Histoire Romaine
la guerre avec les Samnites, ne prétendre qu’au plus
modeste à-peu-près.
[646] A ce fait se rattache certainement le fragment de Diodore. – Fragm. Vatic ., p. 122.
[647] Il est probable que la destitution du proconsul, laquelle
emportait accessoirement la confiscation de ses biens (Tite-Live, ep. 67), fut
prononcée par l’assemblée du peuple, immédiatement après la bataille d’Arausio
(6 octobre 649 [105 av. J.-C.]). On voit d’ailleurs qu’il s’écoula un certain
temps entre cette destitution et la catastrophe finale, puisque ce n’est qu’en
650 [-104] que fut votée la motion, expressément dirigée contre Cœpion, et aux
termes de laquelle la destitution du haut fonctionnaire devait entraîner la
perte de son siège dans le Sénat (Ascon., in Cornel ., 78). On lit dans
les fragments de Licinianus (aux ann. 649 et 651) le passage suivant : Cn.
Manlius ob eamdem causam quam et Cepio L. Saturnini rogatione e civitate est
cito (?) ejectus (passage qui, par parenthèse, donne la clef d’une allusion
qui se rencontre dans Cicéron : de orat., 2, 28, 125). Nous savons ainsi
désormais que la loi qui acheva la ruine de Cœpion a été proposée par Lucius
Appuleius Saturninus. Or, cette loi n’est autre que la loi Appuleia, qui
punissait le crime de lèse-majesté envers la République [ imminutœ majestalis :
Cicéron, de orat., 2, 25, 107 : 2, 49, 201], ou qui, comme nous l’avions
déjà dit dans la première édition [allemande] de ce livre (Il, p. 193), sur la
rogation de Saturninus, avait établi une commission extraordinaire chargée d’instruire
contre les cas de haute trahison pratiqués durant le tumulte cimbrique. C’est d’elle
enfin que sortit la question instituée pour informer sur le vol de l’or de
Toulouse (Cicéron, de nat. Deor., 3, 30, 74) : de même les autres
tribunaux d’exception auxquels il est fait allusion dans le passage de Cicéron
ont été créés sur rogations spéciales : la question à fin d’informer sur
tel grave délit de corruption [ de pecunia capta ob rem judicandam ], par
la loi Mucia, de 613 [-141] : celle relative à l’inceste des Vestales [de
incestu], par la Peducœa, de 641 [-113] ; et celle relative à la guerre de
Jugurtha, par la loi Mamilia, de 644 [-110]. En comparant ces espèces diverses,
on constate que les tribunaux d’exception, à l’encontre des juridictions
ordinaires, pouvaient prononcer et ont en effet prononcé la condamnation capitale.
Je sais d’un autre côté que le tribun du peuple Gaius Norbanus est également
désigné comme le promoteur du procès fait à Cœpion, et que même il aurait été
plus tard appelé à son tour à en répondre (Cicéron, de orat., 2, 40, 167 :
2, 48, 199 : 2, 49, 200. – Orat. part., 30, 905, et alias). Mais, dans
ce fait, je ne vois rien qui contredise la donnée ci-dessus : comme d’usage,
la rogation était portée par plusieurs tribuns à la fois ( ad Herenn., 1,
14, 21. – De orat., 2, 17, 197) ; et Saturninus étant mort dans l’intervalle,
quand la faction aristocratique put songer à sa vengeance, elle s’attaqua
aussitôt à ceux de ses collègues qui vivaient encore. Quant à la date de la
seconde et finale condamnation de Cœpion, déjà nous avons fait voir l’erreur de
l’opinion commune et très peu réfléchie qui la place en 659 [-95], dix ans
après la bataille d’Orange. Elle se fonde uniquement sur ce que Crassus était
consul (659), lorsqu’il parla en faveur de Cœpion (Cicéron, Brut., 11, 162) :
mais il est par trop manifeste que Crassus n’était point son avocat ; il
ne fit que prendre la parole dans le procès alors intenté à Norbanus, par
Publius Sulpicius Rufus, lequel Rufus demandait vengeance de la poursuite jadis
exercée contre Cœpion. D’après ce que j’ai dit plus haut, on pourrait admettre
la date de 650 [-104] : mais depuis que nous avons appris que Saturninus a
été l’accusateur principal, il n’y a plus à hésiter qu’entre l’année 651 [-103],
où Saturninus est pour la première fois nommé tribun (Plutarque, Mar., 11.
– Orose, 5, 17. – Appien, 1, 28. – Diodore, p. 608-631), et l’année 654 [-100],
où il revêt une seconde fois ces mêmes fonctions. De raisons décisives en un
sens ou dans l’autre, je n’en sais guère, si ce n’est que la grande
vraisemblance parle pour l’an 651 [-103]. On était alors presque au lendemain
du désastre subi dans la Gaule. Puis, parmi les détails assez complets
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