Histoire du Japon
n’appartenaient pas nécessairement à la classe militaire. Ieyasu accordait ces postes non seulement aux vassaux fudai, mais aussi à de riches marchands, et parfois même à de gros paysans, comme Ina et Hikozaka, qui occupent une place importante dans l’histoire des fiefs des Tokugawa 223 .
CHAPITRE LUI
Le shôgun Ietsuna (1651-1680)
LE NOUVEAU BAKUFU
Iemitsu, troisième shôgun, mourut en 1651, et il fut alors remplacé par Ietsuna, son fils d’une épouse subalterne. L’enfant était mineur, et la tâche consistant à guider la nation durant une phase de transition entre des principes militaires et civils dans la conduite de ses affaires échut au bakufu. A l’époque, il y avait deux tairô, Sakai Tadakatsu et Hotta Masamori, et trois rôjû, dont le principal était Matsudaira Nobutsuna. A ceux-ci, selon les instructions de Iemitsu, on ajouta Hoshina Masayuki, Tokugawa et demi-frère de Iemitsu, connu pour ses talents et sa forte personnalité.
Tadakatsu se faisait vieux et n’était donc pas bien placé pour prendre la tête du gouvernement dans des circonstances difficiles. Hotta, beaucoup plus jeune, aurait pu remplir avec succès la charge de tairô, mais il comptait parmi les proches choisis par Iemitsu pour suivre leur suzerain dans la mort, selon la coutume barbare appelée « junshi ». (Celle-ci fut abolie en 1663.) Nobunaga laissa donc la conduite du gouvernement à Abe Tadaaki, le dernier rôjû, homme brillant et expérimenté.
Le premier problème important dont il leur fallut s’occuper était le mécontentement des rônin, illustré de façon vivante par les circonstances dans lesquelles eut lieu le soulèvement de Yui Shôsetsu, quelques semaines seulement après l’accession de Ietsuna. Le bakufu réagit en introduisant des réformes, dont l’ensemble peut être décrit comme adoucissant l’attitude sévère adoptée jusque-là envers les vassaux. Le droit concédé aux daimyô d’adopter un héritier à un âge avancé est un exemple de ce changement ; un autre est la modération de l’attitude officielle à l’égard des rônin, qui devint constructive plutôt que punitive.
Quand Ietsuna fut nommé shôgun, il n’avait que dix ans. Durant les trente ans qui lui restaient à vivre, il se montra à la fois doux et maladif, mais avec un esprit séduisant, si du moins l’on en juge d’après certaines de ses lettres qui nous ont été conservées. Le gouvernement resta presque entièrement aux mains de ses ministres, conseillés par Hoshina, un érudit qui fut sans doute partiellement responsable de l’orientation civile de la politique durant les deux décennies suivantes. Il encouragea le savoir, respectant des hommes tels que Yamazaki Ansai, confucianiste de l’école Song ; on peut d’ailleurs dire de façon générale que l’érudition était tenue en haute estime dans les milieux officiels.
Le nouveau gouvernement se trouvait dans une situation nouvelle, non pas dangereuse mais difficile, et il l’affronta de façon quelque peu négative, tout à fait à l’inverse de la politique décidée adoptée par ses prédécesseurs, qui avaient hérité quelque chose des manières dictatoriales d’un commandant en chef s’adressant à ses troupes. A l’égard des rônin et autres vagabonds qui hantaient les villes, les conseillers de Ietsuna montrèrent une attitude prudente mais adéquate, et dans l’ensemble, leur façon de traiter les daimyô fut ferme mais compréhensive.
Les principaux officiers du bakufu d’alors (1651-1671 environ) étaient les suivants :
Parmi eux, Abe se distinguait par sa forte volonté, ses principes élevés et sa grande adresse administrative. Sakai Tadakatsu était un homme vieillissant, et Sakai Tadakiyo était expérimenté mais rusé et d’une intégrité douteuse. Heureusement pour Ietsuna, grâce à son talent et à ses relations familiales, son tuteur Hoshina parvint à exercer une influence dans le domaine politique et à prévenir de grandes erreurs ; mais l’administration restait timide du point de vue de certains de ses critiques. Cependant, elle allait bientôt affronter un problème particulièrement délicat, né de la découverte d’un complot visant à renverser le gouvernement du shôgun en 1651. Ce mouvement, dans lequel des rônin jouèrent les premiers rôles, est souvent ignoré du fait qu’il se solda par un échec, car il fut découvert et brisé sans difficulté ; mais une étude de son
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