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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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l’influence des clans guerriers. Du moment qu’un empereur cloîtré avait dû s’en remettre à ces clans pour qu’ils assurent sa protection, comme ce fut le cas lors des troubles de Högen, en 1156, il était inévitable que le contrôle effectif du gouvernement, hors des affaires purement cérémoniales, aboutît aux mains des chefs militaires. Cependant, comme ces derniers n’étaient pas unis mais séparés par des questions de rivalité et de jalousie, la domination de la classe militaire ne fut complète que quand les grands militaires eux-mêmes eurent réglé leurs différends.
    Ainsi, après 1156, l’histoire politique du Japon fut dominée pendant des décennies par les luttes opposant les deux plus grands clans militaires : les Taira et les Minamoto. Tour à tour, les hasards de la guerre et de l’intrigue les favorisèrent l’un et l’autre, mais pour finir celui des Minamoto l’emporta (1185). Le clan Taira fut alors détruit, et ses terres confisquées. Le chef des Minamoto établit son autorité sur l’ensemble du pays, puis fonda une dynastie féodale plus puissante et plus stable qu’aucune des précédentes classes dirigeantes.
    Pour comprendre les événements qui conduisirent au féodalisme japonais, il faut revenir loin en arrière pour étudier les origines de la classe guerrière, composant principal de la société féodale, et notamment sa base économique, car comme tous les grands phénomènes de l’histoire du Japon, celui-ci est étroitement lié à la possession de la terre et à la production du riz. Le déclin du gouvernement de l’aristocratie métropolitaine commença par des dérogations au système foncier fondé sur le nombre de bouches de chaque maisonnée. La survie du gouvernement dépendait de ce système, puisqu’il avait pour but de procurer à la Couronne des revenus et des troupes, tout en limitant la puissance de ces clans qui rivalisaient avec la Maison impériale en prestige et en ambition.
    Cette division égalitaire des moyens de production se détériora (pour des raisons expliquées dans les chapitres V et VI) et fut peu à peu remplacée par un système de type seigneurial, dans lequel des domaines de dimension considérable étaient aux mains de grands propriétaires fonciers, qu’il s’agit d’individus ou d’institutions, jouissant d’exemptions fiscales et juridictionnelles plus ou moins importantes. En réalité, même si théoriquement ce n’était pas le cas, ces propriétaires exerçaient sous des couverts variés des droits qui, légalement, étaient la seule prérogative de la Couronne.
    Ces empiétements sur le domaine public demeurèrent limités jusqu’au moment où le besoin de nourriture augmenta avec la population des provinces centrales, et où il fallut étendre le domaine cultivé. En 722, le gouvernement répondit à cette situation par un acte ordonnant qu’un million et demi d’hectares de nouvelles terres à riz fussent mises en culture, dont le défrichement serait encouragé par de substantielles réductions fiscales. Le « défrichement » tel que la nouvelle loi le définissait s’entendait dans un sens très large. Il ne comprenait pas seulement des champs convenant à la riziculture, mais de hautes terres, des forêts, des marais, des rivières et des étangs déjà partiellement exploités par des paysans pauvres. Ces terres étant en partie ou même totalement exemptées d’impôts, leur valeur monta en flèche, car les charges fiscales du domaine qui les comprenait s’en trouvaient très nettement allégées.
    Par ailleurs, les cultivateurs pauvres entourés de voisins rapaces furent amenés à « donner » ou « confier » leurs propres parcelles à des propriétaires susceptibles d’assurer leur protection, et qui, en échange de celle-ci, prélevaient une partie du revenu des parcelles qu’ils avaient pu ainsi incorporer à leurs doma nés et que leurs anciens occupants cultivaient comme par le passé.
    En conséquence de ces pratiques, certains personnages influents réussirent à mettre la main sur des étendues de terre très considérables. Mais il n’en résulta pas toujours qu’ils occupaient de grands domaines. Certes, les droits de propriété ainsi enlevés (légalement ou non) à la Couronne dans l’ensemble du pays représentaient de vastes terres, mais en même temps, le droit de possession du cultivateur véritable était bien établi. La raison pour laquelle de petits

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