Histoire du Japon
parvint à se dégager au prix de pertes effroyables et, de concert avec Ukita, rejoignit Osaka où il s’embarqua pour le Satsuma.
La défaite de l’armée occidentale était écrasante. Il est vrai que le triomphe de Ieyasu s’expliquait en partie par des trahisons chez l’ennemi, et l’on estime parfois qu’il prit un risque démesuré en attaquant une armée supérieure en nombre qui occupait de puissantes positions défensives. Mais Ieyasu n’était pas téméraire. C’était un génie militaire rodé par des décennies de campagnes. (On dit qu’il livra plus de cinquante batailles.) Il avait l’art de lire dans l’esprit des hommes, son jugement politique était hardi mais sain, et il savait à quel moment il convenait de prendre un risque calculé.
Comme maints guerriers présents à la bataille de Sekigahara se sont faits connaître, il vaut la peine de relever leurs noms de famille, dont certains reviennent dans l’histoire ultérieure.
Mitsunari avait commencé à former une armée aussitôt qu’il avait appris que Ieyasu se dirigeait vers l’est, en août 1600. Il se rendit alors à Osaka, où il obtint des promesses d’aide d’Otani Yoshitaka, Ankokuji Ekei, Maeda Geni, Natsuka Masaie et Mashida Nagamori, qui sont des personnages intéressants mais secondaires. Au nom de Hideyori, Mitsunari lança un appel à tous les grands daimyô qui n’étaient pas liés à Ieyasu. Lorsqu’il attaqua Fushimi, il avait l’appui, sinon l’aide active, de Môri Terumoto et Môri Hide-moto, Ukita Hideie, Konishi Yukinaga, Shimazu Yoshihiro, Kobayakawa Hideaki, Chôsokabe Morichika et Wakizaka Yasuharu.
Tout en s’efforçant d’augmenter les troupes levées contre Ieyasu, Mitsunari chercha en outre à influencer certains des partisans de ce dernier en prenant des otages au sein de leurs familles. Il atteignit un comble en matière de mauvaise conduite lorsque ses hommes de main s’emparèrent de la femme de Hosokawa, une convertie chrétienne connue sous le nom de Gracia, qui fut tuée parce qu’elle ne se laissait pas prendre.
Dans cette guerre civile, du côté de Ieyasu se trouvaient Asano Yukinaga, Fukushima Masanori, Hachisuka Yoshishige, Kuroda Nagamasa, Hosokawa Tadaoki, Ikuma Kazumasa, Nakamura Kazutaka, Horio Tadauji, Katö Yoshiakira, Tanaka Yoshimasa, Yamanouchi Kazutoyo, Tödö Takatora, Kyôgoku Takatomo, Tsutsui Sadatsugu et Terazawa Hirotaka. Nombre d’entre eux devaient leur position à la faveur de Hideyoshi. Ce n’était pas des vassaux de Ieyasu, mais ils avaient choisi de se battre à son côté.
On ne connaît pas au juste le nombre de combattants de Sekigahara, mais il était de l’ordre d’au moins 80000 hommes dans chaque camp. Parmi ceux qui étaient présents, tous ne prirent pas part au combat, car le champ de bataille était un défilé dans lequel il n’était pas possible de déployer de nombreuses troupes. En outre, par traîtrise ou mauvaise organisation, bien des partisans de Mitsunari n’entrèrent pas du tout en action. On les chiffre à 30000. Du côté de Ieyasu, toutes les troupes qui se trouvaient présentes furent engagées, mais les 38000 hommes de Hidetada, qui devaient arriver par la Nakasendô, furent retardés du fait d’une erreur de jugement de la part de Hidetada et, au grand dépit de Ieyasu, n’atteignirent pas le champ de bataille.
Ieyasu passa au camp la nuit du 21 octobre, ayant au préalable ordonné à Kobayakawa et aux autres commandants qui avaient déserté Mitsunari de poursuivre celui-ci et de prendre son château. Le château fut pris, mais Mitsunari avait fui et ne fut capturé qu’une semaine plus tard. Il fut exécuté le 6 novembre ainsi que Konishi Yukinaga et un favori de Môri qui avait combattu à Sekigahara, le moine Ankokuji. Ses amis firent pression sur Konishi pour qu’il se suicidât, mais il refusa en raison de sa foi chrétienne 203 .
OSAKA
Après Sekigahara, Ieyasu ne tarda pas à partir pour son quartier général permanent. Il s’arrêta brièvement à Otsu pour s’informer de ce qui se passait à Osaka, où Môri Terumoto, en sa qualité de membre du conseil de régence responsable de Hideyori, occupait le château. Il n’était pas sûr que Ieyasu pût entrer dans la ville sans employer la force, car certains généraux de Mitsunari avaient ramené de Sekigahara leurs contingents sans pertes et en bonne condition. En fait, le nombre des troupes de Mitsunari qui ne participèrent pas à l’action
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