Histoire du Japon
source de revenus personnels, mais également pour des raisons de politique nationale. Il y avait trop longtemps que le commerce extérieur du Japon était aux mains des Portugais.
Politique extérieure
L’invasion de la Corée avait mis fin aux relations officielles avec la Chine, mais les importations de Chine continuaient à être vitales pour l’économie japonaise ou, pour être plus exact, pour l’économie de la classe dirigeante, qui ne pouvait pas se passer des soieries et autres produits de luxe dont elle avait pris l’habitude quand le commerce était autorisé. Heureusement pour elle, les Portugais, qui avaient l’autorisation de commercer avec la Chine, pouvaient suppléer à ses besoins en apportant régulièrement de Macao des produits chinois au Japon.
Parallèlement, des jonques japonaises se rendaient dans les lointains ports du Sud-Est asiatique pour y chercher des marchandises. La fin du XVI siècle vit un important accroissement des communautés japonaises vivant à l’étranger. Depuis 1550 environ, il y avait des gardes du corps japonais chez les rois de Birmanie, du Siam et du Cambodge, et vers 1600 on trouvait des colonies japonaises dans la plupart des régions de l’Extrême-Orient. Il y avait un fort contingent de soldats japonais dans la garnison portugaise de Malacca ainsi qu’une petite colonie à Macao, et le nombre des résidents japonais dans les îles Philippines avait, en 1605, atteint plusieurs milliers.
Pour le Japon, c’était le début d’une période d’expansion, et seul un accroissement du commerce extérieur pouvait satisfaire aux besoins du pays. Les Portugais étaient donc nécessaires au Japon, et leur position serait forte jusqu’au jour ou un concurrent de taille ferait son apparition dans les eaux extrême-orientales. Ieyasu supportait mal leur monopole. Très tôt après la mort de Hideyoshi, il avait déjà montré le désir de commercer avec les Philippines. Il avait même adressé une lettre au gouverneur espagnol de Manille, lui proposant d’ouvrir les ports du Japon oriental aux navires espagnols, et lui demandant d’envoyer des constructeurs capables pour travailler dans les chantiers navals de son pays.
Il ne fait que de doute que Ieyasu avait été marqué par l’échec des forces navales japonaises lors de l’invasion de la Corée, et qu’il mesurait la valeur de navires bien armés comme ceux des Portugais. Le gouverneur espagnol fit toutefois attendre sa réponse, et lorsque enfin il envoya des bateaux au Japon, ceux-ci ne transportaient aucun architecte naval, mais, à la contrariété de Ieyasu, de nombreux missionnaires et une poignée de négociants sérieux. Cependant, une curieuse suite d’événements avait amené au Japon un homme qui connaissait fort bien les navires et leur construction. Il s’agissait d’un Anglais du Kent, William Adams, pilote major ou chef navigateur débarqué d’un navire hollandais, le Lief de, vaisseau amiral d’une escadre de cinq bâtiments envoyés de Rotterdam par le détroit de Magellan dans le but de concurrencer les commerçants espagnols ou portugais. C’était des bâtiments bien équipés, et ils avaient ordre de détruire les navires rivaux et même les comptoirs de commerce s’ils en voyaient la possibilité. C’était un temps où l’on trouvait des marins hollandais sur tous les océans, et il est intéressant de noter qu’un vaisseau hollandais atteignit le Japon quelques années avant que Hudson ne découvrît l’île de Manhattan.
L’escadre hollandaise avait essuyé de graves tempêtes en venant du Chili, et le Liefde était désemparé. Lorsqu’il fut remorqué dans un port du Kyüshü, il n’y avait plus qu’une vingtaine de survivants parmi son équipage, et ceux-ci (selon Adams), accusés de piraterie par des missionnaires jésuites, échappèrent de justesse à la crucifixion. Heureusement, Ieyasu était informé de leur arrivée, et il fit venir Adams, qui atteignit Osaka en mai 1600. Les canons et les munitions du Liefde furent enlevés et emmenés à Osaka. Selon un chroniqueur portugais, Ieyasu se servit des canons à la bataille de Sekigahara, mais la chose est peu vraisemblable. On les utilisa sans doute lors du siège du château d’Osaka, en 1615, alors que les comptoirs anglais et hollandais de Hirado fournissaient des armes importées, et que la fabrication de pièces d’artillerie se répandait en outre au Japon.
Après un an d’attente, Adams
Weitere Kostenlose Bücher