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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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l’histoire religieuse, mais ses grands traits méritent ici quelque attention dans la mesure où ils mettent en lumière les idées religieuses du peuple japonais. Le fait exceptionnel est la survie d’un culte primitif et apparemment faible. Étant donné que le bouddhisme était une grande puissance, matérielle aussi bien que spirituelle, il paraît naturel d’attribuer la survie des idées et des institutions élémentaires du shintô à une tolérance et à une magnanimité particulières de la part du bouddhisme. Mais on pourrait également dire que grâce aux Japonais, dont la pensée religieuse était portée au compromis, le bouddhisme parvint sans grande difficulté à s’entendre avec le shintô. Les chefs religieux du Japon cherchaient plus volontiers les points d’entente que les motifs de désaccord. On peut d’ailleurs y voir une expression d’indifférence plus que de tolérance, et il est vrai qu’en général les questions religieuses semblent n’avoir suscité que peu d’antagonisme parmi les Japonais. Mais le désir de trouver un terrain commun, la tendance à considérer des points de vue différents comme autant d’aspects d’une unique vérité, est un trait positif qu’on ne peut écarter comme un simple manque d’intérêt.
    Quelles qu’en soient les raisons, le fait est que le shintô montra une faculté de conservation remarquable. Il ne résista pas activement au bouddhisme. mais, en restant passivement fidèle à lui-même, il évita d’être balayé par le bouddhisme. En réalité, ce fut le shintô qui, à certains égards, imposa des changements, pas très grands mais pourtant significatifs, au bouddhisme tel qu’il évolua dans le cadre japonais. Il ne fait aucun doute que des préconceptions shintoïstes furent adoptées par les bouddhistes, notamment en ce qui concerne la vénération des ancêtres, qui occupait une place si importante dans le culte shintoïste que le bouddhisme japonais fut obligé de le prendre en considération.
    Une fois admis que les dieux indigènes étaient les « protecteurs » du bouddhisme, on finit par en arriver à un accord parfait entre les deux religions. Le processus prit plusieurs siècles, durant lesquels le shintô même continua de jouer un rôle important dans la vie nationale. Malgré l’influence du bouddhisme, il resta religion d’État. Les rites traditionnels étaient régulièrement accomplis à la cour, et des princesses vestales étaient au service des grands sanctuaires d’Ise et de Kamo. Quoiqu’ils fussent presque fanatiques dans leurs pratiques bouddhiques, les régents Fujiwara ne négligeaient pas leurs sanctuaires familiaux de Kasuga, Yoshida et Ôharano, les fêtes de Kamo, Iwashimizu et autres hauts lieux du shintô, étaient célébrées avec beaucoup d’éclat, et il arrivait que l’empereur y assiste en grande pompe. En fait, les cérémonies religieuses étaient parfois d’une telle extravagance que le gouvernement tenta d’en contenir les excès en ordonnant au kebiishi-chô d’intervenir. Mais celui-ci ne prit aucune mesure tant il répugnait à se mêler des questions religieuses.
    Il serait pourtant faux d’imaginer que le shintô prospéra tout au long de l’époque de Heian, car il eut ses hauts et ses bas, et dut faire d’importantes concessions au bouddhisme. Parmi les membres les plus raffinés de la société citadine, la foi accusa un déclin au profit de la philosophie chinoise et de la pratique du yin-yang. Certains gouverneurs de province négligeaient les rites, et au milieu du Xe siècle, les courtisans se cherchaient des excuses pour ne pas assister aux cérémonies shintoïstes. Parmi les documents contemporains, on trouve des édits menaçant de réduire les émoluments de ceux qui se rendent coupables de pareilles négligences, et par ailleurs, un ouvrage nous apprend que Michinaga réprimanda maint fonctionnaire pour des fautes de ce genre. Mais le témoignage peut-être le plus surprenant est un passage du journal de Sarashina (vers 1060), où l’auteur prétend ne pas savoir qui est Amaterasu Omikami – la déesse du Soleil ! Une explication à ce genre d’attitude nous est fournie par un propos attribué à l’une des filles de l’empereur Murakami (946-967), qui, bien que princesse vestale au sanctuaire de Kamo, formula le regret que sa situation l’empêchât d’invoquer le nom d’un bouddha. C’était une adoratrice d’Amida, et il semble que la foi

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