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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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il était entré à Kyoto durant sa jeunesse. C’est là un curieux document, rédigé dans une langue pleine de respect, et qui semble indiquer que Tadahira demeurait en contact avec lui. La lettre est datée de janvier 940. Masakado était alors assez sûr de sa force pour nommer un gouverneur dans chacune des huit provinces de l’Est.
    C’était plus que la cour, pourtant très patiente, n’en pouvait supporter. Un édit fut publié qui désignait de nouveaux gouverneurs ou vice-gouverneurs à la tête de quatre de ces provinces, et le chancelier donna l’ordre de poursuivre et de capturer Masakado. Cet ordre fut envoyé à tous les gouverneurs des provinces orientales, promettant de grandes récompenses sous forme d’avancement et de terres, et disant qu’on n’avait jamais vu pareille révolte depuis la fondation de l’empire. C’était alors le mois de février, et les courtisans comme les fonctionnaires de la capitale vivaient dans la terreur et la consternation car les nouvelles en provenance du front n’étaient pas du tout rassurantes. Depuis le début de l’année, la cour ordonnait des prières et des services élaborés dans les principaux sanctuaires du pays, et les adeptes des sectes mystiques se livraient partout à des rites de commination dans l’espoir d’anéantir Masakado par des pratiques magiques.
    Cependant, les commandants des troupes déjà engagées luttaient contre Masakado et Okiyo sans beaucoup de succès. La cour, qui craignait peut-être de les voir passer du côté des rebelles, crut bon de leur prodiguer des encouragements. En avril 940, elle accorda une promotion à Minamoto Tsunemoto, vice-gouverneur du Musashi, à Taira Sadamori, gouverneur du Hitachi, et à Fujiwara Hidesato, connétable du Shimotsuke. La confiance qu’elle leur avait ainsi manifestée ne tarda pas à être récompensée. En effet, Masakado et Okiyo furent tous deux défaits et tués peu après, sans même que le généralissime qui devait prendre la tête de nouvelles troupes eût le temps d’intervenir. Masakado mourut le 25 mars, et Okiyo quelques jours plus tard. Mais il fallut attendre un mois avant que la nouvelle de la victoire atteignît la cour, de sorte que Hidesato et Sadamori furent informés de leur promotion après avoir accompli les exploits qu’elle était supposée encourager. La tête de Masakado fut ramenée dans la capitale, et exposée en juin 940 comme avertissement aux rebelles. Celle d’Okiyo suivit peu après.
    Si Masakado fut le plus grand rebelle, et celui qui causa le plus d’inquiétude à la cour, il fau se souvenir que la violence et l’indiscipline étaient fort répandues dans l’ensemble des provinces de l’Est ainsi que dans bien des régions situées à l’ouest des provinces centrales. En 940 et 941, les troupes provinciales vinrent à bout des révoltes de Masakado puis de Sumitomo, montrant que le gouvernement central pouvait encore compter sur la loyauté de bon nombre de chefs militaires eux-mêmes propriétaires terriens et généralement membres des familles Taira ou Minamoto. En 1028, soit moins d’un siècle plus tard, un nouveau et important soulèvement eut lieu, qu’écrasèrent des généraux Minamoto. Il s’agissait de la révolte de Tadatsune, chef de clan Taira d’une branche issue du prince Takamochi. Sa carrière mérite qu’on s’y arrête un peu, car elle aide à comprendre la situation des provinces dans la première partie du xie siècle, alors que, parallèlement au déclin du pouvoir des régents Fujiwara, se développait le double gouvernement d’un empereur en titre et d’un souverain abdicataire entré dans les ordres. Ces conditions se prêtaient mal à une action rapide et décisive de la part du pouvoir central en période de danger, et tout signe de déloyauté devenait donc une menace.
    Les familles Taira issues du prince Takamochi avaient le quasi-monopole des gouvernorats du Kazusa et du Shimosa, où elles étaient fixées depuis longtemps. Depuis longtemps aussi, elles s’étaient étendues à partir de Chiba (que certaines avaient pris pour nom de famille), et une branche s’était peu à peu taillé un fief important dans une localité appelée Soma, près du confluent du Tonegawa et du Kogaigawa. Ce précieux domaine fut confié à la protection du grand sanctuaire d’Ise, et, par la suite, il fut toujours administré en son nom par un membre du clan Taira de la branche de Chiba. En son temps, cette charge

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