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Histoire Romaine

Histoire Romaine

Titel: Histoire Romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Theodor Mommsen
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la galère à rames des Phéniciens et des Grecs. Alors aussi grandirent et
se développèrent les places de commerce les plus importantes : Cœré dans
le sud de l’Étrurie, et Rome sur le Tibre, que les Grecs n’avaient point
fondées ; et dont l’origine purement italique est attestée par leur nom d’abord,
puis par leur éloignement de la côte ; semblables en tout cela aux deux
cités des bouches du Pô, Spina et Hatria, et à celle plus méridionale d’Ariminum
[Rimini]. L’histoire, on le comprend, n’est point en mesure de raconter ce
mouvement de la réaction italique contre l’invasion grecque : elle le
constate seulement, et fait voir, en outre, ce qui est d’un haut intérêt pour l’avenir
de la civilisation italienne, que cette réaction nationale dans l’Étrurie du
sud et dans le Latium a suivi une route tout autre que dans l’Étrurie propre et
dans les pays circonvoisins. C’est la légende qui, la première, oppose les
Latins aux Tyrrhéniens farouches , et les atterrages faciles des bouches
du Tibre aux plages inhospitalières du pays des Volsques. Il n’en faudrait pas
conclure, pourtant, que les établissements grecs auraient été tolérés dans
certaines contrées de l’Italie moyenne, et repoussés dans d’autres. Au nord du
Vésuve, il ne s’est jamais fondé de cité grecque indépendante, à dater de l’époque
historique ; et, si telle a été l’origine de Pyrgi, cette ville était du
moins retombée dans les mains des Italiques, c’est-à-dire des Cœrites, avant
même que le livre des Traditions commence à s’ouvrir. Mais, sur les côtes de l’Étrurie
du sud, du Latium, et sur la côte occidentale, il y avait paix et commerce avec
les négociants étrangers. Ce qui n’existait pas ailleurs. L’attitude de Cœré
est avant tout remarquable. Strabon dit des habitants de ces contrées que
les Grecs les estimaient fort, à cause de leur bravoure et de leur justice ;
et parce que, si puissants qu’ils fussent, ils s’abstenaient du pillage .
Non que par ce dernier mot il entende la piraterie : le négociant cœrite
la pratiquait à l’égal de tous les marins ; seulement Cœré était devenue
une sorte de port franc pour les Phéniciens et les Grecs. Déjà nous avons mentionné
l’échelle phénicienne de Punicum, et les deux stations grecques de Pyrgi et d’Alsion :
c’étaient là les ports que les Cœrites s’abstenaient de piller. Grâce à ces
stations Cœré, qui n’avait qu’une mauvaise rade, et ne possédait pas de mines
dans les environs, atteignit de bonne heure un haut degré de prospérité, et
devint pour le commerce grec un marché beaucoup plus considérable que les ports
italiques des bouches du Tibre et du Pô, placés pourtant dans des conditions
naturelles infiniment plus favorables. C’est par toutes ces villes aussi que s’établirent
les communications religieuses entre la Grèce et l’Italie moyenne. Le premier
barbare qui ait offert ses dons au Jupiter Olympien, fut le roi toscan Arimnos,
le maître d’Ariminum [ Rimini ]. Sans doute, Spina et Cœré, comme toutes
les cités ayant avec la divinité du lieu des rapports réguliers, possédaient
leurs trésors particuliers dans le temple d’Apollon Delphien ; les
traditions de Cœré et de Rome, les légendes des sanctuaires de Delphes et de l’oracle
de Cumes, entremêlent fréquemment leurs fables. Ces villes, enfin, dont les
Italiques étaient les paisibles maîtres, et où ils vivaient sur un pied amical
avec les commerçants étrangers, dépassèrent toutes les autres en richesses et
en puissance, et, comme elles étaient le marché de tous les produits industriels
de la Grèce, elles furent aussi le lieu où la civilisation grecque déposa et
fit éclore ses germes les plus féconds.
    Il n’en fut point ainsi chez les farouches Tyrrhéniens .
Les mêmes causes qui, dans les pays latins et dans les régions de la rive droite
du Tibre, assujetties à la suprématie étrusque plutôt qu’elles n’étaient
Étruriennes, et enfin dans les cantons du Pô inférieur, avaient amené l’émancipation
des indigènes à l’encontre des puissances maritimes étrangères introduisirent
et développèrent aussi dans l’Étrurie propre une marine et une piraterie
locales, lesquelles s’accrurent dans de grandes proportions, soit par l’effet
de circonstances particulières, soit à raison du génie et du caractère de ces
peuples enclins à la violence et au

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