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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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leurs femmes, de leurs enfants et de leurs créanciers légitimes . Le 29 du même mois, elle prit une décision à peu près semblable sur les ecclésiastiques réfractaires   ; ceux-ci furent tenus de prêter le serment civique sous peine d’être privés de leurs pensions et d’être suspects de révolte contre la loi. S’ils le refusaient de nouveau, ils devaient être surveillés étroitement   ; s’il survenait des troubles religieux dans leurs communes, ils devaient être traduits au chef-lieu du département, et s’ils y avaient pris part en prêchant la désobéissance, ils étaient passibles d’une détention.
    Le roi sanctionna le premier décret concernant son frère   ; il mit son veto sur les deux autres. Il avait désavoué l’émigration peu de temps auparavant par des démarches publiques, et il avait écrit aux princes émigrés pour les rappeler dans le royaume. Il les y avait invités, au nom de la tranquillité de la France, de l’attachement et de l’obéissance qu’ils lui devaient comme à leur frère et comme à leur roi   ; il leur disait en finissant cette lettre   : « Je vous saurai gré toute ma vie de m’avoir épargné la nécessité d’agir en opposition avec vous, par la résolution invariable où je suis de maintenir ce que j’ai annoncé. » Ses sages invitations n’avaient été suivies d’aucun résultat   ; mais Louis XVI, tout en condamnant la conduite des émigrés, ne voulut pas donner son adhésion aux mesures prises contre eux   : il fut soutenu dans son refus de sanction par les constitutionnels, et par le directoire du département. Cet appui ne lui fut pas inutile dans le moment où il paraissait, aux yeux du peuple, complice de l’émigration, où il excitait le mécontentement des Girondins, et se séparait de l’assemblée. Il aurait dû s’unir étroitement à eux, puisqu’il invoquait la constitution contre les émigrés dans ses lettres, et contre les révolutionnaires par l’usage de sa prérogative. Sa position ne devenait forte qu’en souscrivant de bonne foi à la première révolution, et en faisant sa propre cause de celle de la bourgeoisie.
    Mais la cour n’était pas aussi résignée   : elle attendait toujours des temps meilleurs, ce qui l’empêchait d’agir d’une manière invariable, et lui faisait porter ses espérances de tous les côtés. Elle continuait d’entretenir des relations avec l’Europe, disposée dans certains moments à accepter l’intervention étrangère   ; elle intriguait avec les ministres contre le parti populaire, et se servait des Feuillants, quoiqu’avec beaucoup de défiance, contre les Girondins. Ses principales ressources à cette époque étaient dans les petites menées de Bertrand de Molleville., qui dirigeait le conseil, qui avait établi un club français dont il soldait les membres, qui achetait les applaudissements des tribunes de l’assemblée, qui espérait, par cette contre-façon de la révolution, vaincre la révolution véritable, et dont le but était de jouer les partis, et d’annuler les effets de la constitution en l’observant littéralement.
    Avec ce système de conduite, la cour eut même l’imprudence d’affaiblir les constitutionnels, qu’elle aurait dû renforcer   ; elle favorisa, à leurs dépens, la nomination de Pétion à la mairie. Par suite du désintéressement dont avait été saisie la précédente assemblée, tous ceux qui avaient exercé sous elle des emplois populaires s’en démirent successivement. La Fayette avait déposé le commandement de la garde nationale, et Bailly venait de renoncer à la mairie   ; le parti constitutionnel proposait La Fayette pour le remplacer dans ce premier poste de l’état, qui, en permettant d’exciter ou de prévenir les insurrections, donnait Paris à ceux qui l’occupaient. Jusque là il avait appartenu aux constitutionnels, qui par ce moyen avaient réprimé le mouvement du Champs-de-Mars. Ils avaient perdu la direction de l’assemblée, le commandement de la garde nationale   : ils perdirent encore la municipalité. La cour porta sur Pétion, candidat des Girondins, toutes les voix dont elle disposait. « M. de La Fayette, disait la reine à Bertrand de Molleville, ne veut être maire de Paris que pour être bientôt après maire du palais. – Pétion est jacobin, républicain, mais c’est un sot incapable d’être jamais un chef de parti. » Cette nomination devint bientôt décisive en

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