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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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inconvénient mais je suis
sûr que nous y survivrons.
    J’allumais un bon feu à l’abri d’un rocher et
m’assis, suivi de mes compagnons, sur les capes que nous avions disposées par
terre. Je sortis des besaces la viande que nous transportions depuis Burgos et,
à l’aide de deux bâtons et d’un tisonnier, fis cuire des morceaux de veau
préparés selon la loi mosaïque dont nous avait fait cadeau don Samuel pour le
voyage. Le dîner se déroula en silence. Sara et Jonas avaient repris leurs
ruminations ; quant à moi, j’étais occupé à planifier la façon dont
j’allais pénétrer cette nuit dans le monastère.
    J’étais très ennuyé des affinités de Sara avec
les Templiers. J’aurais aimé lui dévoiler le motif réel de notre pèlerinage
afin que Jonas et moi puissions agir en toute liberté sans nous dissimuler
derrière des mensonges. Mais mettre Sara au courant de ma mission, c’était
aussi la mettre en danger. D’un côté comme de l’autre, j’étais gêné. Le mutisme
boudeur de Jonas ne m’aidait pas beaucoup alors que je devais prendre cette
décision importante, mais il finirait bien par reprendre son attitude
habituelle. D’ailleurs, malgré tout son chagrin, c’était bien la première fois
qu’il ne me menaçait pas de retourner au couvent de Ponç de Riba. Bon gré mal
gré, cela prouvait en tout cas que, pour le moment, il désirait demeurer à mes
côtés.
    — Jonas ! dis-je.
    Silence.
    — Jonas, répétai-je en m’armant de patience
sans dissimuler pour autant mon courroux grandissant.
    — Que voulez-vous ? marmonna-t-il à
contrecoeur.
    — J’aimerais que tu m’aides à prendre une
décision. Sara a deviné depuis longtemps que notre voyage obéit à un motif qui
n’a rien à voir avec le pèlerinage, et après ce qui s’est passé à Ortega, elle
ne peut plus avoir aucun doute. Mais je crains d’une part son amitié avec les
Templiers — Sara tourna rapidement la tête vers moi, avec un sursaut, et me
regarda fixement –, et d’autre part le comte Geoffroy. Tu me comprends,
n’est-ce pas ?
    Il répondit par un hochement de tête et parut
méditer longuement mes paroles.
    — Je pense que nous devons lui faire
confiance, déclara-t-il. Je suis sûr que le comte est déjà persuadé qu’elle est
au courant de tout et ne fera pas dans le détail.
    Le feu crépitait à nos pieds, et au-dessus de
nos têtes la voûte étoilée resplendissait.
    — Bien. Sara, Jonas a pris sa décision avec
prudence et je suis d’accord avec lui. Je vous demande donc de m’écouter avec
attention.
    Je mis plus d’une heure à lui révéler les
aspects les plus importants de la mission que m’avait confiée le pape. Jonas de
son côté enjoliva mon récit de détails pittoresques avec un enthousiasme
croissant, comme si le fait de se rafraîchir la mémoire lui permettait de
recouvrer une attitude normale. Il me regardait même de temps à autre,
cherchant mon approbation. Sara, de son côté, écoutait d’un air passionné.
L’esprit curieux de cette femme trouvait enfin de quoi se nourrir.
    — Vous aviez raison d’être inquiet,
dit-elle quand j’eus fini de lui relater les faits. Moi aussi, j’aurais hésité
avant de raconter tout cela à une personne qui doit tant aux Templiers, comme
c’est mon cas. Que cela soit bien clair : je ne les trahirai jamais, mais
je comprends parfaitement que vous soyez obligé de remplir votre mission. Je
sais que vous ne faites qu’accomplir les ordres qui vous ont été donnés par vos
supérieurs et que vous ne pouviez refuser. D’ailleurs, la traque du comte
Geoffroy en est la preuve. Je vous promets de garder le secret sur ce que vous
m’avez confié. Je vous aiderai comme je le pourrai, sauf si vous me demandez
d’agir contre ma conscience et le respect que j’éprouve, non pour des Templiers
comme Manrique de Mendoza à qui pourtant je dois la vie même si c’est une
canaille, mais pour des hommes dignes et honorables comme Evrard.
    — Jamais je ne vous mettrai sciemment dans
l’embarras, Sara, affirmai-je. Vous seule déciderez de vos actions.
    — Nous ne voudrions pas vous offenser,
Sara, ajouta Jonas, remuant les braises avec le bout de sa sandale.
    — Je le sais, je le sais, murmura-t-elle
d’un ton satisfait.
    Ses yeux, illuminés à cet instant par son
sourire et le feu, ressemblaient à des pierres précieuses mille fois plus
belles que celles trouvées à Ortega. J’oubliai aussitôt ce

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