Histoire du Japon
les plus puissants, comme Ieyasu, Shimazu, Date et Môri, souhaitaient pour leurs fiefs une indépendance que Hideyoshi n’était pas disposé à accorder.
Il n’y eut toutefois pas de conflit immédiat, car Konishi avait habilement convaincu le négociateur chinois Chen de venir au Japon avec une délégation dont les chefs étaient prêts à accepter les conditions sur lesquelles il s’était préalablement entendu avec Shi.
En décembre 1596, après maints malentendus et retards, une ambassade chinoise arriva de Pusan à Kyoto sous l’escorte de Konishi. Elle apportait à Hideyoshi une couronne et des vêtements royaux en vue de la cérémonie d’investiture qui devait faire de lui le roi du Japon. Ses membres n’avaient pas connaissance des conditions de paix proposées par Hideyoshi, et lorsqu’ils lurent la lettre de la cour chinoise devant la compagnie assemblée, Hideyoshi, qui s’attendait à un message soumis et non condescendant, fut pris d’une violente colère et maltraita les envoyés chinois. Le même jour, il leur annonça qu’il allait donner l’ordre d’attaquer la Chine.
Dès lors, il était inévitable que s’aggrave le conflit entre Konishi et Katô, l’un étant en faveur de la paix et l’autre d’une reprise des hostilités en Corée. De son côté, Hideyoshi adopta un comportement désordonné et contraire à toutes les normes de la diplomatie. Après avoir insulté les envoyés chinois, il leur fit des présents d’adieu, puis il dépêcha à leurs trousses un messager chargé d’une lettre faisant état de son mécontentement.
Tandis que la dispute continuait entre le parti de la paix et celui de la guerre, les troupes japonaises demeurées en Corée étaient progressivement évacuées, à l’exception d’une puissante arrière-garde concentrée dans la région de Pusan. Mais le 19 mars 1597, Hideyoshi donna de nouveaux ordres. Mettant à exécution sa menace d’attaquer la Chine, il mobilisa une nouvelle armée d’invasion de près de 100000 hommes, provenant essentiellement du Kyüshü et des provinces occidentales. Avec les troupes qui s’y trouvaient déjà, le total de ses effectifs en Corée devait ainsi se monter à 150000 hommes, soit à peu près autant qu’en comptait sa première armée d’invasion.
Tous étaient des soldats d’élite, mais le joyeux optimisme qui animait les envahisseurs de 1592 avait pratiquement disparu. Katô, Shimazu et Konishi étaient tout à leur mésentente, et les perspectives étaient sombres. Les Coréens avaient relevé le défi de Hideyoshi. En réponse à leur appel, une nouvelle armée chinoise avait traversé le Yalu, et, en janvier 1598, elle progressait au sud de Seoul, s’enrichissant au cours de son avance de nouvelles troupes coréennes et chinoises. Suivant en sens inverse la route prise par Katô Kiyomasa en 1592, elle atteignit bientôt la position occupée par Kiyomasa à Yolan, ville côtière stratégiquement bien située que les Japonais connaissaient sous le nom d’Urusan. C’est là que devait avoir lieu l’un des combats les plus meurtriers de la guerre.
Étroitement assiégée, la garnison japonaise était sur le point de mourir de faim lorsque lui arriva le secours de Kuroda et autres commandants, qui non seulement brisèrent le siège mais forcèrent les Chinois à battre précipitamment en retraite. Mais ceux-ci revinrent au printemps, et en si grand nombre que Konishi, désespérant de pouvoir maintenir un front étendu, conseilla de concentrer les troupes devant Pusan. Dans un accès de rage comme il en avait toujours plus fréquemment, Hideyoshi rappela plus de la moitié de l’armée, laissant pour la défense quelque 60000 hommes, qui, pour la plupart, venaient du Satsuma et obéissaient aux ordres de Shimazu. C’étaient de formidables guerriers, qui soutinrent de nombreux assauts au cours de l’été 1598. A la fin d’octobre, ils prirent brusquement l’avantage, massacrant des milliers de Chinois et de Coréens. On prétend qu’ils coupèrent 38000 têtes 198 , après quoi Konishi administra ce qui se révéla le coup de grâce pour les Chinois. Presque aussitôt, un accord fut conclu, sans doute facilité par l’annonce de la mort de Hideyoshi (le 18 septembre), qui parvint en Corée dans les derniers jours d’octobre.
L’évacuation fut bientôt terminée ; Konishi et Sô Yoshitomo (le daimyô de Tsushima qui avait la confiance des Coréens) avaient précédemment rouvert
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