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Histoire Romaine

Histoire Romaine

Titel: Histoire Romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Theodor Mommsen
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corvées, et qu’il trouvait toujours prêts enfin à s’enrôler pour la défense
de leur protecteur. – Ainsi donc, à côté des citoyens romains une nouvelle communauté
d’habitants s’était fondée : des clientèles était sortie la plèbe. Le nom
nouveau caractérise la situation. Certes, il n’y a pas de différence en droit
entre le client et le plébéien, le subordonné et l’homme du peuple ; en
fait, il en existe une grande. Le client, c’est l’homme assujetti au patronage
fort lourd d’un des citoyens ; le plébéien est le Romain auquel manquent
les privilèges politiques. A mesure que s’éteint chez lui le sentiment de la
dépendance vis-à-vis d’un particulier, le simple habitant supporte impatiemment
son infériorité civique ; et, sans le pouvoir suprême du roi, qui s’étend
également sur tous, la lutte s’ouvrirait promptement entre l’aristocratie
privilégiée et la foule des déshérités.
    Le premier pas vers la fusion totale des deux classes n’eut
pas lieu cependant par l’effet d’une révolution, quoiqu’il semble qu’une
révolution fût la seule issue. La réforme attribuée au roi Servius Tullius se
perd dans les ténèbres qui enveloppent tous les autres événements d’une époque,
dont le peu que nous en savons ne nous est pas parvenu par la tradition
historique, et ne consiste que dans les inductions de la critique après examen
des institutions postérieures. Cette réforme, on le voit par elle-même, n’a
point été faite à la demande et dans l’intérêt des plébéiens : elle leur impose
des devoirs, sans leur conférer des droits. Elle est due, sans doute, ou à la sagesse
d’un roi, ou aux instances des citoyens, jusque-là chargés tout seuls du
service militaire, et voulant aussi que les simples habitants concourussent
enfin au recrutement des légions. A dater de la réforme Servienne, le service à
l’armée et, par voie de conséquence, l’impôt à payer à l’État en cas de besoins
pressants ( tributum ), ne pèsent plus seulement sur les citoyens. Ils
ont dorénavant la propriété foncière pour base ; tous les habitants
contribuent dès qu’ils habitent un domaine ( adsidui ), ou dès qu’ils
le possèdent ( locupletes ), qu’ils soient ou non citoyens. Les
charges deviennent réelles, de personnelles qu’elles étaient. Entrons davantage
dans les détails. Tout homme domicilié est astreint au service militaire, de
seize à soixante ans, y compris aussi les enfants du père domicilié, sans
distinction de naissance ; d’où l’affranchi lui-même sert, si par
exception il possède une propriété foncière. Quant aux étrangers propriétaires,
on ne sait pas s’il en était de même : probablement pas la loi ne leur
permettait pas d’acquérir un héritage, à moins de se fixer à Rome, et d’entrer
par là dans la classe des domiciliés ; auquel cas, ils auraient dû aussi
le service. Les hommes destinés à l’armée furent partagés en cinq classes ou
appels ( classes , de calare ). Ceux de la première
classe seuls, c’est-à-dire ceux qui possèdent au moins un lot formant plein
domaine, doivent venir au recrutement avec une armure complète : ils sont
appelés miliciens des classes plus spécialement ( classici ). Quant
aux quatre autres ordres des petits propriétaires, de ceux qui ne possèdent que
les trois quarts, la moitié, le quart, ou le huitième de l’ heredium ,
ils sont également tenus à servir, mais leur armure est moins compliquée. A
cette époque, les héritages pleins comprenaient à peu près la moitié des terres ;
à l’autre moitié appartenaient les parcelles ne contenant que tout juste les
trois quarts, la moitié, le quart, ou le huitième et un peu plus du huitième
même de l’ heredium . Aussi fut-il décidé que quatre-vingts
propriétaires de la première classe étant levés comme fantassins, il en serait
levé vingt dans chacune des trois classes suivantes, et vingt-huit dans la
dernière. La considération des droits politiques n’entrait donc pour rien dans
le recrutement de l’infanterie. Pour la cavalerie, on opéra différemment. La
cavalerie civique fut maintenue avec ses cadres antérieurs ; mais il lui
fut adjoint une troupe de cavaliers plus nombreuse du double, et composée en
tout ou en grande partie d’habitants non citoyens. Sans doute de sérieuses
raisons présidèrent à cet arrangement nouveau. Les cadres de l’infanterie n’étaient
formés

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