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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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fût mémorable. Sur le Titanic , on appelait cet endroit « le Ritz », par allusion au palace parisien. On y attendait John Jacob et Madeleine Astor, de retour de leur voyage de noces en Europe, sir Cosmo et Lucile Duff Gordon, accompagnés de leur secrétaire Laura Francatelli. On y croisera le couple Douglas, Léontine Aubart et Benjamin Guggenheim, ainsi que les Widener et leur fils Harry, qui avaient convié la famille Thayer à partager avec eux les plaisirs de la table. Joseph Bruce Ismay et Thomas Andrews étaient naturellement présents auprès de leurs hôtes, qu’ils choyaient de tout le « chic continental » déployé par la White Star Line.
    La carte offrait ce soir-là ce que l’on pouvait faire de mieux et de plus festif. Œufs de caille et caviar ouvraient le repas, suivis de homards et de tournedos aux morilles. Après un entremets au punch rosé suivaient des cailles aux cerises et des asperges sauce hollandaise. Une macédoine de fruits précédait les cafés et les mignardises. « C’était le
summum du luxe, racontera plus tard Mahala Douglas à sa nièce. Les tables étaient joyeusement décorées de roses et de marguerites, les femmes avaient revêtu de ravissantes robes de satin et de soie, les hommes étaient impeccables et tirés à quatre épingles, les violons de l’orchestre interprétaient Puccini et Tchaïkovski 141 . »
    La plupart des hommes iraient ensuite fumer le cigare dans les salons voisins, tandis que leurs épouses s’attarderaient devant une tasse de thé. Les passagers qui avaient choisi de dîner au restaurant traditionnel ne furent pas déçus non plus, ni les voyageurs des deuxième et des troisième classe, qui se régalèrent de ce qu’on leur servît.
    À 21 heures, le commandant Smith, qui avait honoré le restaurant français de sa présence, s’excusa auprès de ses invités. De retour sur la passerelle, il fi t relever la température de l’air : 0 °C. De quoi s’inquiéter pour l’eau potable des réservoirs.
    Il était 21 h 40 lorsqu’un nouveau message télégraphique, marqué SG 142 , parvint aux oreilles du radio Jack Phillips. Ces initiales signifiaient qu’il avait affaire à un avis prioritaire de navigation et qu’il devait impérativement cesser toute émission privée. C’était un nouveau rapport de glaces envoyé par le Mesaba , dont la route était obstruée par d’épais growlers flottant entre deux eaux.
    L’avis de danger transmis au Titanic par le navire de l’Atlantic Transport Line situait maintenant précisément l’obstacle entre 42° et 41° 25’ de latitude nord. Par ailleurs, il s’étendait sur un degré et demi, de 49° à 50° 30’ de longitude ouest. Le Mesaba précisait que de grands icebergs dérivaient aux abords et qu’il attendait un accusé de réception. Or Jack Phillips se contenta de lui répondre sèchement, entre deux messages privés pour le Cape Race, qu’il avait capté son télégramme. Bien que l’opérateur du Titanic eût reçu les coordonnées très exactes de la situation,
l’information n’arriva jamais à la passerelle. Pas plus que n’était parvenu jusqu’au commandant cet autre télégramme, capté entre le Californian à l’ Antillan , qui situait la barrière de glace à 19 milles seulement au nord de la route suivie par le Titanic .
    Contre toute raison, le plus grand navire ayant jamais franchi l’Atlantique allait s’enfermer dans le piège que lui tendait le destin. Sans que personne tentât d’en déjouer les intentions. Par une nuit constellée d’étoiles, sous le ciel pur d’un conte de fées.
    Le rendez-vous tragique
    Les recommandations faites aux commandants des navires qui transitaient par l’Atlantique Nord durant la saison des glaces dérivantes étaient pourtant sans équivoque : ils devaient impérativement se conformer aux exigences que leur imposait la situation, leur responsabilité étant entièrement engagée en cas de négligence. Mais la notion de danger relevait de leur seule interprétation.
    Le lieutenant Joseph Boxhall avait reporté sur la carte les positions successives de la barrière de glace. Son étendue le stupéfia. Les avis de prudence lancés par les différents navires n’avaient pas tort de parler d’une étendue d’au moins 100 kilomètres, hérissée d’une vingtaine d’icebergs dont certains atteignaient plus de vingt-cinq mètres de hauteur émergée 143 . Pour la première fois, les risques de collision étaient bien

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