Histoire Romaine
emprunt : elle est née, elle
a grandi dans le peuple, avec lui. Qu’elle plonge ses racines jusque dans les
institutions primitives italiques, gréco-italiques, indo-germaniques, nul n’en
doute ; mais quelle chaîne immense, infinie, de changements et de progrès
politiques entre les institutions qu’Homère nous révèle, ou que Tacite a
décrites dans sa Germanie, et les anciennes lois de la cité romaine ! Le
vote par acclamation des Hellènes, les boucliers frappés à grand bruit par les
Germains assemblés sont aussi, certes, la manifestation d’un pouvoir souverain :
mais qu’il y a loin de ces modes primitifs à la compétence savamment ordonnée
déjà, et au vote précis et régulier de l’assemblée des curies romaines
Peut-être que la royauté, de même qu’elle avait emprunté son manteau de pourpre
et son bâton d’ivoire aux Grecs (et non, comme on l’a dit, aux Étrusques), a
pris aussi à l’étranger ses douze licteurs et l’appareil extérieur de sa
dignité. Quoi qu’il en soit, et en quelque lieu que se place leur origine, les
institutions politiques de Rome ne se sont, en réalité, formées que dans le
Latium et à Rome même les emprunts faits au dehors ont été sans importance ;
et ce qui le prouve, c’est que la nomenclature tout entière de ces institutions
est décidément latine.
La constitution romaine, telle que nous l’avons esquissée, portait
dans ses flancs la pensée fondamentale et éternelle de l’État romain. Les
formes ont changé souvent ; n’importe ! Au milieu de tous leurs
changements, tant que Rome subsistera, le magistrat aura l’imperium illimité ;
le Conseil des anciens ou le Sénat sera la plus haute autorité consultative ;
et toujours, dans les cas d’exception, il sera besoin de solliciter la sanction
du souverain, ou du peuple.
Chapitre VI – Les
Non-citoyens – Réforme de la Constitution.
L’histoire d’une nation, de la nation italique entre toutes,
offre le phénomène d’un vaste synœcisme. Déjà la Rome primitive, celle, du
moins, dont la connaissance nous est parvenue, est une cité due à une triple
fusion : les incorporations de même nature n’y cessent que quand l’État romain
est arrivé à la consolidation parfaite de ses éléments. Laissons de côté l’antique
association des Ramniens, des Titiens et des Lucères : nous n’en savons
que le fait nu. Une autre incorporation plus récente est celle qui réunit les
gens de la Colline à la Rome palatine. Quand elles se confondirent, les deux
cités avaient, ce semble, des institutions semblables ; et l’oeuvre même
de la fusion eut à choisir entre leur maintien à l’État séparé, et en double, et
la suppression des unes par l’extension des autres sur le corps entier de l’État
nouveau. En ce qui touche les choses saintes et le sacerdoce, le statu quo fut,
conservé. Rome eut par suite ses deux corporations de Saliens et de Luperques
son double prêtre de Mars ; l’un, sur le Palatin, qui s’appela proprement
du nom du Dieu ; l’autre sur la colline, et qui fut nommé le prêtre de
Quirinus. On présume, non sans raison, même en l’absence de documents qui l’attestent,
que ces anciens collèges sacerdotaux, les Augures, les Pontifes, les Vestales, les
Féciaux, sont aussi sortis des collèges de prêtres appartenant d’abord aux deux
cités Palatine et Quirinale. Aux trois quartiers de la ville Palatine, le
Palatin, le Subûra et le Faubourg ( Exquilies ), il en fut adjoint
un quatrième, celui de la ville de la Colline Quirinale. Mais, tandis que les
trois cités entrées jadis dans le synœcisme romain, avaient, jusqu’à un certain
point, conservé leur individualité politique, il n’en fut pas de même pour la
cité Colline ni pour toutes les autres annexions qui eurent lieu par la suite. Rome
demeura définitivement formée de trois parties ou tribus de dix curies chacune ;
et les Romains du Quirinal, qu’ils fussent ou non divisés eux-mêmes en un plus
ou moins grand nombre de tribus avant leur fusion, furent simplement distribués
dans les trente curies de la cité tripartite. Chacune des tribus, chacune des
curies reçût probablement un nombre déterminé de ces citoyens nouveaux : mais
toute distinction ne s’effaça pas absolument entre eux et les anciens Romains, puisqu’on
voit alors les trois tribus se constituer doubles en quelque sorte, et les
Titiens, les Ramniens et les Lucères se désigner par les
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