Histoire du Japon
certains ports seulement et soumis à une inspection et à un contrôle rigoureux. On verra que la plupart de ces interdictions sont liées à la politique antichrétienne qui s’était développée depuis la mort de Ieyasu, et il faut noter que, en plus de ces ordres, destinés aux fonctionnaires opérant dans les domaines du bakufu, une clause du Buke sho-hatto de 1635 exige de tous les daimyô qu’ils interdisent strictement dans leurs fiefs la pratique du christianisme.
La troisième et dernière mesure de la politique d’exclusion, prise en 1639, semble avoir été suscitée par un soulèvement dont le Kyüshü fut le cadre en 1637-1638 et que le bakufu considéra comme une révolte de chrétiens japonais. Il s’agit de la révolte de Shimabara, où une armée de paysans de l’île d’Amakusa et de la péninsule voisine de Shimabara tint tête pendant plusieurs semaines à une puissante armée mobilisée par les barons de l’Ouest sur l’ordre d’Edo. Le massacre fut épouvantable. Les insurgés étaient pour la plupart de pauvres campagnards, mais ils furent rejoints par des samurai mécontents et menés par des soldats qui avaient combattu durant les guerres civiles sous les ordres de généraux chrétiens. On dit généralement qu’ils étaient 37000 et qu’une centaine seulement en réchappèrent. Ces chiffres sont toutefois discutés, et il est probable que le nombre des combattants du côté des rebelles n’ait pas dépassé les 20000. Les soldats du gouvernement étaient quelque 100000, parmi lesquels 10000 ou davantage durent être tués. Ils semblent s’être battus sans grand courage, aux ordres de commandants incompétents. Le fait qu’ils n’aient pas remporté une victoire facile paraît indiquer un déclin de l’esprit militaire durant les deux décennies qui suivirent le siège d’Osaka.
A l’origine, la révolte n’était pas un soulèvement religieux, mais une protestation désespérée contre le gouvernement oppressif des seigneurs féodaux d’une province lointaine et arriérée. Il ne fait toutefois aucun doute que nombre d’insurgés puisèrent un courage héroïque dans la foi chrétienne de leurs chefs. Leurs bannières portaient des noms de saints et des légendes comme « Gloire au Saint-Sacrement ». Quelle que fût sa nature véritable, cette rébellion mit fin au culte chrétien public au Japon. Elle hâta et encouragea les efforts des autorités pour traquer les croyants et expulser les missionnaires ; et elle renforça sans doute la tendance à l’exclusion déjà apparente dans les ordres de 1633 et 1635.
L’ordre final de fermeture, de 1639, portait la signature des sept conseillers principaux. Il stipule que, vu l’arrivée continuelle de prêtres étrangers et leur enseignement de la foi chrétienne interdite, la formation de ligue complotant contre le gouvernement (un crime capital) et le fait que des articles prohibés provenant de l’étranger peuvent être envoyés aux prêtres cachés et à leurs convertis, aucune galiote (navire portugais) ne sera plus admise dans un port japonais. En cas de désobéissance, le navire concerné sera détruit et ses passagers et membres d’équipage seront mis à mort. Le contenu de ces ordres devra être communiqué aux bateaux chinois et hollandais arrivant dans un port japonais, avec une promesse de récompense pour les informations concernant les personnes entrant illégalement dans le pays.
Malgré cette interdiction déclarée, un navire portugais pénétra dans la baie de Nagasaki en juillet 1640. L’expulsion de 1639 avait porté un sérieux coup au commerce de Macao, et le sénat de l’île avait décidé de prendre le grand risque d’envoyer une mission au Japon demander au gouvernement de reconsidérer sa politique. Mais le bateau fut démantelé aussitôt arrivé, et tous ceux qui se trouvaient à bord furent mis en prison en attendant des ordres d’Edo. Au début d’août, la réponse arriva et fut solennellement communiquée aux envoyés portugais. Accusés de défier les lois du Japon, ceux-ci rétorquèrent que leur mission n’était pas commerciale et qu’ils n’amenaient rien avec eux sauf un mémoire diplomatique destiné au gouvernement. Les commissaires japonais ordonnèrent alors qu’on leur lût la sentence, par laquelle ils étaient condamnés à mort pour avoir enfreint un décret du shôgun visant à supprimer le christianisme au Japon.
Le lendemain à l’aube, on offrit
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