Histoire du Japon
Hideyoshi eut fait part de ses vœux à une assemblée comprenant les vassaux dirigeants, sa femme, Yodogimi et d’autres membres de sa maison. En voici le texte :
« 1. Du fait de sa sagesse et de son expérience, Tokugawa Ieyasu est requis d’être le tuteur du jeune Hideyori, de le traiter comme un petit-fils, et, une fois majeur, de veiller à ce qu’il soit nommé régent comme successeur de Hideyoshi lui-même. Cette tâche devant être accomplie par le conseil des cinq aînés (go-tairô).
2. Maeda Toshiie, d’être un tuteur pour l’enfant et de lui fournir des compagnons appropriés.
3. Tokugawa Ietada, d’assister son père Ieyasu et de lui éviter tout travail inutile.
4. Maeda Toshinaga, d’assister son père, Toshiie, et d’être plus tard l’un des « cinq aînés » ; de conseiller sans préjugés ; d’être récompensé de ses services par des cadeaux (dont un pot à thé de valeur) et un traitement de 100000 koku.
5. Ukita (général favori de Hideyoshi), d’assurer à Hideyori de loyaux services.
6. Uesugi Kagekatsu et Môri Terumoto, d’être tenus informés et consultés.
7. Les tairô, de punir toute infraction à la loi, par qui qu’elle soit commise. Le plus grand respect doit être accordé à Hideyori, de quelque déplaisir qu’il soit la cau^e.
8. Les tairô, de surveiller les opérations monétaires et d’être prêts à rendre des comptes à Hideyori lorsqu’il sera majeur.
9. Rien ne doit être entrepris sans l’approbation de Ieyasu et de Maeda Toshiie.
10. Ieyasu, de demeurer à Fushimi en tant que surveillant général. Il peut inspecter n’importe quel château et doit toujours avoir accès au donjon.
11. Hideyori, de résider à Osaka, et Toshiie, d’être le gouverneur du château. »
C’est à cette occasion que Hideyoshi se leva péniblement de son lit et prit Toshiie dans ses bras, l’implorant de prendre soin de Hideyori. Il était toujours à ce point obsédé par le désir de lier les grands vassaux qu’il leur répéta sa demande de promesses. Le 5 septembre, Ieyasu prêta serment devant les cinq commissaires (bugyô 200 ), imité quelques jours plus tard par les cinq tairô, jurant qu’ils obéiraient aux injonctions du Taikô dans les moindres détails. Le même soir, soit le 11 septembre, il leur fit part de son dernier message. Il les supplia de faire tout ce qu’ils pouvaient pour l’éducation de Hideyori. Une fois encore, il répéta : « J’implore les cinq de faire ce que je demande. » Dans des mots simples, rédigés en écriture kana, il écrivit en guise d’adieu : « Je compte sur vous pour toute chose. Je n’ai pas d’autres pensées à laisser. Il est triste de se séparer de vous » (« nagorioshiku sôro »).
A ce moment-là, son état se détériora brusquement. Son esprit se mit à vagabonder, et il parla non pas du vert des champs mais de la répartition des fiefs. Il traîna encore quelques jours et mourut le 18 septembre, dans sa soixante-troisième année.
CARACTÈRE DE HIDEYOSHI
On s’accorde d’ordinaire à voir Hideyoshi comme le plus grand homme de l’histoire du Japon. Cependant, si ses réalisations militaires et politiques font l’unanimité, il n’en va pas de même pour son caractère. A en juger d’après les témoignages écrits qui concernent sa vie, c’était sans doute un homme franc et ouvert, intelligent, ingénieux, pénétrant mais non pas rusé. Il aimait entretenir des rapports amicaux avec des gens de toutes conditions. Affable et familier, il s’irritait des distinctions sociales et de l’étiquette en général. Il était d’une nature affectueuse, avec un fort sens du devoir envers les membres de sa famille et ses amis.
Ses talents de soldat étaient éminents. Il avait à la fois de la patience et un pouvoir de décision rapide dans les situations cruciales. Au début de sa vie, il disait ne pas aimer tuer ni blesser, et il est vrai qu’il ne gaspillait jamais la vie de ses hommes s’il pouvait obtenir ce qu’il voulait par quelque autre moyen. De même, il ne massacrait généralement pas ses ennemis défaits, car il ignorait la haine froide qui conduisit Nobunaga à des représailles si cruelles.
Il organisait ses campagnes avec méticulosité et prévoyance, et il appliquait ces mêmes qualités aux problèmes administratifs. L’expérience de la vie qu’il avait acquise d’abord comme campagnard d’humble origine puis comme officier subalterne
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