer la bastille de Saint-Loup située rive droite de la Loire, sur la route de Gien, isolée du reste du système défensif.
    – Réveillez mon écuyer ! cria-t-elle. Charlotte, dis-lui de venir m’armer sur-le-champ !
    Encore ensommeillé, Louis de Coutes demanda ce que la Pucelle lui voulait :
    – Ma cuirasse, mes armes, vite ! Réveille-toi, paresseux ! Le sang français est en train de couler et je suis encore là !
    Revêtue de sa cuirasse, montée sur Pollux, elle constata qu’elle avait oublié sa bannière ; Louis la lui passa par la fenêtre. Elle traversa en trombe le centre de la ville et se retrouva porte de Bourgogne devant un spectacle hallucinant : on ramenait des blessés et des morts. Elle piqua des deux vers la mêlée mais arriva pour constater que la bataille était terminée. La bastille que l’on venait d’enlever brûlait comme une meule de paille.
    Elle envoya Gilles de Rais, qui venait d’arriver avec un corps de piétons, effectuer une manoeuvre de diversion sur les bastilles opposées afin d’éviter une contre-attaque.
    – Épargnez les prisonniers ! criait-elle.
    Ils étaient en grand nombre, assis dans l’herbe, au milieu des blessés et des morts sans confession. Une pitié ! Elle passait d’un blessé à un autre pour leur apporter des paroles de réconfort, assurait aux prisonniers qu’il ne leur serait fait aucun mal, qu’elle s’en portait garante. Elle se dirigea vers le frère Pasquerel qui restait immobile, les bras ballants, devant le carnage sur lequel passaient des souffles de feu.
    – Eh bien, lui cria-t-elle, qu’attends-tu pour faire ton service ! On ne laisse pas mourir des soldats sans confession !
    – Cela n’est pas facile... bredouilla-t-il. Je ne parle pas leur langue...
    Pour Jeanne, c’était sa première bataille et elle n’y avait pas participé : une fois de plus on l’avait tenue à l’écart. Mais qui ? Le coeur au bord des lèvres, une grosse colère bourdonnant sous son crâne, elle se précipita vers le domicile de Dunois, qui blêmit en la voyant surgir comme une tornade.
    – Bâtard ! cria-t-elle. Tu m’as trahie ! C’est toi qui as eu l’idée de cette attaque. Tu t’es bien gardé de m’en avertir...
    – Je l’ignorais comme toi, dit-il. Si j’en crois la rumeur, ce sont les bourgeois qui ont pris la décision d’attaquer cette position. Les gardes ont tenté de les arrêter, mais ils étaient trop nombreux et ils avaient La Hire à leur tête. Ils ont dû le payer pour qu’il prenne le commandement. Je lui en demanderai raison.
    – En nom Dieu, oui ! dit-elle. Il faut tirer cette affaire au clair. Il ne peut y avoir dans cette place plusieurs chefs de guerre qui tirent à hue et à dia.
    – Je n’oublierai pas de régler leur compte aux responsables, Jeanne, mais il faut parer au plus pressé. Je viens d’apprendre que Falstaff a quitté Paris depuis trois jours et qu’il marche sur nous...

Orléans, mai 1429
    Les insultes de Granville et de Glasdale lui étaient restées en travers de la gorge. Elle s’agitait furieusement dans son sommeil, s’éveillait en criant qu’ils allaient voir de quel bois elle se chauffait, si elle était une fille à soldats, une putain ! Charlotte la prenait dans ses bras, la berçait comme elle le faisait de ses poupées, essuyait la sueur de son visage, la rassurait : non, Jeanne n’était rien de ce qu’ils disaient, c’était une sainte fille, une Fille Dieu...
    Le jour de l’Ascension, la Pucelle se leva avant l’aube et courut chez Dunois pour que l’on ne déclenchât pas d’attaque ce jour-là afin de ne pas offenser le Seigneur.
    – Je regrette, dit le Bâtard, mais il faut battre le fer tant qu’il est chaud. La prise de la bastille de Saint-Loup a causé la panique chez les Anglais. Il faut en profiter.
    – En nom Dieu, Bâtard, nos

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