Histoire du Japon
arrivaient à être coupés, les armées japonaises devraient vivre sur le pays, ce que les attaques des guérilleros coréens rendraient très difficile. Cependant, les demandes de vivres que Konishi envoyait à la base de Nagoya demeuraient sans réponse.
Or les bandes de guérilleros se transformaient en troupes disciplinées aux ordres de chefs expérimentés alors que certains contingents japonais commençaient à donner des signes de découragement. Des lettres envoyées chez eux par des guerriers du front attestent que maints d’entre eux supportaient de plus en plus mal les dangers et l’inconfort d’une campagne rendue toujours plus pénible du fait du manque de vivres, de la maladie (due sans doute à l’eau coréen îe) et du harcèlement par la guérilla. Au début de 1593, le total des pertes de toutes sortes était estimé à un tiers de l’ensemble des troupes.
C’est à ce moment que, l’armistice ayant expiré, une nouvelle armée chinoise traversa le Yalu pour marcher sur Pyongyang, qu’elle atteignit au commencement de février. Avec 20000 hommes seulement, Konishi soutint l’attaque d’une armée beaucoup plus nombreuse (plus de 50000 hommes selon les estimations les plus basses) ; mais il dut finalement se retirer en suivant la route de Seoul, où des points forts avaient été prévus à cet effet. Sa retraite obligea Katô Kiyomasa à l’imiter, se battant pour rejoindre ses troupes. Tout ce qui restait de l’armée japonaise dut alors se concentrer pour défendre Seoul contre les Chinois, qui avaient l’avantage d’une artillerie efficace et d’une puissante division de cavalerie.
Katô et Konishi défendirent âprement Seoul. Non seulement ils tinrent tête à une vaste armée chinoise, mais ils contre-attaquèrent et la mirent en fuite lors d’un violent combat livré hors de la ville. Ils avaient toutefois conscience qu’ils ne pourraient pas soutenir longtemps leur effort. Ils suggérèrent donc une rencontre pour discuter de paix, et ils acceptèrent de se plier aux conditions chinoises, qui exigeaient l’évacuation de Seoul. Les troupes japonaises se replièrent vers le sud le 9 mai 1593 – presque un an après leur débarquement à Pusan. A propos de la bataille livrée aux abords de Seoul dans le lit du Han, un vaillant officier japonais déclara que ce fleuve était plus terrible que celui de l’enfer (« sanzu no kawa »).
Tandis qu’ils battaient en retraite, les Japonais ne furent pas sérieusement poursuivis par les Chinois, qui ne tardèrent pas à retourner chez eux, ne laissant derrière eux qu’une petite garnison à Seoul pour protéger le roi. Lors de ses pourparlers avec l’émissaire chinois Shi Weijing, Konishi avait accepté trois conditions fixées par le gouvernement chinois, selon lesquelles Hideyoshi devait être nommé roi du Japon par l’empereur de Chine, la paix devait alors s’ensuivre entre les deux pays, et la Corée ne faisait pas partie de l’accord.
Hideyoshi répondit avec fermeté aux ambassadeurs Ming qui vinrent à Nagoya en juin armés de ces propositions. L’empereur de Chine devait envoyer l’une de ses filles au Japon pour y devenir épouse impériale ; le commerce entre les deux pays devait reprendre ; et cet accord devait être confirmé sous serment par des ministres des deux États. Un autre ensemble de conditions prévoyait que, l’accord de paix une fois conclu entre le Japon et la Chine, les quatre provinces septentrionales et la capitale de la Corée seraient rendues au roi ; des princes coréens seraient envoyés en otage au Japon ; et les hauts officiers de l’État coréen jureraient que leur pays ne se révolterait jamais contre le Japon. Ces conditions impliquaient bien sûr que le Japon devenait maître des provinces du Sud.
Pour le gouvernant d’un pays dont les armées avaient dû être retirées en hâte afin d’éviter la défaite, Hideyoshi affichait une fière assurance. Mais il ne pouvait pas compter sur l’appui de tous ses généraux. En effet, les dirigeants de l’armée étaient en désaccord, les uns étant avec Katô pour les exigences imposées par Hideyoshi, les autres y étant opposés de même que Konishi. Ainsi, la situation intérieure n’était pas sans danger. On peut même dire que la politique d’unification de Hideyoshi se trouvait en jeu, car si des hommes comme Konishi et Ishida Mitsunari étaient en faveur de la discipline féodale, certains parmi les daimyô
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