Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
Vom Netzwerk:
riches semblait particulièrement brillante et prospère, les troubles ne manquaient pas. A la fin du xe siècle déjà apparaissent dans la capitale des signes de misère et de désordre, des abus auxquels le gouvernement est incapable de remédier. Aux fruits de la faillibilité humaine s’ajoutaient de constantes épidémies qui, comme la peste dans la plupart des sociétés médiévales, échappaient complètement au contrôle du pouvoir civil. Les chroniques et journaux intimes de l’époque relatent de multiples occasions où des services d’intercession furent célébrés, et des amnisties accordées, dans l’espoir de détourner ou d’apaiser des désastres naturels. Les moines batailleurs du mont Hiei ne disaient pas grand-chose pour encourager la pratique de ces qualités de bonté et de tolérance que prescrivait leur religion ; au contraire, leur arrogance paraissait sans limite : comme les membres d’autres sectes, ils armaient leurs propres troupes et s’efforçaient, souvent avec succès, de plier la cour à leur volonté par des démonstrations de force dans les rues de la capitale, et, plus généralement, en misant sur la crainte de leurs lidcles superstitieux. L’immense monastère de l’Enryakuji, sur le mont Hiei, était en mesure de lever plusieurs milliers d’hommes, et d’autres établissements disposaient d’effectifs similaires. On raconte ainsi qu’en 1113, le Kôfukuji, célébré monastère de Nara, envoya une armée de 20000 hommes contre l’Enryakuji.
    Ces activités belliqueuses peuvent sembler n’avoir qu’un lointain rapport avec l’histoire de la foi religieuse, mais les circonstances qui les amenèrent constituent un commentaire extrêmement intéressant à la fois sur l’incapacité du gouvernement central à faire respecter son autorité et sur le caractère de l’ancien bouddhisme de Heian, ou disons des Fujiwara, et les causes de sa décadence. Une étude de ce processus, au cours duquel la montée d’une puissance matérielle s’accompagna de son déclin moral, explique en bonne partie le succès des évangiles plus populaires qui commencèrent à se répandre aux environs de l’an mille.
    Après qu’en 806 le grand innovateur Saichô eut fondé le quartier général du Tendai, une série d’abbés lui succédèrent, qui portaient le fier titre de Tendai zazu (chef abbé). En partie à cause de sa proximité de la capitale et en partie à cause de l’esprit de ses dirigeants, le tendai dépassa le shingon en influence, et devint en 827 un siège d’ordination (kaidan) de la même importance que le Tôdaiji de Nara. Le célèbre Ennin, dont nous avons déjà raconté le pèlerinage en Chine, et Enchin, son successeur, en furent les abbés les plus éminents. Ennin resta vingt ans zazu du mont Hiei, et pendant cette période, il fonda le monastère d’Onjôji (plus connu sous le nom de Miidera) au pied de ce même mont, sur le rivage du lac Biwa. Enchin en fut nommé abbé en 873, à une époque où Ennin était très en faveur à la cour et jouissait de l’appui du clan Fujiwara. Le prestige du Tendai était donc immense. Mais avec le temps, des divergences de vues apparurent entre les disciples d’Ennin et ceux d’Enchin, et celles-ci aboutirent à un schisme, qui divisa la secte en deux : le Sammon, ou ordre de la Montagne, à l’Enryakuji, et le Jimon, ou ordre de l’Église, à Miidera. Ces noms, purement topographiques, ne traduisent aucune divergence religieuse. D’ailleurs, il ne semble pas qu’il y ait eu de vrai ; division sur un point de doctrine, mais seulement une sordide affaire de jalousie, exacerbée peut-être par un conflit portant sur l’importance à donner à l’aspect mystique du bouddhisme, qu’Ennin envisageait d’introduire dans l’enseignement et dans la pratique du Tendai. Quoi qu’il en fût, après la mort d’Enchin, en 891, le désaccord aboutit à une franche rupture entre les deux ordres, ainsi qu’à d’occasionnels recours à la force. C’est alors que les grands monastères se mirent à employer régulièrement des gardes ou hommes de main connus sous le nom d’akusô, ou mauvais moines, qui constituèrent peu à peu de véritables armées.
    L’intérêt particulier de ce phénomène réside dans l’intensité d’une rivalité ecclésiastique qui déboucha sur une guerre ouverte parmi les grandes fondations monastiques. Ceux qui s’intéressent à l’histoire du Japon sont généralement

Weitere Kostenlose Bücher