Histoire du Japon
adressés à chacun de ces ordres par Ieyasu puis par Hidetada et Iemitsu, les deuxième et troisième shôgun.
Dans une ordonnance de 1611, Ieyasu exigea un serment d’allégeance des daimyô du Japon central et occidental, et en 1612, il réclama le même acte de soumission de la part des provinces du Nord. Les premières ordonnances qui définissaient les devoirs des vassaux du shôgun Tokugawa étaient les suivantes :
L’article 1 exigeait d’eux qu’ils obéissent aux lois formulées génération après génération depuis le shôgun Yoritomo, invoquant ainsi des codes tels que le Jôei shikimoku (1232) et le Kemmu shikimoku (1336) de même que des ordres promulgués par Edo.
L’article 2 leur interdisait de donner asile à toute personne coupable d’avoir enfreint les lois du shôgun ou désobéi à ses vœux.
L’article 3 exigeait des daimyô qu’ils prennent des mesures contre tout samurai ou toute personne de moindre rang qui, dans son fief, s’était rendu coupable de rébellion ou de meurtre.
A ce moment-là, Ieyasu était à Kyoto, et les troupes des Toyotomi à Osaka. En exigeant la loyauté des daimyô occidentaux, il pensait avant tout à Hosokawa Tadaoki, Ikeda Terumasu, Fukushima Masanori et Katô Kiyomasa, qui avaient tous combattus pour lui à Sekigahara.
En 1611 puis en 1613, il publia des ordres réglant la conduite des nobles de la cour et limitant les droits du Trône. Et entre 1611 et 1614, il proclama des ordonnances interdisant la religion chrétienne et expulsant les missionnaires. En 1614, les églises chrétiennes de Kyoto furent détruites et les membres de leur clergé arrêtés. Puis vint le siège du château d’Osaka, qui tomba en 1615.
Il ne restait plus maintenant à Ieyasu qu’une année à vivre, mais il continua sa politique visant à obtenir et à conserver pour ses successeurs une supériorité militaire et économique décisive sur toutes les coalitions susceptibles de se former contre eux. En 1615, il édicta en tant que commandant suprême des règlements qui fixaient la conduite de la classe militaire dans son ensemble. Cette législation est la clé de la politique intérieure de Ieyasu et de ses successeurs, car elle exigeait de tous les membres de cette classe une obéissance inconditionnelle. Le document, connu sous le nom de Buke sho-hatto, ou « Règles pour les maisons militaires », fut rédigé selon les instructions de Ieyasu par le moine zen Süden, bénéficiaire du Nanzenji (la principale fondation zen), en collaboration avec d’autres lettrés. Il fut lu avec un commentaire devant une assemblée de daimyô au château de Fushimi le 30 août 1615 en présence de Hidetada.
C’est un texte fondamental, et bien qu’il fût fréquemment révisé dans le détail, il demeura essentiellement le même. Il fut toujours réaffirmé lors de l’accession d’un nouveau shôgun. Les principales injonctions de ses treize clauses peuvent être résumées comme suit :
1. L’étude de la littérature et la pratique des arts militaires doivent être poursuivis côte à côte (« A main gauche le savoir, à main droite l’emploi des armes »).
2. L’ivrognerie et la licence doivent être évitées. (« Dans les Codes, une telle conduite est interdite. La luxure et le jeu causent la ruine d’un État. »)
3. Ceux qui enfreignent la loi ne doivent trouver asile dans aucun fief. (« La loi est la base de la conduite juste. »)
4. Les feudataires grands et petits et ceux qui tiennent d’eux une terre doivent immédiatement exclure de leur service un soldat accusé de trahison et de meurtre.
5. Il ne faut accueillir personne ayant comploté une révolte ou appelé à la rébellion. A l’avenir, la résidence dans un fief sera limitée aux hommes qui sont nés dans ce fief.
6. Tous les travaux effectués dans un château, même s’il ne s’agit que de réparations, doivent être immédiatement signalés, et toute construction nouvelle est interdite.
7. Si l’on apprend que, dans un fief voisin, des hommes complotent des changements et forment des partis ou factions pour les mettre à exécution, ils doivent être immédiatement dénoncés [au bakufu].
8. Les mariages ne doivent pas être contractés en privé.
9. Tous les daimyô en service à la cour du shôgun devront suivre les règles de conduite prescrites. Ils ne doivent pas emmener dans la ville une escorte plus nombreuse que celle qui est autorisée pour leurs rangs
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