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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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lui-même résidant d’ordinaire dans la capitale. Ainsi, dans les provinces périphériques, l’essentiel des luttes se résumaient à des querelles entre les chefs des clans guerriers, souvent membres de la même famille, à propos de la succession aux biens et aux fonctions du gouvernement provincial. Il s’agit là d’un fait important dans l’histoire de la formation d’une caste guerrière au Japon.
    La brève et violente carrière de Masakado commença au début de 930 par des attaques contre ses oncles et autres membres du clan Taira, descendants comme lui du prince royal qui avait fondé la seigneurie des Taira dans la province de Hitachi. Au cours de ces luttes intestines, plusieurs chefs importants trouvèrent la mort en voulant repousser les assauts de Masakado, dont certains étaient ses proches parents soit par le sang soit par alliance. Parmi eux, Taira Kunika, père de Taira Sadamori, qui ne tarderait pas à prendre de l’importance, et Minamoto Mamoru, qui perdit ses trois fils dans le même combat. Cependant, ils ne purent tenir tête à Masakado, qui, en 935, attaqua Minamoto Mamoru dans sa propre province de Hitachi ; et, après des défaites répétées, Mamoru décida de se rendre à Kyoto pour accuser Masakado de rébellion.
    Masakado fut convoqué dans la capitale, où son cas fut examiné ; mais, heureusement pour lui, une amnistie fut proclamée le jour de l’an 937, où l’empereur Suzaku atteignit sa majorité, et Masakado put rentrer chez lui. Dans un manifeste qu’il publia plus tard, il déclara avoir oublié toute idée de guerre et mener une vie paisible lorsqu’il fut attaqué par son oncle Yoshikane, à la tête de plusieurs milliers d’hommes. Il semble que cette déclaration fasse allusion à une bataille qu’il livra pour le compte d’un grand propriétaire, Fujiwara Haruaki, qui vivait dans le Hitachi et s’était fait connaître comme rebelle et oppresseur du peuple, dont il conservait pour lui les impôts et volait les récoltes. A en croire les archives officielles, « il se conduisait plus mal que les barbares ou que les animaux ».
    Les autorités provinciales engagèrent des poursuites contre Haruaki, mais celui-ci s’enfuit avec sa famille dans le Shimosa (la province voisine), pillant sur son passage les greniers de l’État. Les autorités de Shimosa, que Masakado dirigeait à titre de tsuibushi (connétable), reçurent alors l’ordre de l’arrêter. Mais elles prétendirent qu’il s’était échappé et n’entreprirent rien contre lui, alors qu’il se vantait avec ses partisans d’avoir volé le gouvernement et le peuple. Lorsqu’Haruaki lui demanda son aide, Masakado eut l’imprudence d’accepter de s’allier avec lui sous prétexte qu’il était de son devoir chevaleresque d’aider le faible contre le fort. Le gouvernement envoya alors une armée de trois mille hommes contre Masakado, mais celle-ci fut vaincue par ses troupes, qui étaient pourtant trois fois moins nombreuses. Les officiers du gouvernement se rendirent, et Masakado et Haruaki se partagèrent un riche butin.
    Devant ce succès, le prince Okiyo pressa Masakado d’étendre ses conquêtes à toutes les provinces orientales, disant qu’il ne risquait pas davantage à être condamné pour rébellion dans huit provinces que dans une seule. Notons au passage que ledit prince Okiyo était de descendance royale et remplissait alors les fonctions de gouverneur dans le Musashi. Masakado se mit d’accord avec lui et déclara que, étant le descendant à la troisième génération de l’empereur Kammu, il avait un droit évident au trône, et qu’il entendait prendre les huit provinces avant de gouverner le pays tout entier. Sur quoi il entreprit d’attaquer la province de Shimotsuke, et, pour reprendre le langage sublime du Masakado-ki, ses cavaliers, « montant des destriers semblables à des dragons, suivis de nuées de partisans, fouet levé et piquant des deux, s’avancèrent comme pour franchir dix mille lieues de montagne, chaque homme le cœur en feu et plein d’entrain, prêts à vaincre cent mille ennemis ».
    Les dirigeants de la province, désespérant de pouvoir résister, s’inclinèrent devant lui et lui remirent les sceaux de leurs charges. Puis, confiant en un oracle fort opportun, Masakado se proclama empereur et entreprit de former un gouvernement. Pour justifier son acte, il écrivit une longue lettre au régent, Fujiwara Tadahira, au service duquel

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