Histoire du Japon
faite aux monastères et autres lieux où de tels hommes s’étaient réfugiés dans le but ou sous prétexte de se préparer par l’étude à entrer dans les ordres.
Un ordre de 1623, émis par le shoshi-dai Itakura, visait en particulier les rônin vivant à Kyoto, où ils étaient le plus nombreux. Des avis furent placardés dans la ville, avertissant les gens de ne pas les prendre à leur service. Les rônin mariés qui avaient depuis longtemps une occupation légitime dans la capitale n’avaient pas besoin d’en être chassés. Il en allait de même pour ceux qui avaient un emploi régulier pourvu qu’ils aient l’approbation des autorités de la ville. Des règles similaires furent incluses dans le Buke-sho Hatto de 1631 et de 1635, et les fonctionnaires citadins et ruraux de tout le pays reçurent pour instruction de refuser de loger les étrangers.
Afin d’échapper à ces ordres, certains rônin cherchèrent refuge à la campagne, où ils retournèrent aux travaux des champs, certains comme ouvriers et certains comme petits tenanciers dans le fief d’où ils étaient originaires. On ne leur créa d’ordinaire pas d’ennui, pour peu qu’ils vaquent à leurs occupations sans se faire remarquer.
Certains des ordres du bakufu visaient les rônin chrétiens, qui comptaient parmi les plus intraitables. Ils jouaient un rôle essentiel dans la résistance à la politique antichrétienne du gouvernement en vigueur au Kyüshü. On les appelait rônin Amakusa ou Shimabara, du nom des lieux où ils s’étaient battus contre les troupes du bakufu en 1637. Les plus acharnés étaient les samurai chrétiens qui avaient été au service du daimyô chrétien Konishi Yukinaga, général de Hideyoshi, dont le fief se trouvait dans le Higo méridional. Ceux-là étaient les rônin Konishi.
En dépit de toutes les mesures répressives prises par le bakufu, le nombre des rônin ne diminua guère. Les plaintes de la majorité continuant de plus belle, il se peut même qu’il augmenta. Le danger de soulèvement était très réel, comme l’atteste la grande révolte projetée par les rônin sous la direction de Yui Shôsetsu dans les dernières années de Iemitsu.
CHAPITRE LI
Les relations extérieures
phase d’expansion
Comme on l’a vu, Ieyasu était enthousiaste dans la promotion du commerce extérieur, et les premières décennies du XVIIIe siècle virent une rapide expansion de l’activité japonaise à l’étranger. Le bakufu émit des permis de voyage pour les navires marchands japonais sous le sceau vermillon du shôgun, alors que des marchands privés et autres aventuriers japonais se rendaient dans presque tous les pays du Pacifique occidental et au-delà du détroit de Malacca jusqu’en Birmanie. Le nombre des permis délivrés entre 1604 et 1635 était de l’ordre de trois cents, soit dix voyages à l’extérieur et retours chaque année. C’était un chiffre assez considérable à une époque où les transports par mer étaient très lents. En outre, des navires portugais et chinois importaient et exportaient, et les daimyô de l’Ouest, notamment Shimazu, Matsuura, Nabeshima et Omura, commerçaient parfois par bateau pour leur propre compte.
Le comportement de certains bateaux autorisés confinait à la piraterie, et on les redoutait dans toutes les régions du Sud-Est asiatique. Différents pays protestaient et pressaient le gouvernement japonais de prendre des mesures de contrôle. A la demande de Luzon, les visites de navires sous licence furent limitées à quatre par an. Certains auteurs voient d’ailleurs dans cet acte un prélude à la politique de fermeture qui se développa durant les années 1640.
Les exportations consistaient essentiellement en argent, en cuivre et en fer, en soufre, en camphre, en riz et autres céréales, et en produits artisanaux comme les éventails et les objets de laque. Quant aux importations, elles comprenaient avant tout la soie grège (article le plus important), les soieries de haute qualité, le coton, la peau de requin, la peau de daim, les bois odorants, les teintures, le sucre, le plomb et l’étain.
Il y avait des colonies japonaises dans la plupart des régions de l’Est asiatique, de Formose et Macao aux Moluques, aux Philippines, à Bornéo, aux Célèbes et à Java, au Siam et à la Malaisie. Les plus importantes se trouvaient à Luzon, au Siam et en Indochine. Bien des colons étaient des soldats qui, la guerre terminée, n’avaient
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