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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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connu une semblable attirance pour une charmante voisine, plusieurs années auparavant.
    — Cela y ressemble. Leur attitude peut aussi simplement tenir au
    fait
    qu’ils
    n’ont
    pas
    connu
    une
    présence
    féminine bienveillante depuis un moment, si j’excepte ma mère.
    — Cette infirmière, c’est garde Murphy ?
    — Oui. Elle m’a été recommandée par le Jeffrey Haie.
    — Elle a séjourné chez des patients de papa. Une main ferme sous des airs gentils et affables. Les gens se sont montrés très satisfaits.
    Fernand acquiesça. Cela décrivait bien la nouvelle venue dans sa maison.
    — La convalescence suit son cours. Dans deux semaines, elle partira. Je souhaite juste que son départ n’entraîne pas une dégradation du comportement d’Eugénie avec les enfants...
    — Et toi, comment vis-tu tout cela ?
    — Je la vois comme une âme malheureuse. Je lui souhaite de trouver
    la
    paix.
    Dans
    le
    passé,
    la
    fréquentation
    assidue de son conseiller spirituel ne la lui a pas apportée.
    Tu vois, cela aussi m’étonne un peu: depuis la mauvaise nouvelle, elle n’a pas essayé de le faire venir à son chevet.
    Dans le salon, à la radio, un annonceur commença la lecture d’un bulletin de nouvelles.
    — J’aimerais bien recommencer, dit l’homme en approchant les lèvres du pubis de sa compagne, mais voilà le signal.
    — Recommencer? Je me doutais bien que ce cœur n’allait pas si mal.
    Elise souriait en lui caressant le dos. Elle aussi estimait que le temps leur était trop chichement compté. Après une dernière étreinte, ils quittèrent le lit et entreprirent d’enlever les draps.
    — Tu crois qu’elle sait, pour toi et moi ?
    Fernand demeura un moment songeur, puis il expliqua :
    — Elle se doute bien qu’il y a quelqu’un. Elle ne soupçonne pas que ce soit toi, j’en suis à peu près certain.
    — Et ce doute ne la met pas en colère ?
    — Tu ne la prives de rien de ce qu’elle ait voulu. D’un autre côté, que je sois heureux ne semble plus alimenter sa rage. Comme si elle apprenait le «vivre et laisser vivre».
    Après avoir refait le lit et être passé à la salle de bain pour une toilette sommaire, l’homme quitta sa maîtresse non sans une longue
    étreinte.
    Ensuite,
    Elise
    profita
    longuement
    de la petite baignoire en bénissant de nouveau Thalie pour sa gentillesse.

    *****
Trouver un prétexte pour assister à la messe à la cathédrale ne posait aucune difficulté. Pour Thérèse, les activités proposées par le Petit Séminaire demeuraient à la fois lointaines et mystérieuses. Aussi, le dimanche matin suivant, Jacques se tenait assis sur un banc du petit parc situé en face de la pension
    Sainte-Geneviève,
    son manteau
    soigneusement
    fermé autour de son cou, un chapeau de feutre sur la tête.
    Un peu avant neuf heures, en même temps que certains de ses locataires,
    Elisabeth
    sortit
    de
    la
    bâtisse,
    longue
    silhouette élégante dans son paletot bleu royal, un chapeau perché sur la lourde masse de ses cheveux d’un blond sombre. Le garçon quitta son banc pour suivre le petit groupe en se tenant à bonne distance.
    Tout ce beau monde se dirigeait vers la basilique Notre-Dame.
    Jacques
    contemplait
    les
    gens,
    les
    vêtements
    de
    qualité, les visages satisfaits de personnes imbues de leur propre importance. Si on ne l’avait pas confié à des mercenaires, il se serait trouvé parmi eux, promis à une belle carrière par la seule grâce des contacts de la famille.
    Arrivée sur le parvis de l’église, Elisabeth Picard remarqua un couple remontant la rue de la Fabrique. Elle salua ses pensionnaires et attendit ces deux personnes.
    — Marie, dit-elle en lui prenant les mains pour lui faire la bise, je suis heureuse de te revoir. Comment vas-tu ?
    — Je rêve. Je dois avoir lu tous les guides de la librairie Garneau sur l’Angleterre et la France. Maintenant, la date du départ me semble si lointaine, les jours si longs.
    — Je t’envie, tu sais. Compte tenu des circonstances particulières de mon voyage, je n’en ai pas vraiment profité à l’époque.
    Debout à deux pas, l’oreille tendue pour ne rien perdre de la conversation, Jacques ne se doutait pas qu’il avait été au cœur de ces « circonstances ». « Bien sûr, songea-t-il, ces gens vont en Europe. »
    — Paul, enchaîna Elisabeth, la main tendue vers le compagnon de son amie, votre présence au cabinet ne vous pèse pas trop ?
    — Je dois avoir visité toutes les

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