Histoire Romaine
Antemnœ , Crustumerium , Ficulnéa , Medullia , Cœnina , Corniculum , Camérie , Collatie . Elles ont tout d’abord payé de leur indépendance ce voisinage
incommode pour les Romains. Une seule, dans cette région, semble avoir gardé
quelque temps sa liberté : c’est Nomentum , grâce peut-être à un
traité spécial d’alliance. La possession de Fidènes, tête de pont sur la rive
gauche du fleuve, fut disputée dans de longues guerres entre les Latins et les
Étrusques, ou si l’on veut, entre les Romains et les Véiens. Les succès furent
souvent changeants. Le combat fut également long et indécis avec Gabies, dont
le territoire allait de l’Arno au mont Albain. Plusieurs siècles après, vêtement
de Gabies ( cinctu Gabino ) [79] voulait dire encore vêtement de guerre : et territoire de Gabies était
synonyme de territoire ennemi [80] .
Ces agrandissements portèrent le pays romain à quelque chose comme huit lieues
carrées environ. Mais il est une ville dont la chute et la conquête ont laissé,
dans la légende tout au moins, un retentissement plus vivace que ces quelques exploits
oubliés. Vers ces temps aussi, Albe, l’antique métropole du Latium, succomba
sous les coups de Rome, et fut totalement détruite. Comment s’entama la lutte :
comment elle se décida, nous l’ignorons. Le combat des trois jumeaux romains
contre les trois jumeaux albains ne nous semble que la personnification naïve d’une
guerre à outrance entre deux cités également puissantes et apparentées ; et
dont l’une, Rome, était la ville aux trois tribus que nous connaissons. Au fond
tout ce que nous savons de la chute d’Albe, c’est le fait pur et simple de
cette chute [81] .
– A cette époque, et pendant que Rome ajoutait à son territoire les campagnes
de l’Anio et du mont Albain, d’autres villes latines s’arrondissaient de même, et
fondaient des États d’une certaine importance. -Les conjectures sont ici tout à
fait vraisemblables ; nous citerons particulièrement Tibur et Prœneste. Celle-ci
domina plus tard sur huit localités qui l’avoisinaient.
Nous regrettons moins de ne pas savoir l’histoire des guerres,
que le caractère et les conséquences juridiques des premières conquêtes faites
par Rome dans le pays latin. Très certainement, elle a poursuivi le système d’incorporations,
d’où déjà était sortie la fusion de la triple cité. Mais actuellement, les
peuplades contraintes par la voie des armes à entrer dans l’État romain, à
titre de quartiers ou cantons romains, ne gardent plus une sorte d’indépendance
relative, comme l’avaient fait les trois premières tribus ; elles sont
totalement absorbées, et nulle trace n’est restée d’elles. Partout où s’étendait
la puissance d’une cité latine, elle n’admettait jamais, dans ces temps reculés,
l’existence d’un autre centre que le chef-lieu. Encore moins formait-elle au
dehors des établissements indépendants et pareils à ceux des Phéniciens ou des
Grecs ; lesquels envoyaient dans leurs colonies des émigrants, aujourd’hui
leurs clients, demain leurs rivaux. Voyez, par exemple, comment Rome en agit
avec Ostie. Il ne fut jamais question. d’empêcher (on ne l’aurait pu en effet) la
création d’une ville en ce lieu. Mais Rome se garda bien de lui accorder l’indépendance
politique : les colons qui s’y établirent n’eurent pas de droits civiques
locaux : ils conservèrent seulement avec ses privilèges ordinaires le
titre de citoyens romains, qu’ils avaient eu déjà avant d’émigrer [82] . Le même principe
servit à fixer le sort des cantons plus faibles soumis au plus fort en vertu de
la loi de la guerre, ou d’une reddition volontaire. Leurs forteresses furent
détruites ; leur territoire fut ajouté au territoire du vainqueur et les
habitants s’en allèrent avec leurs dieux chercher une nouvelle patrie dans sa
ville capitale. Loin de nous pourtant de dire qu’il y ait eu toujours une
transportation en masse comme cela se pratiquait en Orient lors de la fondation
des villes. Nous faisons nos justes réserves, au contraire. Mais qu’était ce
alors que les villes latines ? De simples réduits fortifiés, servant au
marché hebdomadaire des gens des campagnes. Rome n’eut qu’à transférer ce
marché et l’assemblée dans un autre chef-lieu. Les temples furent souvent
conservés dans leur antique place. Après leur destruction même, Albe et Cœnina
eurent encore une
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