Histoire Romaine
se passer dans ce
logis. On découvrira que cette Casina est la fille du voisin, et elle épousera
Euthynice, le fils de notre maître.]
[538] Citons pour exemple, la scène du Stichus, où le père
de famille, passant en revue avec ses filles les qualités que doit réunir une
bonne épouse, se pose tout à coup la question la plus incongrue du monde, et se
demande lequel vaut le mieux d’épouser une jeune fille où une veuve, uniquement
pour amener une réponse non moins déplacée dans la bouche de celle qui la fait,
et une sortie contre les femmes qui n’est autre chose qu’un absurde lieu commun.
Mais ce n’est là qu’une peccadille. – Dans le Collier , ( Πλόxιον )
de Ménandre, un mari conte à un voisin sa peine :
J’ai épousé Lamia, l’héritière ; te l’avais-je dit ? Non.
– Cette maison est à elle, ainsi que les champs et tout ce qui est alentour. Mais
quel fléau, le pire de tous, que cette femme ! A charge à tous : non
pas à moi seul, mais à son fils, à sa fille plus encore ! – Le mal est
sans remède, je le vois bien !
Dans l’imitation latine, du poète Cœcilius, le
dialogue simple et élégant tout ensemble du comique d’Athènes fait place aux
grossièretés qui suivent :
Ainsi, ta femme est une pie-grièche ? – Tu me le demandes !
– Mais… – oh ! ne m’en parle pas ! Quand je rentre et que je m’assieds,
il me faut essayer d’abord le baiser d’une bouche à jeun ! – Ah ! c’est
frapper juste ! Elle veut te faire rendre ce que tu as bu dehors !
[V. Aul. Gell., 2, 23. – Tout le chapitre est consacré
à une intéressante comparaison entre Cœcilius et Ménandre.]
[539] Même quand, plus tard, leurs théâtres se construisirent
en pierre, les Romains ne placèrent pas sous les acteurs ces grands vases
acoustiques dont firent tant usage les architectes grecs (Vitruve, 5, 5, 8).
[540] Il règne une confusion fâcheuse dans les documents
biographiques qui le concernent. Ayant porté l’épée durant la première guerre
punique, il n’a pu naître plus tard que 495 [259 av. J. -C]. Dès 519 [-235], on
joua ses drames, ceux de ses débuts, sans doute (Aul. Gell., 12, 21, 45). L’opinion
commune plaçait sa mort en 550 [-204] : mais Caton doutait de l’exactitude
de cette date (Cicéron, Brut., 15, 60), et Caton avait raison. Si elle
eût été vraie, il aurait fini à l’étranger pendant la guerre d’Hannibal. Mais
ses vers satiriques sur Scipion sont évidemment postérieurs à la bataille de
Zama. Sa vie se place donc entre 490 et 560 [-264/-194]. Il aurait été dès lors
le contemporain des deux Scipions, morts en 543 [-211] (Cicéron, de Rep., 4, 10) : il aurait été de dix ans plus jeune qu’Andronicus, et de dix ans
aussi, peut-être, l’aîné de Plaute. A. Gelle fait directement allusion à son
origine campanienne ; et lui-même, s’il était possible de douter de sa
nationalité latine, la mentionne dans son épitaphe bien connue. Fut-il citoyen
romain, ou seulement citoyen, de Calès ou de quelque autre cité latine de
Campanie ? La seconde hypothèse paraît la plus probable, et par là s’expliquent
facilement les rigueurs impitoyables de la police romaine envers lui. Dans tous
les cas, il n’a pas été acteur, puisqu’il servait dans l’armée.
[541] Que l’on compare, pour s’en rendre compte, ce début, de
sa tragédie de Lycurgue avec le fragment qui nous reste aussi de Livius :
Vous qui veillez auprès du royal cadavre, allez de suite vers
ces lieux ombragés on poussent les arbres semés d’eux-mêmes.
Ou encore les paroles célèbres adressées par Hector à
Priam, dans les Adieux d’Hector :
Etre loué par toi m’est doux, Ô mon père, toi que louent les hommes !
Ou enfin, ce joli vers de la Tarentilla (la Fille
de Tarente )
A l’un, un signe ; à l’autre, un coup d’œil ; elle
aime l’un, elle tient l’autre !
[542] [Gottsched (1700, † 1766), né prés de Kœnigsberg, critique,
grammairien et littérateur, chef de l’école littéraire puriste du XVIIIe siècle.]
[543] [ Orgueil campanien ! s’écrie Aul. Cell. Mais
cet orgueil est justifié par l’assentiment de tous les bons juges nationaux, Caton,
Cicéron, etc.]
[544] Il faut bien admettre cela : autrement on ne
saurait comprendre comment les anciens ont pu hésiter si souvent sur l’authenticité
ou la non authenticité de tels et tels drames de l’école plautinienne. En effet,
nul écrivain romain,
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