Histoire Romaine
jamais que pour l’entrée en campagne : puis elle était licenciée au
retour. Mais la cavalerie, les exigences de l’arme le voulaient ainsi, était au
contraire maintenue, hommes et chevaux, sur le pied de guerre, même en temps de
paix : elle était journellement exercée : les revues et les
manoeuvres de la chevalerie romaine ont duré fort longtemps et ont été même des
sortes de fêtes [74] .
Voilà comment il s’est fait que le premier tiers des centuries de chevaliers, dans
une organisation nouvelle qui ne tenait plus compte de la distinction entre
citoyens et non citoyens, a continué cependant d’être exclusivement recruté
parmi les premiers. Cette anomalie n’a rien de politique ; elle tient
uniquement à des considérations militaires. Du reste, on prit pour former la
cavalerie les plus riches et les plus considérables parmi les propriétaires de
l’un et de l’autre ordre : on voit de bonne heure, dès le début peut être,
exiger la possession de propriétés d’une certaine étendue pour l’admission dans
les cadres. Ceux-ci en outre comptaient un nombre notable de places gratuites
pour lesquelles les femmes non mariées, les enfants mineurs, les vieillards
sans enfants ayant des propriétés foncières et ne pouvant servir par eux-mêmes,
étaient tenus de fournir à leur remplaçant les chevaux (chaque homme en avait
deux), et le fourrage. En somme il y avait à l’armée, neuf fantassins pour un
cavalier, et dans le service actif la cavalerie était mélangée davantage. Les
gens non domiciliés, les prolétaires ( proletarii , procréateurs d’enfants)
fournissaient à l’armée les musiciens et les hommes de peuple, et aussi
quelques milices accessoires (les adcensi , aides surnuméraires) qui
marchaient sans armes avec l’armée ( velati ) ; et qui, une
fois en campagne comblaient les vides et se plaçaient dans le rang, en prenant
les armes des malades, des blessés et des morts.
Pour faciliter les levées, la ville et la banlieue furent de
recrutement ; partagées en quatre quartiers ou tribus ; et l’ancienne
division fut abandonnée, tout au moins quant à la désignation des localités. Les
quatre tribus nouvellement circonscrites furent : celle du Palatin, renfermant
le mont Palatin et la Vélie ; celle de la Subura, avec la rue du même nom,
les Caries et le Cœlius ; celle de l’Esquilin ; celle enfin de la
Colline, comprenant le Quirinal et le Viminal ; la Colline, ainsi appelée,
on l’a vu, par opposition à la Rome du Septimontium, du Capitole et du Palatin.
Nous avons décrit plus haut la formation de ces quatre quartiers, et de la
double cité Palatine et Quirinale. Il est inutile d’y revenir. Hors des murs, le
canton rural adjacent est annexé à chacun des quartiers ; Ostie, par
exemple, appartient au Palatin. Ils avaient tous une population mâle à peu près
égale, puisqu’ils contribuaient également au recrutement militaire. Disons
enfin que la division est nouvelle, purement attachée au sol et que, par suite,
elle en entraîne avec elle les possesseurs ; mais qu’étant ainsi purement
extérieure, elle n’a jamais eu de signification religieuse : objectera-t-on
les six chapelles érigées dans chaque quartier à ces énigmatiques Argées ?
Un sens sacré ne sera pas plus attaché à leurs sanctuaires, qu’il ne s’attache
aux rues, cependant toutes pourvues de leur autel des dieux Lares. – De même qu’ils
comptaient chacun le quart de la population mâle, de même les quatre quartiers
avaient à fournir, chacun aussi, sa section de milice : chaque légion, chaque
centurie renfermait en nombre égal le contingent de chacun d’eux ; répartition
dont le but était manifeste : l’État voulait noyer dans une seule et
commune milice tous les antagonismes de localité ou de famille, et, en s’aidant
du puissant niveau de l’esprit militaire, fondre en un seul peuple, les
citoyens et les simples habitants.
Les hommes capables de porter les armes furent distribués dans
deux catégories de recrutement. A la première appartenaient les plus jeunes ( juniores ),
ceux âgés de plus de quinze ans jusqu’à leur vingt-quatrième année révolue ;
ils étaient de préférence employés au service au dehors. A la seconde, chargée
de la défense de la ville, appartenaient les plus âgés ( seniores ).
Dans l’infanterie, la légion demeure l’unité militaire. Elle n’était rien moins
qu’une vraie et complète phalange
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