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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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l’ai vu dans ce hameau 25 .
    Ces découvertes à l’esprit, Fourier commence à voir enfin le
comportement de ses nièces sous un jour nouveau. Il avait d’abord été attiré
par Hortense parce qu’elle semblait avoir toujours été la dupe ou la victime de
ses amants. Il se rend compte aujourd’hui que c’est elle, en réalité, qui
tirait les ficelles et mystifiait son monde. « Elle était la meneuse des
intrigues, traitant les affaires galantes avec une rare intelligence. » Cela ne
fait que la rendre encore plus désirable. Elle en sait long sur les affaires
d’amour. Elle serait d’une aide inestimable dans la composition du traité.
Jusqu’à ses insultes qui trahissent son immense talent satirique.
    Au fur et à mesure que l’année passe, Fourier commence à
regretter d’avoir perdu Hortense et ses conseils. Sans son aide, il est tout
bonnement incapable de se mettre au travail sur son Grand Traité. Il faut
pourtant qu’il aille au-delà des préliminaires qui ont occupé le plus clair de
son énergie à Talissieu. C’est ainsi que, peu après son retour de Lyon, il
s’embarque dans la composition d’un travail assez modeste, une suite aux Quatre
Mouvements, qu’il espère publier « sur la fin de 1817 » et « ailleurs qu’en
France ». Il parle alors hardiment de s’adresser à des riches philanthropes -
le comte de Mérode à Bruxelles, le comte Marescalchi à Milan, Pourtalès à
Neufchâtel - ou à des « princes dépossédés et inclinant à croire que tout n’est
pas pour le mieux en ce monde 26 ».
Ces espoirs fous le soutiennent pendant quelques mois, mais il n’en sort rien.
Finalement, toute cette année 1816 aura été gaspillée, « moitié en études
préparatoires et débrouillements de manuscrits, moitié en travail presque
inutile sur un plan trop restreint 27 ».
    Il ne fait pas de doute pour Fourier qu’Hortense (« en [lui]
enlevant une illusion qui [le] stimulait ») est la « véritable cause » de son
échec. Il ne parvient pas toutefois à se défaire de cette illusion. Il continue
à espérer qu’en promettant à sa nièce de retourner au commerce et de partager
ses gains avec elle, il pourra s’assurer son aide et aller de l’avant avec son
traité. Mais elle refuse, ne voyant apparemment dans son offre qu’une
proposition amoureuse, tortueuse et sans grande séduction.
    Quand vient l’automne, l’amour de Fourier pour sa nièce a
commencé à s’estomper, mais dans l’intérêt de son œuvre à faire et pour garder
un certain calme mental, il s’acharne encore à établir de bonnes relations avec
elle. Il s’ouvre à elle du penchant qu’il éprouve désormais pour une de ses
amies, espérant par là obtenir d’elle des détails sur les intrigues amoureuses,
où elle s’est par le passé montrée si experte. En vain : parfois, elle paraît
sur le point de répondre à ses ouvertures, mais ce n’est que pour, dans la
minute suivante, lui infliger les injures les plus sarcastiques. L’éclat le
plus humiliant se produit un matin lorsque, arrivant au petit déjeuner, il
trouve Hortense en compagnie de deux femmes. Voyant que ce n’est que son oncle,
Hortense s’écrie avec dédain : « Qu’est-ce que ça ? Ce n’est pas un homme : il
me faut des hommes de cinq pieds huit pouces, à larges épaules. Qu’on m’aille
chercher un homme! Va-t-en, Emilie. Appelle Hippolyte 28 .» C’est plus qu’il ne peut endurer.
    A la fin de l’année, Fourier décide finalement de quitter
Talissieu et fait des plans pour se retirer chez les Parrat-Brillat à Belley.
Le jour de l’an 1817, il fait une dernière tentative pour se réconcilier avec
Hortense. Une fois encore, il cherche à la recruter pour le traité. Nouveau
refus, accompagné d’un « torrent d’injures », auquel cette fois Fanny ajoute
son grain de sel. Il en a assez. Le 15 janvier, il explique à ses amis que
c’est fini : il ne veut plus retourner dans le commerce. Il fixe à mars la date
de son départ.
    Le soir du 26 janvier, une confrontation se produit qui accélère
les événements. Ayant mal à l’estomac, il a bu de l’eau-de-vie toute la soirée.
Les jeunes filles lui reprochent d’être saoul. Il éclate de rage. Il explose en
une boutade : « J’ai répondu à six mois d’insultes par un quart d’heure de
vérités amères. J’ai riposté au sobriquet habituel de “ vieux coquin ” par la
contre-vérité, par le titre de “jeunes coquines”.» Le lendemain, les

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